Les producteurs du riz dans le Walo sont aujourd’hui dans le désarroi. Alors qu’ils espéraient avoir une bonne récolte, cette année, un renversement de situation leur a fait perdre tout espoir. Dans la région de Saint-Louis, le département de Dagana plus particulièrement le village de Wassoul et ceux environnants, comme entre autres, Wassoul, Ronkh, Diawar et Kheune sont confrontés à cette situation. Ce qui a poussé les producteurs de riz de cette zone à tirer la sonnette d’alarme en interpellant de vive voix, le président Macky Sall.
Des épis et grains de riz cultivés en contre-saison dans le Walo au Nord du Sénégal, sont à terre, engloutis par les eaux de pluie. Faute de suffisamment de moissonneuses, les producteurs ont ainsi perdu entre 80 et 90% de leur production à cause de la pluie et des oiseaux granivores, mais surtout faute de moissonneuses-batteuses pour procéder à la récolte du riz, si l’on se fie aux propos du président du GIE «Suxali Walo», Cheikh Sarr, joint par téléphone. Au bout du fil, le président du GIE, «Suxali Walo» a rappelé qu’ils ont «bénéficié d’un financement à hauteur de 78 millions pour une superficie de 112 hectares.
«Cet accompagnement a été un programme AgCelerant avec une institution financière appelée Bank of Africa Sénégal (BOA). Lorsqu’on a reçu le financement, on a travaillé comme il se doit. Les conditions qui doivent permettre de faire une bonne culture ont été obtenues. Lorsque les cultures sont arrivées à terme, une semaine après la Tabaski, tous les champs avaient atteint la maturité, nous devrions faire la récolte, mais nous n’avions pas les moyens. C’est ce qui nous a handicapés. Avec l’arrivée de la pluie, ce qui restait, après que les oiseaux sont passés et ont gâté les 50 % de la production, les 50 % qui restaient ont été détruits par la pluie. Le riz est tombé et les eaux stagnantes l’ont détruit», raconte Cheikh Sarr
Près de 1 000 tonnes de riz de la vallée perdues à cause de l’absence de moissonneuses batteuses
Selon lui, cette situation est causée par le manque de moyens et de mécanismes. «Nous avons subi des pertes énormes, plus de 80% de notre production a été détruite par les eaux et les oiseaux granivores», a-t-il confié pour le regretter.
Actuellement, c’est trop tard pour intervenir, d’après M. Sarr, «l’Etat avait subventionné des matériels notamment des moissonneuses batteuses qui devaient aller dans les champs, mais elles sont garées à la SAED de Ross Béthio, jusqu’à présent on ne sait pas pourquoi, elles ne sont pas distribuées. Aujourd’hui même s’ils les distribuent, c’est trop tard», fustige-t-il.
Poursuivant, il confie : «On devait se rencontrer avec AgCelerant, notre partenaire qui était à l’origine du financement à Ross Béthio pour voir ce qui s’est passé avec les groupements pour discuter sur les pertes et les dégâts». A en croire le président du GIE «Suxali Walo, entre 800 et 1000 tonnes de riz ont été perdues. «On a beaucoup perdu, aujourd’hui si tu prends 90 hectares et que pour chaque hectare, on espérait avoir un bon rendement qui pouvait aller de 9 à 11 tonnes, c’est une perte énorme», a-t-il dit.
Avec toutes ces pertes, selon le président du GIE, «Suxali Walo», il n’y a que l’Etat qui peut les aider auprès des institutions financières, pour régler la dette, mais aussi leur donner la possibilité de bénéficier d’un autre financement
«Sans l’appui de l’état on aura du mal à cultiver pour la contre saison chaude 2024»
«Les difficultés que nous avons, seul l’Etat peut nous venir en aide. C’est l’Etat qui peut nous appuyer auprès des institutions financières. Nous avons déjà fait notre devoir en assurant les champs. Car si on est assurés, l’assurance ne paie pas tout. Donc le reste doit être porté par le producteur. Donc, c’est l’Etat qui peut faire ça en étant le relais entre les institutions financières et nous. Sinon l’agriculture ne sera plus qu’un souvenir au niveau du Walo», prévient-il.
Cheikh Sarr d’ajouter : «Personne ne pourra aller à la banque, parce que tu ne peux pas emprunter des centaines de millions, tu n’as pas payé 30% et espérer avoir un autre financement. Avec toutes ces pertes, seul l’Etat peut nous aider à régler la dette et obtenir un autre financement. Sans l’appui de l’État, on aura du mal à cultiver pour la contresaison chaude 2024», s’alarme M. Sarr.
Parlant des acteurs affectés par cette situation de perte de production, il a estimé que ce sont des milliers de personnes. «Ce sont des dizaines de milliers de personnes. Dans notre GIE ‘Suxali Walo’, il y a plus de 20 membres qui sont des pères de famille et des jeunes. Dans la vallée, ce sont des milliers de personnes, tout leur travail a été détruit, pour vous dire que les pertes sont énormes. Je ne parle même pas de remboursement de crédit, mais on a un problème de survie pour le reste de l’hivernage».
Selon Cheikh Sarr, la situation est critique dans leur localité. «La période de soudure a commencé. Au moment où je parle, on peut voir un agriculteur acheter du riz à la boutique. Celui qui achète du riz actuellement, ne peut garantir un approvisionnement adéquat pour les consommateurs», indique-t-il.
Vox Populi