Depuis plus d’un mois, des centaines de manifestants issus de la tribu des Beja bloquent les routes et les terminaux d’import-export de Port-Soudan. Les protestataires demandent la démission du gouvernement et la renégociation des accords de paix de Juba. Le blocage touche des secteurs vitaux de l’économie soudanaise : le pétrole, le bétail, l’agriculture. Des centaines de conteneurs s’entassent. Les pertes sont massives, estimées à plus de 65 millions de dollars par jour.
Le souk de Port-Soudan n’est plus que l’ombre de lui-même. Avec la fermeture des installations portuaires, ce sont des dizaines de milliers de personnes qui se retrouvent sans travail.
Mohammed Idriss est logisticien dans le terminal sud : « Tous les gens qui travaillent au jour le jour dans le port sont au chômage technique. Ils sont environ 200 000. Entre 70 et 80% des habitants de Port-Soudan vivent de son activité. Maintenant, moi je suis à la maison, sans travail. Il y a peu j’ai emprunté de l’argent à un proche pour nourrir mes enfants. Nous en sommes arrivés là. Nous sommes tous dans l’impasse à cause de ce blocage. »
Un impact à long terme
En tout, 71 cargos à destination de Port-Soudan sont immobilisés dans la mer Rouge et plus de 10 000 conteneurs attendent d’être déchargés.
Le blocage en cours pourrait bien avoir des conséquences à long terme, estime Haitham Yassin un travailleur journalier. « Ce qui se passe est inquiétant pour l’avenir. La société de transport Mersik a déjà renvoyé ses cargos à Jeddah en Arabie saoudite. Une autre société a annoncé qu’elle ne desservirait plus le Soudan. Un commerçant m’a appris que le prix du fret pour un conteneur en provenance de la Chine a doublé, atteignant 13 000 dollars. Cela fait un mois maintenant et le gouvernement n’a pas trouvé de solution. On ne comprend pas ».
Pour de nombreux militants, la paralysie de Port-Soudan servirait les intérêts des militaires au pouvoir dans les instances de transition qui tentent d’accentuer la pression sur le gouvernement civil, un mois après une tentative de coup d’État déjouée.
(RFI)