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Retombées économiques du TER, développement de Diamniadio : TER d’opportunités et de profits

Le Train express régional, qui a débuté sa phase d’exploitation, risque de redessiner la configuration socio-économique de la presqu’ile du Cap-Vert. Ses répercussions économiques risquent d’impliquer, de conduire et de créer une microéconomie autour des 14 gares et de faciliter l’essor de Diamniadio dont l’accessibilité constituait un vrai casse-tête pour les autorités.

Après cinq années de travaux, le Train express régional (TER) est enfin sur les rails de l’exploitation. Après son inauguration en grande pompe, le tronçon de voie ferrée de 36 km a pour mission de transporter quotidiennement 115 000 personnes à travers les 14 gares qui desservent la ligne Dakar-Diamniadio, de 5 h à 22 h. Les rotations seront effectuées par 15 rames avec quatre voitures chacune. La construction du Ter et de ses nouveaux rails a impliqué une vingtaine de sociétés sénégalaises, françaises dont Eiffage, Thales, SNCF et aussi turques.  La construction de ce nouvel ouvrage ferroviaire, qui a débuté en 2016, a longtemps été au cœur d’une virulente polémique entre le pouvoir et les partis d’opposition.

Ces derniers doutaient de la pertinence de ce projet et du coût exorbitant de l’ouvrage qu’ils estiment largement minoré par l’Etat. L’ancien candidat à la Présidentielle de 2019, Ousmane Sonko, leader du Pastef, évalue le coût du projet à plus de 1 000 milliards F CFA, tandis que du côté du ministre des Transports terrestres, Mansour Faye, le coût total du TER n’excède pas les 780 milliards F CFA hors taxes dont 76 milliards pour la libération des emprises et 10 milliards d’accompagnements pour les projets sociaux. La gestion de cette infrastructure ferroviaire a été confiée à la Seter, filiale de la SNCF, une société privé chargé de l’exploitation et de la maintenance du TER, pour une durée de cinq ans renouvelables : ‘’Le temps de transférer certaines compétences au personnel sénégalais’’, a précisé Abdou Ndéné Sall, Directeur général de la Senter, la société de patrimoine du TER détenue à 100 % par l’Etat sénégalais. Le Sénégal détient 34 % du capital de la Seter.

Le TER, qui a débuté sa phase d’exploitation le 27 décembre, suscite d’importantes interrogations autour de son impact dans l’environnement socio-économique dans la presqu’ile du Cap-Vert. De ce fait, le renforcement de la mobilité urbaine par l’entremise du TER fait craindre une accentuation de la spéculation foncière dans le département de Rufisque, notamment à Diamniadio. Cet enrichissement du prix du foncier près et le long des voies ferrées risque de redessiner la cartographie socio-économique de Dakar et de sa banlieue.

 Le TER pour désengorger Dakar 

‘’Les études de rentabilité économique de ce projet sont chiffrées autour de 19 %. Ça veut dire que le TER va développer toute une économie autour de la zone : parcs industriels, université et réduction de la pollution’’, affirme d’entrée Mountaga Sy, Directeur général de l’Apix.

En effet, le dispositif des transports publics à Dakar, qui représente 0,3 % du territoire, le cinquième des 17 millions de Sénégalais et la quasi-totalité des activités économiques du pays, a longtemps été jugé insuffisant par les partenaires au développement.

Ainsi, Mame Fall, Ingénieur spécialiste des matériels roulants et système à l’Apix, indique que le TER permettra d’atténuer la pression quotidienne sur les routes de Dakar, dans la mesure où les embouteillages constituent un manque à gagner de 100 milliards pour l’économie sénégalaise. ‘’Ce programme a pour but initialement de résoudre un problème de mobilité urbaine à Dakar. Il faut savoir qu’une rame peut transporter 565 personnes ; ce qui pourrait fortement avoir un impact sur le trafic routier et autoroutier. Les populations auront un gain de temps énorme avec le TER, sur le tracé Dakar – Diamniadio et ne perdront plus 2 heures dans les innombrables embouteillages. Le TER va permettre de désengorger les voies principales qui mènent vers Diamniadio’’, déclare-t-il.

Pour sa part, l’économiste El Hadj Mansour Samb se veut plus prudent. ‘’Je pense qu’il faut réellement attendre quelques mois pour voir si ça un impact sur les embouteillages à Dakar. Toutefois, il ne faut pas oublier que le cœur des embouteillages à Dakar se situe sur la Corniche, à l’université Cheikh Anta Diop et à la Médina, qui sont loin du tracé du TER. La seule solution pour désengorger la ville de Dakar, c’est de créer d’autres pôles économiques pour réduire l’attrait vers Dakar qui concentre 80 % de l’activité économique. Car tant que cette situation va demeurer, Il y aura tout le temps du monde sur les routes’’, soutient-il.

Une micro-économie autour des gares du TER

Poursuivant son propos, l’économiste informe que l’impact économique du TER sera fortement limité par les caractéristiques de l’infrastructure ferroviaire qui fait plus appel à un train de banlieue qu’à un moyen de transport à échange économique. ‘’Il faut savoir que ce qui est important dans un moyen de transport, ce sont les échanges économiques. Le train Dakar – Bamako faisait en sorte que beaucoup de produits maliens pouvaient facilement rejoindre Dakar et, en contrepartie, le train permettait à beaucoup de produits sénégalais de faire le chemin inverse. Malheureusement, ces échanges économiques seront inexistants avec le TER. Il n’y aura pas de commerçants, ni de possibilité de développer une activité informelle dans les gares’’, affirme-t-il.

Et le chercheur en économie de soutenir que cet impact ne pourra être significatif qu’avec le concours de l’Etat et des communes pour développer une activité économique autour des gares, principalement dans la banlieue. ‘’Une microéconomie peut se développer autour des gares de banlieue. Sur ce sujet, l’Etat, en partenariat avec les communes concernées, peut même développer des marchés autour des gares. Même les communes, en partenariat avec la Seter, peuvent prendre les initiatives pour installer des cantines autour des stations du TER’’, renseigne-t-il.

Embouchant la même trompette, Mame Fall, Ingénieur à l’Apix, indique que ce développement d’une microéconomie dans les gares ne pourra se faire qu’autour d’un cadre réglementaire susceptible de garantir la fluidité de la circulation autour des gares.  ‘’Nous pensons qu’une activité économique bien réglementée dans et autour des gares, pourra se créer dans le futur. Il y a déjà des boutiques dans les gares. Il faut savoir que tous les pays qui se sont développés l’ont fait autour des ouvrages ferroviaires TER, métro et RER auxquels des activités économiques sont venues se greffer’’, dit-il.

Le développement de Diamniadio boosté par le TER

Concernant la relance de l’activité économique et le développement de Diamniadio, l’universitaire se veut optimiste. ‘’La ville de Diamniadio souffre d’un problème d’accessibilité. Le TER va beaucoup aider à résoudre ce problème. Des travailleurs vont pouvoir se déplacer facilement vers Diamniadio. Ça peut pousser les gens à aller vivre et construire des usines sur place. La zone franche, le nouveau pôle économique et les cites ministérielles et l’université Amadou Makhtar Mbow vont pouvoir bénéficier des liaisons assurées par le TER’’, conclut-il.

(ENQUETE)

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