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RDC : Le gouvernement réexamine l’accord minier de 6 milliards $ signé avec la Chine sous Kabila

En mai 2021, Félix Tshisekedi a annoncé la révision prochaine des contrats miniers défavorables à la RDC. En raison de la transition énergétique en cours, les réserves de cuivre et de cobalt du pays sont au centre de l’attention, permettant au président de mettre en œuvre sa politique.

En RDC, Félix Tshisekedi (photo) joint l’acte à la parole. Alors qu’il a annoncé en mai dernier son intention de « réajuster » les contrats miniers en vigueur dans les pays, son gouvernement est en train de réexaminer l’accord gigantesque « minerais contre infrastructures » conclu en 2007 avec les entreprises publiques chinoises Sinohydro Corp et China Railway Group.

Dans une interview accordée à Reuters, Nicolas Kazad, le ministre congolais des Finances a indiqué que l’objectif de cet examen est de s’assurer que le partenariat est « équitable » et « efficace ». « Nous avons vu qu’il y avait quelques problèmes de gouvernance dans le passé […]. Nous avons besoin de plus de clarté sur le contrat et le type de financement qui est derrière », a déclaré l’argentier national.

D’un montant total de 6 milliards $, l’accord en question prévoit la construction de différentes infrastructures (écoles, routes et hôpitaux) pour un coût de 3 milliards $, en échange de l’exploitation d’immenses réserves de cuivre et de cobalt dans le Katanga, grâce à un investissement de 3 milliards $.

Une coentreprise a effectivement été créée, la Sino-Congolaise des Mines (Sicomines), dans laquelle la compagnie minière nationale congolaise (Gécamines) détient 32 % contre 68 % pour les sociétés chinoises suscitées. Elle a commencé la production de cuivre et de cobalt depuis 2015 avec des exportations vers la Chine.

Depuis quelques années pourtant, des voix s’élèvent pour dénoncer l’opacité entourant l’accord, notamment les bénéfices qu’en tire réellement le pays. Les projets d’infrastructures promis n’auraient également pas été tous menés à terme. En juillet dernier, c’est le collectif « Le Congo N’est Pas A Vendre » qui est monté au créneau pour réclamer au gouvernement un audit de ce partenariat que certains n’hésitent pas à qualifier de léonin.

Pour rappel, la détermination de Félix Tshisekedi s’explique aussi bien par une volonté de mieux tirer profit des ressources minières congolaises que par la situation actuelle sur le marché des matières premières. Le cuivre et le cobalt, pour lesquelles la RDC est l’un des grands fournisseurs mondiaux, sont en effet très demandés en raison de leur rôle dans la transition énergétique. Cela place donc le gouvernement en position de force pour négocier avec les investisseurs.

La Sicomines n’est d’ailleurs pas la seule entreprise visée, car plus tôt ce mois, une commission a été mise sur pied pour réévaluer les réserves de cuivre et de cobalt de la mine Tenke Fungurume, propriété de China Molybdenum.

La prochaine cible de Kinshasa pourrait être les actifs du milliardaire israélien Dan Gertler, qui a profité de son amitié avec l’ancien président Joseph Kabila pour se tailler une belle part du gâteau géant que constituent les ressources minérales congolaises.

(AGENCE ECOFIN)

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