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Sahel : Emmanuel Macron annonce la fin de l’opération Barkhane et la mise en place d’une mission d’appui

 Selon Emmanuel Macron, la force Barkhane en tant qu’opération militaire extérieure a atteint ses limites. Alors que les relations sont de plus en plus tendues avec le nouveau pouvoir malien, l’Hexagone veut passer à un nouveau cadre de coopération militaire.

Après plusieurs années de controverses, l’opération Barkhane se dirige-t-elle vers sa fin ? Si l’on en croit les nouvelles déclarations de l’Elysée, c’est en tout cas ce qui s’annonce au cours des prochains mois.

Dans une allocution faite ce jeudi 10 juin 2021, le président français Emmanuel Macron  a en effet annoncé une transformation de ses moyens de lutte contre le terrorisme au Mali.

« La poursuite de notre opération au Sahel ne se fera pas à cadre constant. Nous amorcerons une transformation profonde de notre présence militaire au Sahel, dont les modalités et le calendrier seront précisés dans les semaines à venir », a déclaré le dirigeant. Et d’ajouter : « cette transformation se traduira par un changement de modèle. Il impliquera le passage à un nouveau cadre, c’est-à-dire la fin de l’opération Barkhane en tant qu’opération extérieure pour permettre une opération d’appui, de soutien et de coopération aux armées des pays de la région qui le souhaitent ».

« La présence durable dans le cadre d’opérations extérieures de la France ne peut pas se substituer au retour de l’Etat et des services de l’Etat, à la stabilité politique et au choix des Etats souverains. Nous ne pouvons pas sécuriser des zones qui retombent dans l’anomie parce que des Etats décident de ne pas prendre leurs responsabilités », a précisé le chef de l’Etat.

Cette annonce intervient dans un contexte sécuritaire et politique difficile au Mali qui a connu deux coups d’Etat en l’espace de neuf mois, alors que les attaques des groupes terroristes se multiplient dans la région. Après avoir condamné l’arrestation de l’ancien président de la Transition Bah N’Daw, et de son Premier ministre Moctar Ouane, Paris avait décidé de suspendre sa coopération militaire avec Bamako, exigeant le retour d’un gouvernement civil. Le colonel Assimi Goïta, désormais président de la transition avait satisfait ces exigences en nommant Choguel Maïga, un politicien issu de la coalition M5-RFP, en tant que Premier ministre.

Plusieurs signes avant-coureurs

Alors que la situation politique semble avoir commencé à s’apaiser, Assimi Goïta ayant même promis qu’il respecterait tous ses engagements, les véritables raisons derrière ce retrait interrogent. Ce, d’autant plus que pour une situation politique quasi similaire au Tchad, la réaction de l’Elysée avait été beaucoup plus conciliante, suscitant même de vives critiques quant au deux poids deux mesures des décisions françaises.

Par contre, il convient de souligner que contrairement au Tchad, la présence militaire française au Mali a souvent été l’objet de polémiques. Impliquée dans le pays depuis 2014, l’opération Barkhane qui compte 5100 soldats français est considérée par de nombreux observateurs comme un échec de l’intervention française dans la lutte contre le djihadisme au Sahel.

En effet, les succès militaires engrangés au fil des années n’ont jamais réussi à enrayer la spirale de violences quasi hebdomadaire dans laquelle est engluée la région depuis 2013, et cet enlisement avait même déclenché des manifestations anti-françaises à Bamako. D’ailleurs, certaines organisations djihadistes n’avaient pas hésité à surfer sur cette vague, et lors du sommet de Pau en janvier 2020, Emmanuel Macron avait lui-même accusé des « groupements terroristes » d’être derrière ces manifestations anti-françaises.

C’est donc dans cet environnement de moins en moins favorable à sa présence au Mali que Paris a vu l’un de ses principaux alliés, Ibrahim Boubacar Keïta, être déchu par un putsch en 2020. Depuis, les rumeurs de retrait des soldats de la force Barkhane se sont multipliées, tels des signes avant-coureurs de la nouvelle décision, sans pour autant être confirmées.

En début d’année, l’Elysée avait annoncé un « réajustement » de ses forces au Sahel avant de revenir sur sa décision. Les autorités françaises avaient justifié ce réajustement par les succès obtenus par les militaires français dans le Sahel en 2020, et l’envie de faire plus de place à la task force Takuba. Le mois dernier, M. Macron avait prévenu qu’il n’hésiterait pas à retirer ses troupes si ses idéaux ne convergent plus avec ceux du pouvoir en place. Des déclarations qui agitent le débat public à quelques mois de l’élection présidentielle française.

« Au président malien Bah Ndaw, qui était très rigoureux sur l’étanchéité entre le pouvoir et les djihadistes, j’avais dit : ‘’l’islamisme radical au Mali avec nos soldats sur place ? Jamais de la vie !’’ Il y a aujourd’hui cette tentation au Mali. Mais si cela va dans ce sens, je me retirerai », avait déclaré le chef d’Etat lors d’une interview.

Quoi qu’il en soit, cette annonce n’apparaît pas comme une bonne nouvelle pour le colonel Goïta. Malgré les contestations populaires, celui-ci semblait déterminé à poursuivre la coopération avec Paris et avait même adressé ses remerciements aux soutiens militaires du Mali dans la lutte contre le djihadisme, lors de son discours d’investiture.

(AGENCE ECOFIN)

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