Invité du Jury du dimanche (JDD), ce 13 juin, Aziz Salmone FALL, politologue panafricaniste et enseignant au Canada, n’a rien contre les tournées économiques du chef de l’État, Macky Sall. Après le Centre et l’Est du pays, ce dernier visite le Nord du 12 au 19 juin.
“C’est tout à fait normal qu’un chef de l’État jauge ses acquis, ce qu’il a pu réaliser et qu’il puisse estimer évidemment ses réalisations. Il est en plein mandat, c’est donc tout à fait normal que ces tournées économiques aient lieu. D’ailleurs, elles devraient être un peu plus nombreuses à mon sens, sillonner davantage le pays et essayer d’impulser cette énergie dont il se réclame”, explique-t-il.
Il s’empresse, toutefois, d’ajouter que ce serait “une erreur désastreuse” pour Macky Sall de penser déjà au prochain mandat que certains lui prêtent : “Je crois qu’il a été très bien élu. Il a une vaste coalition. Il faut le laisser finir son mandat. Il y a une conjoncture et beaucoup de conciliabules, beaucoup de gens vont peut-être le pousser à aller vers cette extrémité. Ce serait vraiment désastreux pour le Sénégal.”
« LES POPULATIONS ONT ENCORE DE FORTES ATTENTES »
A l’en croire, les réponses aux préoccupations des populations devraient prévaloir. D’autant plus que, selon lui, on en est encore loin. Les populations ont encore de fortes attentes.
“Il y a une extraversion du Sénégal vers Dakar, regrette-t-il, dans ce sillage. Nos régions restent enclavées et le développement y est insuffisant. Donc, je trouve que si elles (tournées économiques) étaient impulsées avec des dynamiques de changements avec des politiques régionales, elles pourraient avoir une certaine valeur. Je ne crois pas que cela soit encore le cas. Il y a effectivement quelques projets par ci par là, (mais) il n’y a vraiment pas une impulsion politique générale d’ensemble. Pour désenclaver nos régions, il faudrait déplacer la capitale, faire un certain nombre de réformes en profondeur, en faveur des masses laborieuses, en faveur de la redistribution des terres. Et cette question est fondamentale, l’accaparement des terres, le fait que les capitaux vont dans le foncier, etc. Je reviens du Nord, j’y ai vu des serres qui cultivent pour l’Europe. On pourrait avoir un agrément avec la Mauritanie pour véritablement irriguer cette zone. Il y a une déperdition incroyable des milliards de mètres cube dans l’océan. Voilà comment on développe le Sénégal. Je crois qu’étant donné qu’il est à pied d’œuvre que ces tournées économiques devraient en tout cas, lui permettre de redresser la boussole pour qu’il finisse son mandat en faveur de ce qu’il a essayé d’impulser, ce qu’il appelle l’émergence”.
(EMEDIA)