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Transformation de grumes : L’Afrique centrale revoit ses engagements

L’Afrique centrale avait prévu d’interdire les exportations de bois brut le 1er janvier prochain. Mais le délai a été finalement repoussé d’un an car la filière n’est pas prête et les finances des pays concernés ne sont pas au beau fixe.

Le commerce de bois brut d’Afrique centrale peut donc continuer encore une année de plus. Les États de la Cemac ont dû se rendre cet été à l’évidence : la date annoncée du 1er janvier n’était ni tenable ni raisonnable. Et ce report n’est peut-être même  pas le dernier.

Première raison, la filière transformation est loin de pouvoir répondre aux besoins. Il y a encore beaucoup à faire pour industrialiser le secteur en Guinée-Équatoriale, et en Centrafrique, mais aussi dans une moindre mesure au Cameroun et au Congo-Brazzaville. Le Gabon est seul à faire exception : Libreville a dix ans d’avance dans le domaine et réussi à ne plus exporter de grumes.

La filière a besoin d’être accompagnée

Pour transformer de l’ayous, de l’azobé ou encore du sapelli, il ne suffit en effet pas d’acheter des machines, rappelle le directeur de l’ATIBT (l’Association technique internationale des bois tropicaux) Benoît Jobbé-Duval ; il faut aussi former des milliers de techniciens qualifiés et accompagner les entreprises. Exporter des produits transformés demande beaucoup plus de trésorerie qu’exporter des grumes.

L’autre réalité est financière : le bois brut vendu sur le marché international est une vraie manne pour les États. Les taxes sur l’exportation des grumes sont beaucoup plus élevées que celles sur les superficies de forêt, celles sur l’abattage ou celles sur le bois transformé qui doit rester compétitif, explique Alain Karsenty économiste au Cirad. Et dans une situation budgétaire difficile après une année et demie de pandémie, les pays ne sont pas prêts à voir chuter leurs recettes fiscales forestières.

Une solution intermédiaire n’est pas exclue

Face à une équation qui semble donc difficile à résoudre, des voix plaident pour un compromis, à savoir le maintien d’un quota annuel de grumes à exporter par exemple. Cela garantirait un minimum de taxes à l’État tout en rassurant la filière locale sur la disponibilité de bois à transformer.

L’important est que la transition soit progressive, prévient un expert, pour éviter de provoquer un engorgement dans les pays producteurs, et par ricochet une pénurie sur un marché mondial déjà très tendu.

(RFI)

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