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USA-La «grande démission»: Pourquoi les Américains quittent leur emploi

Les Américains ont-ils encore envie de travailler ? La question passionne les journaux et divisent les experts du marché du travail depuis qu’une hausse phénoménale des démissions a été enregistrée durant la pandémie. On parle dorénavant de « la grande démission ».

L’expression apparaît au printemps dernier dans les médias. Son auteur, le psychologue Anthony Klotz, spécialiste du monde du travail, explique que le Covid pousse les salariés à revoir leur priorité et qu’ils décident plus fréquemment de renoncer à leur emploi pour se recentrer sur ce qui leur est cher, bien souvent leur famille, dont ils doivent s’occuper à cause de la pandémie.

Les chiffres le confirment : depuis les premiers confinements, 48 millions d’Américains ont démissionné. Une énorme majorité l’a fait tout simplement pour prendre un autre travail. Mieux rémunéré, dans des conditions plus agréables. C’est la lecture optimiste faite par le président Joe Biden, il trouve cette grande démission plutôt réjouissante.

Cette vision est-elle partagée par les premiers concernés ?

Les plus loquaces s’expriment sur les réseaux sociaux. Notamment sur TikTok où le hashtag #Iquitmyjob (« J’ai quitté mon boulot ») connaît un succès foudroyant. Avec des dizaines de millions de vues pour des posts annonçant fièrement une démission sur le mode du bras d’honneur. Sur le réseau Reddit, un autre mot d’ordre fait fureur : l’anti-work, ou l’anti-travail. Les membres de ce forum assument : ils ne veulent plus travailler, ils ne veulent plus de ces bullshit job, et ils revendiquent le droit à la paresse, ils se désignent comme des fainéants.

Plus confidentiel que le hashtag #Iquitmyjob, ce mouvement anti-travail s’est amplifié pendant le Covid-19 et commence à être pris en compte par les prévisionnistes. Chez Goldman Sachs, cette tendance est perçue comme une menace de long terme sur le marché de l’emploi et donc sur l’économie américaine.

Selon un économiste de l’American Enterprise Institute, cette « grande démission » a commencé bien avant le Covid-19

Le taux de participation au marché du travail a culminé en 2000 à 67%, remarque Nicholas Eberstadt et, depuis, il n’a cessé de reculer. S’il était aujourd’hui au niveau d’il y a 20 ans, tous les emplois seraient pourvus. Les départs en retraite des babyboomers ne suffisent pas à expliquer cette érosion.

Pour ce néoconservateur, ce mouvement est favorisé par les revenus de substitution. Il l’a expliqué dans un livre publié en 2016, intitulé Les hommes sans emploi. Ce phénomène, d’abord masculin, se féminise malgré le fait que les femmes ont de moins en moins d’enfants. Toutes ces explications, qu’elles soient optimistes ou alarmistes, partent d’un postulat commun : la « grande démission » serait volontaire.

Les salariés, pour des raisons diverses, auraient repris le pouvoir sur les employeurs

L’analyse des départs massifs observés en 2021 raconte une histoire moins rose. D’abord, c’est surtout à cause du Covid-19 que les Américains ont délaissé leur travail. Par peur du coronavirus ou à cause de l’obligation vaccinale. Et aussi à cause des fermetures aléatoires des écoles : les mères ont fait massivement défection.

À l’automne 2021, elles étaient 1,4 million en moins sur le marché de l’emploi par rapport à 2019. Par ailleurs, les démissions concernent d’abord et essentiellement les emplois les moins bien rémunérés. Dans l’hôtellerie ou les services à la personne. Dans ces activités, la hausse des salaires se fait désirer.

Si les salariés quittent ces jobs, c’est d’abord parce qu’ils sont mal rémunérés et qu’ils ne leur permettent pas de vivre décemment. La majorité optent alors pour un emploi mieux payé, mais comme le rattrapage salarial n’est pas aussi rapide que l’inflation, ils demeurent des travailleurs dans une grande précarité.

► EN BREF

Le FMI approuve une aide de 455 millions de dollars en faveur du Congo-Brazzaville. Avec un premier décaissement immédiat de 90 millions de dollars. Cette annonce confirme le retour du Fonds monétaire international à Brazzaville. Depuis 2019, son soutien était suspendu à cause du différend sur la dette, le FMI jugeait que la dette congolaise était insoutenable et qu’elle devait être renégociée. Avec l’effacement consenti par le G20, sa trajectoire paraît plus réaliste. Elle représente 94% du PIB.

(RFI)

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