Neuf mois après la baisse annoncée sur les prix des denrées de première nécessité, l’inflation a repris de plus belle, reléguant au second plan les mesures et arrêtées par les autorités pour baisser le coût de la vie.
Au Sénégal, l’inflation s’est installée. Si elle se ressent à travers les achats et ventes, les chiffres de la Direction de la prévision des études économiques (DPEE) viennent la mesurer. Dans la note de conjoncture économique du deuxième trimestre 2023, les statisticiens révèlent que le pays a connu une inflation moyenne de 9,0 % au cours des six premiers mois de l’année. Mais par rapport à l’année 2022, “le niveau général des prix a progressé de 8,3 %”. Les produits alimentaires et boissons non alcoolisées sont ceux qui ont connu les plus hausse, avec 10,5 %.
Des prix annoncés foulés du pied par les prix réels En septembre 2022, le président Macky Sall a pris 11 décisions dans l’optique de la réduction du coût de vie des Sénégalais, dans un contexte d’inflation généralisée des prix. Celles-ci émanent des propositions faites dans le cadre des concertations sur la vie chère lancées par le chef de l’État, le 26 septembre dernier. Cela a été suivi par des arrêtés pris par le ministre du Commerce, de la Consommation et des PME afin de fixer des prix sur des denrées de première nécessité.
Ainsi, le litre d’huile de palme raffinée était fixé à 1 200 F CFA, le kilo de sucre cristallisé à 575 F CFA, celui du lait d’origine végétale à 2 750 F CFA. Concernant les produits horticoles, l’oignon local est fixé à 400 F CFA/kg, tandis que l’oignon importé est arrêté à 500 F CFA/kg. Les mêmes prix sont à appliquer sur la pomme de terre et la carotte par rapport aux variétés locales et importées. Ces prix sont des plafonds que les commerçants ne sont pas autorisés à dépasser, car fixés par l’arrêté 029127 du 10 novembre 2022 portant fixation des prix de l’oignon, de la pomme de terre et de la carotte, cosignée par le ministre du Commerce Abdou Karim Fofana et son collègue de l’Agriculture, de l’Équipement rural et de la Souveraineté alimentaire Aly Ngouille Ndiay
Neuf mois plus tard, le constat des économistes de la DPEE relègue ces chiffres au second plan. En effet, relève la note de conjoncture, “sur une base annuelle, l’oignon local s’est renchéri de 69,9 % au deuxième trimestre 2023. Pour sa part, la variété importée, absente du marché au deuxième trimestre de l’année passée, est échangée à 775 F CFA en moyenne, au deuxième trimestre de 2023. En moyenne, sur les six premiers mois de l’année 2023, les prix de l’oignon local et importé ont augmenté, respectivement, de 44,5 % et 54,9 %
Des hausses tous azimuts
La hausse ne se limite pas qu’à l’oignon. Les céréales locales sont aussi concernées. Par exemple, “des hausses respectives des prix moyens des kilogrammes de souna (+44,1 %), de sorgho (+27,8 %) et de maïs (+22,9 %) sont observées durant le deuxième trimestre 2023”. En ce qui concerne le riz, la note observe que le riz brisé parfumé ordinaire, le riz non parfumé et le local ont affiché des hausses de prix respectives, de 7,1 %, 7,3 % et 6,3 % en moyenne sur le deuxième trimestre 2023. Les hausses mesurées concernent également le lait (+11,4 %), les huiles (+14,9 %) et les légumes frais (+33,9 %).
Ces tendances ont été confirmées, sur la même période, par l’enquête de perception de la conjoncture par les ménages (EPCM) qui fait ressortir qu’au deuxième trimestre 2023, “93,6 % des ménages interrogés ont noté une hausse des dépenses alimentaires”. Aussi, 98,8 % des ménages questionnés ont désigné l’inflation comme le principal choc subi au deuxième trimestre 2023. Au-delà des produits alimentaires, l’inflation sur les services d’hôtellerie et de restauration s’est renchérie de 0,2 % en variation trimestrielle. Sur une base annuelle, ils ont également enregistré des hausses de prix de 7,7 % et 8,5 %, respectivement au deuxième trimestre 2023 et en moyenne sur les six premiers mois de l’année.
EnQuete