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Ucad – Jean-Pierre Senghor, Secrétaire exécutif du Conseil national de la sécurité alimentaire : «Le blé n’est pas une fatalité»

Les résultats du projet Kewolor ont été présentés ce mardi 7 juin, à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). L’exposition, intitulée «Agriculture pour la nutrition», s’est tenue en présence des représentants de l’université, de l’Usaid, qui ont collaboré dans le cadre dudit projet.

 Dix-heures : et c’est déjà le défilé sur le boulevard en face de la bibliothèque de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). Seulement, les va-et-vient, pour cette journée, ne sont pas que l’œuvre des étudiants. Des stands dressés accueillent des producteurs venus de localités dites «Zones feed the future». Devant des représentants de l’Usaid, de l’université et quelques curieux, ils présentent leurs produits dans le cadre de l’exposition «Agriculture pour la nutrition».
L’organisation des stands reprend l’articulation du projet Kawolor. En quatre maillons : de la production à la consommation, en passant par la transformation et la distribution. Depuis 2018, Omar Keïta bénéficie du projet précédemment cité. Et il y trouve son compte, à travers les appuis technique et financier. «Avant, nos productions se limitaient à une seule zone. Mais, avec la mise en relation dont on a bénéficié avec Kawolor, ce problème est réglé. Il nous était, par exemple, difficile d’écouler certaines grandes quantités de mil ou de maïs dans la zone centre. Mais, la mise en relation qu’effectue le projet nous permet de savoir que dans des zones telles que celles de Tambacounda, il y a un déficit. Ainsi, il nous aide dans le transport des produits et nous trouve même des coordonnées pour faciliter la vente.» A cet avantage vient s’ajouter celui qui consiste à accompagner les agriculteurs dans la lancée d’une production exclusivement tournée vers le bio. Keïta expose des légumes frais et discute avec les visiteurs qui s’arrêtent devant son stand. Avec lui, les autres exposants constituent la preuve de la réussite du projet. Ce qui fait dire à Nicole Dossou, directrice du Laboratoire de recherche en nutrition et alimentation humaine (Larnah), qu’il est bien possible de «trouver des solutions africaines et locales aux problèmes de la nutrition». Allant dans le même sens que Pr Dossou, Jean-Pierre Senghor rappelle que «le blé n’est pas une fatalité» et qu’«il faut qu’on arrive à travailler sur des céréales africaines, de chez nous». Le Secrétaire exécutif du Conseil national de la sécurité alimentaire (Cnsa) revient ainsi sur la question de la souveraineté alimentaire. Retour sera aussi fait sur l’avènement de la pandémie du Covid-19 et le contexte international actuel, pour souligner l’urgence de produire en interne ce qui se consomme dans le pays. A l’en croire, «c’est le seul salut» car «nous n’avons plus le choix».

«Le blé n’est pas une fatalité»
Le Recteur de l’université se dit, quant à lui, satisfait que l’institution qu’il dirige accueille l’exposition de ce mardi 7 juin 2022. Une preuve, à l’entendre, que la science peut bel et bien être mise à contribution pour régler les problèmes de la société. Et en l’occurrence celui de l’insécurité alimentaire. Pour Pr Ahmadou Aly Mbaye, «on peut agresser l’insécurité alimentaire en utilisant les moyens physiques comme la terre, les fertilisants. Mais, on peut aussi lutter contre l’insécurité alimentaire en améliorant la qualité des aliments». Et dans ce cas, «il s’agit de fortifier les aliments pour en augmenter la quantité et la qualité du nutriment».
L’ultime solution reste locale. Et elle s’assume. L’Usaid, à travers son représentant, Peter Trenchard, appuie dans ce sens. «Nous pensons que le secteur agricole est un moteur de développement pour le Sénégal. Et la nutrition ne se limite pas seulement aux maisons, c’est aussi quelque chose dont on peut profiter», note M. Trenchard. Entendre, financièrement. Ainsi justifie-t-il le fait que l’accent, dans le cadre du projet Kawolor, soit mis sur les femmes et les enfants. «Ce projet a beaucoup d’impact. Il a touché un million et demi d’individus. Il leur a aussi apporté un chiffre d’affaires de 40 000 dollars. Ce qui veut dire que nous sommes en train de donner aux femmes les moyens pour qu’elles profitent des produits agricoles, tout en augmentant les aliments nutritifs dans les zones rurales», dit-il. Selon M. Trenchard, les ménages qui ont eu à profiter du projet Kawolor sont considérés comme faisant partie du secteur privé de l’agriculture. Ils peuvent alors se réclamer du droit d’accès au marché, aux financements.

LEQUOTIDIEN

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