A la UneAfriqueCommerceInnovationInnovationsRoutesTechnologieTransports

Secteur de la livraison en Afrique : L’innovation pour répondre aux réalités locales

 Selon une étude McKinsey & Company, d’ici 2025, le commerce électronique pourrait représenter 10% des ventes au détail des plus grandes économies africaines portées par le développement technologique et l’émergence d’une classe moyenne. Cette expansion du e-commerce sur le continent africain draine dans son sillage les services de livraison avec l’avènement de nombreux acteurs. Néanmoins, les acteurs de ce secteur font face à des défis structurels qui entravent leur évolution et limitent leur portée.

L’installation du e-commerce dans les usages de consommation sur le continent africain est aujourd’hui tributaire de la capacité des acteurs de la livraison à trouver des solutions aux défis auxquels ils sont confrontés. Entre l’absence d’adressage des rues, le déficit d’infrastructures routières, la faible bancarisation ou encore la difficulté de sécurisation des paiements, les défis sont nombreux. Les réponses apportées à ces enjeux auront pour conséquence d’offrir une meilleure expérience client, de couvrir une plus grande partie des territoires et surtout de conforter l’expansion du e-commerce sur le continent.

Se pose donc la question à savoir : quelles solutions trouver pour rendre le secteur de la livraison moins tributaire des challenges de l’environnement africain ? A ce titre l’essor des nouvelles technologies et l’innovation sont les deux  facteurs sur lesquels les acteurs peuvent s’appuyer pour pallier aux difficultés qu’ils rencontrent.

Le marché africain a des spécificités structurelles qui obligent tous les acteurs à une réflexion poussée avant de s’implanter pour prendre la mesure des réalités locales. Le secteur de la livraison n’est pas épargné par cette logique. Sans compréhension du milieu et en voulant calquer des procédés qui fonctionnent ailleurs, les acteurs ne pourront pas prendre la pleine mesure du marché africain. Ils doivent donc réfléchir à de nouvelles formes de livraison, de nouvelles pratiques pour s’adapter au mieux aux réalités locales. Le recours aux acteurs du transport déjà existant pour offrir des services de livraison dans les villes reculées est une option pertinente dans des pays aux infrastructures routières limitées.

La livraison en point relais est également un procédé qui s’adapte aux réalités locales car elle vient répondre aux enjeux d’accessibilité dans des zones rurales ou le réseau internet est peu déployé.  Cette pratique encore peu répandue et développée par de nouveaux acteurs comme Nundi a la particularité de répondre aux particularités du continent surtout dans les villes de l’hinterland africain. Les points relais peuvent être des boutiques ou des agences de transfert d’argent, ils ont pour caractéristiques d’être connus, accessibles et identifiables par les populations. Ils facilitent le processus de livraison du fait de leurs caractéristiques et permettent d’une part aux livreurs de gagner du temps et aux clients d’être sûr de recevoir leurs colis.  Cette nouvelle méthode de livraison permet notamment de régler les problèmes d’adressage de rue et d’accès aux réseaux internet dans les villes reculées sur le continent.  Le recours aux point relais offre également de nouvelles perspectives en termes d’accès aux territoires et d’accroissement du marché. Cette pratique favorise le désenclavement des territoires en permettant de faire livrer des colis dans les villes plus reculées sur le continent africain et ainsi toucher une plus grande partie des populations. La multiplication des points relais, offre de nouvelles perspectives aux acteurs du secteur et démontre que des solutions simples adaptées aux réalités locales existent et qu’elles peuvent participer au développement massif de la livraison de colis tant dans les zones urbaines que rurales du continent.

L’innovation dans le secteur des moyens de paiement offre également des opportunités d’évolution pour le secteur de la livraison c’est le cas notamment du mobile money. Ce moyen de paiement représente une réelle opportunité et un gain de valeur pour le secteur de la livraison. Sur un continent ayant un faible niveau de bancarisation qui se situe autour de 15% et dont les usages de paiement se concentrent fortement autour du paiement en liquide, le mobile money vient apporter une réponse pertinente aux différentes problématiques de sécurisation des paiements, d’engagement des clients et de fluidité des échanges.

Le mobile money représente également une tendance de fond de l’écosystème financier africain. En 2020, le volume de transactions financières s’élevait à 27,4 milliards et l’Afrique subsaharienne abritait 45,67% des comptes Mobile Money enregistrés dans le monde et générait 63,89% de la valeur des transactions financières mondiale qui s’élevait à 767 milliards USD, faisant du continent le leader du secteur dans le monde selon l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA). Face à ces chiffres, aucun secteur marchand ne peut se faire l’économie de son utilisation. Les acteurs de la livraison doivent aujourd’hui proposer à leurs clients qu’ils soient particuliers ou professionnels un accès facile et fluide à ce type de paiement.

Avec la diffusion massive de l’accès au réseau internet sur le continent, les services liés à internet peuvent aujourd’hui être utilisés partout et par une plus grande partie de la population c’est le cas notamment de la géolocalisation qui permet de développer des outils de suivi de colis. Dans le secteur de la livraison, cette technologie vient répondre aux enjeux d’adressage des rues sur le continent. Tous les acteurs du secteur sont unanimes : trouver un point de livraison relève du casse-tête pour tous les livreurs. La multiplication des smartphones et le recours massif au tracking sont des moyens qui permettent d’offrir une solution fiable aux livreurs en facilitant les livraisons.

L’évolution vers l’intégration de plus d’outils technologiques dans les services de livraison est aujourd’hui une obligation tant les populations sur le continent se familiarisent avec ce type de ressources. Selon le GSMA, un demi-milliard de personnes dans la région sont abonnés à des services mobiles en 2021, un milliard d’ici 2024, et une pénétration de 50 % des abonnés est prévue d’ici 2025. De plus, toujours selon le GSMA le nombre de connexions à l’aide de « smartphones » devrait atteindre près de 700 millions d’ici 2025, soit un taux d’adoption de 66%.

Secteur encore fragile mais qui connaît une expansion certaine sur le continent, les services de livraison ne peuvent faire l’économie de l’innovation s’ils souhaitent avoir la capacité de répondre aux attentes de leurs clients et accompagner les nouveaux modes de consommation sur le continent. Les défis structurels doivent être vu comme des opportunités pour créer de nouvelles pratiques et pour diffuser l’innovation et en être des précurseurs.

(AGENCE ECOFIN)

Dans la même rubrique

Laissez un commentaire

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que cela vous convient, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. Accepter En savoir plus