Au Cameroun, Dorine Nina Nyabeyeu, handicapée et mère célibataire, a fondé une entreprise de transformation d’épices locales. Par ses prouesses entrepreneuriales, elle espère encourager les personnes vivant avec un handicap à se prendre en main.
Dans la capitale camerounaise Yaoundé, une petite entreprise agroalimentaire baptisée « Nina Epices » s’est spécialisée dans la transformation d’épices locales. Tous les mois, environ 500 sachets d’épices sont produits, de contenance 60 à 250 mg. Ils sont ensuite distribués pour commercialisation dans les marchés locaux, afin de satisfaire une clientèle comptant des ménagères et des travailleurs en zone urbaine qui n’ont pas toujours beaucoup de temps à consacrer à la cuisine.
Dorine Nina Nyabeyeu, la fondatrice, est une mère célibataire en situation de handicap. Elle a eu l’idée de moudre les épices, les emballer et les conserver pour alléger le travail de nombreuses personnes en cuisine.
« Chez nous en Afrique et au Cameroun en particulier, nous avons des repas compliqués, qui demandent beaucoup de temps », a-t-elle fait savoir sur la DW.
Les épices, la spécialité de Dorine Nina Nyabeyeu https://t.co/6CMciCjvDw
— DW Afrique (@dw_francais) July 9, 2021
Comme elle, les personnes handicapées sont le plus souvent victimes de discrimination, de marginalisation, et ne bénéficient pas toujours d’une éducation appropriée pour accéder au marché de l’emploi. En effet, les obstacles relatifs aux coûts et méthodes d’enseignement, l’accessibilité aux NTIC ou encore aux infrastructures publiques favorisent leur exclusion sociale. Le gouvernement local travaille à améliorer leur situation à travers de multiples programmes d’insertion et de formation qui voient le jour.
Loin de se lamenter sur son sort, Dorine Nina Nyabeyeu veut plutôt, par ses compétences, effacer le mode de pensée qui voudrait que l’on prenne en pitié les personnes dans sa condition, qui représentent 10% de la population camerounaise.
« On ne va pas toujours attendre que les gens aient pitié de nous. La vérité est que nos larmes, nos pleurs ne vont rien changer. Dieu a semé en moi une graine d’espoir et je souhaite que celui qui me regarde se dise que tout est possible », a-t-elle ajouté.
À présent, Dorine Nina Nyabeyeu espère faire connaître sa marque à travers le monde d’ici la fin de l’année 2021. Pour y arriver, elle se forme en marketing et en packaging, grâce à un programme du PNUD dont elle est bénéficiaire, afin de recevoir les outils nécessaires pour développer davantage son entreprise. Toutefois, elle doit encore résoudre des problèmes pressants, notamment le manque de personnel. Faute de moyens financiers, elle ne peut pas recruter et se débrouille encore toute seule.
(AGENCE ECOFIN)