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Sonatel avance ses pions en Afrique de l’Ouest

Actuellement considéré comme l’un des fleurons du marché télécom d’Afrique de l’Ouest, la Société nationale des télécommunications du Sénégal (Sonatel) est à nouveau en mode conquête. Présente dans quatre marchés de la sous-région depuis 2016, la filiale de la multinationale française Orange se renforce non seulement dans la connectivité à haut débit mais expérimente également de nouveaux modes d’exploitation de licence télécoms. Des investissements qui visent à réaliser l’ambition d’Orange à devenir l’opérateur numérique multi-service de référence sur le continent.

Dans son rapport financier 2020, la Sonatel a présenté un chiffre d’affaires de 1206,1 milliard FCFA, en croissance de 2,3% par rapport à 2019, porté par le renforcement des usages dans les segments de la data mobile, d’Orange Money et de l’internet fixe. Cette croissance, elle l’a attribuée à ses filiales de Guinée, du Mali et de Sierra Leone qui ont compensé la baisse au Sénégal et en Guinée Bissau.

Cette croissance, elle l’a attribuée à ses filiales de Guinée, du Mali et de Sierra Leone qui ont compensé la baisse au Sénégal et en Guinée Bissau.

Depuis 2002, les activités internationales de Sonatel contribuent grandement à la croissance financière du groupe. Conquérir de nouveaux territoires d’Afrique de l’Ouest est un désir qui n’a d’ailleurs jamais quitté la compagnie au regard des opportunités que présentent encore plusieurs marchés de la sous-région où l’accès à des services télécoms de qualité et innovants fait encore défaut.

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Sonatel hors-Sénégal.

Sonatel qui s’est fixé comme ambition d’être un acteur de la transformation numérique de la sous-région, dessine à cet effet une nouvelle phase d’expansion depuis 2019.

Elle est toutefois différente des précédentes. « Si vous regardez l’environnement des télécommunications en Afrique, cela nous oblige à explorer toutes les opportunités. Les possibilités de nouvelles licences sont restreintes sur notre terrain de jeu qu’est l’Afrique de l’Ouest », révélait Sékou Dramé, le directeur général de Sonatel dans un entretien publié le 31 mai par le site sénégalais d’informations lesoleil.sn. À défaut d’acquérir de nouveaux titres d’exploitation, l’opérateur historique du Sénégal fait en quelque sorte du hors- piste.

Nouveaux marchés

Le marché télécom gambien a été la première cible de la nouvelle phase d’expansion couvée par Sonatel. Le 29 avril 2019, le groupe a annoncé la conclusion d’un accord qui devrait bientôt lui donner accès au marché gambien. La société s’est lancée dans l’acquisition de 91,6% du fournisseur d’accès à Internet  Xoom Wireless, en partenariat avec la société d’investissement Teranga Capital qui prendra une participation minoritaire dans le capital de la société. Les accords obtenus sont pour le moment soumis à l’approbation des autorités gambiennes.

Cependant il est peu probable qu’elles le rejettent au regard des enjeux pour le pays. Sonatel est un acteur de référence avec des investissements conséquents. Il ne faut pas oublier son facteur d’innovation non-négligeable. Pour la Gambie qui affichait un taux de pénétration Internet de 23,7% en janvier 2021 selon le Digital Report 2021 de Hootsuite et de We are social, sur une population de 2,45 millions d’habitants, Sonatel s’apparente à une bouée de sauvetage en pleine mer.

Pour la Gambie qui affichait un taux de pénétration Internet de 23,7% en janvier 2021 selon le Digital Report 2021 de Hootsuite et de We are social, sur une population de 2,45 millions d’habitants, Sonatel s’apparente à une bouée de sauvetage en pleine mer.

Le 3 avril 2021, Sonatel s’est renforcé sur le marché télécoms guinée, malien, sénégalais et a fait une incursion sur celui de Mauritanie. La société a signé un contrat de gestion du câble de garde à fibres optiques (CGFO) de la Société de gestion de l’énergie de Manantali (SOGEM), dans le cadre de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS). Ce sont des capacités data supplémentaires, dans un contexte marqué par une explosion de la demande en connectivité, que Sonatel a désormais la charge de fournir à des millions de personnes de ces quatre pays.

Sa mission est de rendre la société télécoms publique du Bénin rapidement opérationnelle, en lui donnant les moyens de proposer des offres et services compétitifs aux consommateurs, aux entreprises et aux autres acteurs télécoms.

Enfin, le 21 mai 2021, Sonatel a fait son entrée au Bénin. Pas en tant qu’opérateur télécoms mais plutôt comme gestionnaire délégué de la Société béninoise des infrastructures numériques (SBIN).

Il s’agira concrètement pour la Sonatel d’un partage de compétences techniques et commerciales, d’un partage d’expérience dans l’élaboration et la mise en œuvre d’un plan directeur, avec le déploiement d’un réseau mobile de dernière génération, le lancement de services mobiles et de mobile money et le renforcement des activités. Le gouvernement béninois fait confiance à la férocité exprimée par Sonatel dans la majorité de ses marchés où il occupe la place de leader pour briser le duopole qu’entretiennent MTN et Moov depuis 2017 et relancer la concurrence.

Projection

Sonatel a réussi depuis 2019 à consolider sa présence dans trois marchés où il opère déjà et poussera bientôt sa présence à un total de six marchés étrangers, en prenant en compte la Gambie et la Mauritanie dans l’équation.

D’ici 2025, il n’est pas exclu de voir le groupe télécom réaliser une nouvelle percée dans la sous-région. Sékou Dramé le confirme d’ailleurs lorsqu’il déclare que « nous continuerons à explorer toutes les opportunités qui s’offrent à nous dans la sous-région […] Nous avons, dans le groupe, une gouvernance solide qui nous permet, chaque fois que l’environnement des affaires le permet, de pouvoir nous projeter et de faire cette proposition de valeur dans des pays qui le désirent sous différentes formes : création de filiales, gestion déléguée […] Nous avons toutes ces pistes que nous explorons sur notre terrain de jeu qu’est l’Afrique de l’Ouest et nous espérons que certaines d’entre elles aboutiront ».

Pour le groupe Orange, l’avancée de Sonatel en Afrique de l’Ouest lui sera grandement bénéfique. L’opérateur télécoms tirera en effet des revenus de onze marchés sur les seize que compte la sous-région. Il s’agit du Sénégal, Mali, Guinée, Guinée-Bissau, Sierra Leone, Gambie, Bénin, Mauritanie, Côte d’Ivoire, Burkina Faso et Libéria.

(AGENCE ECOFIN)

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