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Pétrole : La méga-raffinerie de Dangote réduira les importations africaines à 36%

Après son entrée en service prévue au troisième trimestre 2022, la raffinerie géante d’Aliko Dangote devrait réduire les importations africaines de produits pétroliers à 36% de la demande régionale, contre 43% actuellement, selon l’Organisation africaine de pays producteurs de pétrole (APPO), qui s’attend à d’autres projets similaires ailleurs sur le continent. En visite de terrain samedi, le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, salue une réalisation qui propulse l’Afrique en matière d’industrialisation.

La méga-raffinerie d’Aliko Dangote devrait modifier les modes d’approvisionnement en produits pétroliers du continent africain, réduisant considérablement les importations dans une région du monde où les ressources exploitées sont jusqu’ici exportées à l’état brut. « La demande quotidienne de pétrole en Afrique est actuellement de 4,3 millions de barils par jour (mbpj). Sur ce volume, 57 % sont produits localement (sur le continent) tandis que 43 % sont importés. Lorsque la raffinerie de Dangote sera pleinement opérationnelle, le pourcentage des importations de produits africains tombera à 36 %, tandis que le volume total de la demande de produits s’élève à 5,4 mbpj. […] Cette raffinerie fournira plus de 12 % de la demande de produits en Afrique », a déclaré dans une interview Dr. Omar Farouk Ibrahim, secrétaire général de l’Organisation africaine de pays producteurs de pétrole (APPO).

Opérationnelle « avant la fin du troisième trimestre »
Initialement annoncée pour décembre 2019, la raffinerie pétrolière de Dangote -dont l’agenda a été bouleversé par la crise liée au Covid-19- sera finalement mise en service au cours du second semestre 2022, a fait le top management de l’entreprise lors d’une conférence de presse tenue samedi 22 janvier, en marge d’un événement organisé sur le chantier.

« Les travaux mécaniques au sein de la raffinerie sont terminés et nous espérons être sur le marché avant la fin du troisième trimestre. […] L’usine démarrera avec une capacité de traitement de 540 000 barils par jour. La production complète pourra peut-être commencer d’ici la fin de l’année ou début 2023 », a déclaré Aliko Dangote, président de Dangote Group.

Selon les informations diffusées à l’annonce de ce projet il y a quelques années, sa pleine capacité de production devrait atteindre les 650 000 barils de pétrole par jour. Alors que la méga-installation industrielle devait initialement coûter 14 milliards de dollars, elle devrait finalement nécessiter 19 milliards de dollars, selon les confidences faites à la télévision nigériane en août dernier par Devakumar Edwin, directeur exécutif de Dangote Industries.

« Enorme impact en termes d’industrialisation », selon Adesina
Participant à l’événement de samedi, le président de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina, a effectué une visite des différentes installations qui sont en cours de test. Soulignant que la raffinerie et le complexe industriel pétrochimique de Dangote emploient 38 000 personnes dont 11 000 expatriés et 27 000 Nigérians, le patron de la BAD déclare sur Twitter : « l’impact en termes d’industrialisation est énorme ». Celui pour qui la transformation des ressources naturelles et agricoles constitue un des piliers de sa stratégie de leadership à la tête de la BAD voit en Dangote Industries « un accélérateur de la croissance de l’Afrique ».

La raffinerie nigériane pourrait en inspirer d’autres
Alors que le continent se trouve à la croisée des chemins, dans le contexte de développement accéléré à l’aune de l’Agenda 2030 des Nations Unies, 2063 de l’Union africaine (UA) et de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) qui établira un marché africain géant, l’APPO s’attend à d’autres projets industriels similaires ailleurs sur le continent.

« Le succès de Dangote pourrait inciter à l’émergence de projets similaires, malgré le débat autour de la transition énergétique », a déclaré Dr. Omar Farouk Ibrahim, estimant que l’adoption à 100% des énergies renouvelables ne pourra se faire dans l’immédiat « y compris dans les pays développés ».

Le sujet de la transition énergétique est en effet devenu majeur ces dernières années, en raison des dérèglements climatiques observés sur la planète. En marge de la COP26, une vingtaine de pays d’institutions a décidé de réduire ou stopper le financement d’énergies fossiles à partir de fin 2022. Mais au sein de l’Industrie en Afrique, personne ne croit à un recours exclusif et immédiat aux énergies renouvelables. Dans un récent entretien avec LTA, Bruno Itoua, ministre des Hydrocarbures du Congo et président l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) défendait plutôt « un mix-énergétique ».

En attendant d’y arriver, la raffinerie de Dangote qui sera la plus importante du Continent reste très attendue. Au Nigeria, la compagnie pétrolière nationale et quelques entités du secteur privé cherchent à en rejoindre le tour de table.

(AFRIQUE LA TRIBUNE)

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