A la UneAgricultureAgro-industrieCommercePortraits & ItinérairesSénégal

[Portrait] Mamadou Ba Diomyodi, grand producteur d’oignons à Potou : Par la grâce de la terre

Grand producteur d’oignons et Président national de la filière, Mamadou Bâ Diomyodi a toujours misé sur la terre fertile de Potou. Un choix qu’il ne regrette pas, car aujourd’hui, il empoche, chaque année, environ 14 millions de FCfa après la commercialisation de ses récoltes. Une réputation de maraîcher qui cache souvent une casquette politique qu’il porte depuis les années 80.

À l’état civil, c’est Mamadou Bâ. Pour les proches, les amis et le grand public, c’est Diomyodi. Ce surnom qui le suit depuis sa tendre enfance est collé à la culture de l’oignon et au village de Potou. « Diomyodi », ce mot peul signifie en français « chez Yodi ». Il fait référence à son homonyme, grand dignitaire d’un patelin du département de Kébémer du nom de Yodi. « Je porte le nom d’un ami de ma mère qui est de Yodi. À, ma naissance, elle avait 50 ans. Je suis son unique fils », dit le grand producteur d’oignons à Potou.

Dans ce village de la région de Louga, il est l’un des hommes les plus connus. C’est d’ailleurs l’un de ses voisins très imprégné de son agenda qui nous oriente. «  Il faut rebrousser chemin et aller à Léona. La Mairie qu’il dirige est là-bas. Ici, c’est sa base, sa maison est juste à côté », indique un jeune homme en maillot noir, casquette de couleur verte sur la tête. Ses indications suivies à la lettre nous ouvrent les portes de l’hôtel  communal. Dans l’un des bureaux du bâtiment de couleur jaune, Mamadou Bâ Diomyodi est drapé dans un grand boubou blanc brodé au gros fil. Pour parler de la filière oignon, l’homme svelte au teint a réuni une petite assemblée. L’oignon est sa filière préférée et il en parle avec passion. « Notre principale culture, c’est l’oignon », rappelle-t-il, le bonnet bien ajusté sur la tête.

Né en 1945 à Potou, Mamadou Bâ a très tôt été initié par ses parents. « Je suis né dans l’horticulture. Mes parents cultivaient la terre. J’ai persévéré dans cette voie. Et je ne le regrette pas. Mes maisons à Potou et à Dakar, mes meubles, tout est acquis grâce à la terre », liste-t-il. Depuis son retour de la Mauritanie, il y a plus de 30 ans, Diomyodi s’est lancé dans l’horticulture. Cultivant cinq hectares produisant 30 à 40 tonnes par campagne, le producteur maraîcher dit se retrouver, chaque année, avec des bénéfices estimés à 14 millions de FCfa. « Si tu veux vraiment travailler et gagner ta vie, engage-toi dans le maraîchage. Il est rentable, car nous avons un bon climat, une terre fertile et des systèmes d’arrosage modernes. Un maraîcher déterminé gagne plus que l’émigré », assure-t-il tout souriant.

Un acteur politique

De nombreuses photos avec l’actuel Président de la République, Macky Sall, ornent son bureau. Mamadou Ba Diomyodi est un acteur politique depuis plusieurs décennies. C’est un militant de « première heure » du Parti socialiste (Ps). À la chute du régime socialiste, en 2000, il change de chapelle pour être aux côtés de son parent Djibo Leïty Kâ, fondateur de l’Union pour le renouveau démocratique (Urd). Quelques temps après, il décide de travailler avec le Président de la République d’alors, Me Abdoulaye Wade. À la fin du règne du pape du « Sopi », Mamadou Dia s’engage auprès de l’actuel Chef de l’État, Macky Sall, et milite au sein de l’Alliance pour la République (Apr).

À ceux qui pourraient lui reprocher un ralliement systématique à la mouvance présidentielle, Mamadou Ba Diomyodi est clair : c’est une question de vision. « Quand on connaît vraiment le sens de la vie, on ne s’oppose pas au régime », dit-il convaincu. Ainsi, depuis 2014, il est à la tête de la commune de Léona qui couvre le village de Potou. Auparavant, il a été à deux reprises Président de la communauté rurale. Malgré l’âge, il ne semble pas prêt à laisser le fauteuil aux plus jeunes. « Ah, laisser le pouvoir aux jeunes ! Nous y travaillons », dit-il brièvement. Mamadou Ba Diomyodi fait aussi partie de l’équipe du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct). Malgré tout, la réputation de gros producteur d’oignons noie souvent son côté politique.

(LESOLEIL)

Dans la même rubrique

Laissez un commentaire

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que cela vous convient, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. Accepter En savoir plus