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Risque d’échec de la réforme du CFA si la Côte d’Ivoire n’est pas stable

Le projet de réforme du franc CFA risque d’échouer si les dirigeants des pays concernés n’engagent pas des actions pour la stabilité de la Côte d’Ivoire, considérée comme le pays pilote de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), prévient Famara Ibrahima Cissé, président de l’Association des clients et sociétés des institutions financières (ACSIF).

La Côte d’Ivoire court le risque d’une crise du fait d’un différend politique entre le chef de l’Etat ivoirien Alassane Dramane Ouattara et l’ancien président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, accusé d’avoir préparé “une insurrection civile et militaire”.

L’ancien chef de la rébellion ivoirienne et ex-Premier ministre, qui avait annoncé sa candidature à la présidentielle d’octobre 2020, a de son côté déposé plainte à Paris contre le procureur d’Abidjan.

“Il faudra comprendre aujourd’hui que les pays de l’espace UEMOA courent le risque de voir le projet de monnaie commune échouer parce qu’ils (les chefs d’Etat) ont tous croisé les bras et n’interviennent nullement sur un pays pilote, en l’occurrence la Côte d’Ivoire, qui danse sur du volcan avec le problème Guillaume Soro-Alassane Ouattara”, a déclaré le président de l’Association des clients et sociétés des institutions financières (ACSIF).

Famara Cissé s’entretenait avec des médias, samedi, à Dakar, en marge d’une conférence publique organisée sur la question de la réforme du franc CFA, organisée par l’association Leadership, Equité, Gouvernance et Stratégie (LEGS- AFRICA).

La rencontre, animée par des économistes et experts en finances, portait sur le thème : “Monnaie, banques, financement du développement et souveraineté démocratique : Les enjeux des réformes du franc CFA”.

Famara Cissé avait traité de la question de l’impact de l’éco sur le système bancaire, lors de cette rencontre marquée par la présence de plusieurs économistes et des experts en finances.

“La Côte d’Ivoire a connu la guerre qui avait impacté sur l’économie de la sous-région ouest Africaine. Aujourd’hui encore, au lieu de favoriser la paix dans ce pays, nos chefs d’Etat croisent les bras et regardent la Cote d’Ivoire qui risque de s’embraser”, a-t-il dit.

“Et cet embrasement va affecter toute l’économie de la zone UEMOA. En ce moment, le projet de la monnaie commune (Eco) sera évidemment un échec. Il faudra qu’on prévienne, qu’on alerte sur ce fait qui est fondamental pour l’économie de la zone UEMOA’’, a-t-il poursuivi.

A la question de savoir si ces chefs d’Etat sont conscients de ce risque, M. Cissé a répondu : “Ils sont conscients de cela mais pensant qu’ils ne peuvent pas s’ingérer dans les affaires intérieures de la Côte d’Ivoire, restent bouche-bée, alors que ce n’est pas une question d’ingérence, car nous avons en commun une monnaie et un projet de monnaie”.

“Nous avons en commun par conséquent une économie. Et s’ils ne veillent pas à ce que ces pays qui composent cette monnaie trouvent la paix, il est évident que ce projet concernant cette monnaie sera un échec”, a-t-il ajouté.

Il note qu’une monnaie est portée par des économies et si la réforme du franc CFA se fait dans un contexte d’instabilité politique ou sociale, elle sera rejetée par les populations.

Guillaume Soro, longtemps allié du président Alassane Ouattara, qu’il a aidé à porter au pouvoir pendant la crise post-électorale de 2010-2011, s’est ensuite brouillé avec lui, jusqu’à la rupture début 2019.

Il avait tenté le 23 décembre de revenir en Côte d’Ivoire, après six mois à l’étranger. Mais, après avoir appris qu’il faisait l’objet d’un mandat d’arrêt, Guillaume Soro était reparti vers l’Europe. Plusieurs de ses proches dont des députés ont été ensuite arrêtés.

Dans ce contexte, la présidentielle ivoirienne d’octobre 2020, qui se tient dix ans après la crise post-électorale de 2010-2011 qui a fait 3 000 morts, s’annonce tendu.
(APS)

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