Dans les perspectives économiques régionales de l’Afrique subsaharienne, en conférence de presse, Abebe Aemro Selassie, Directeur du Département Afrique du FMI a porté ce plaidoyer partagé sur le portail officiel du FMI. Voici l’intégralité de son discours…
Bonjour et bienvenue au briefing du FMI sur les perspectives économiques de l’Afrique subsaharienne.
Les Assemblées annuelles reviennent sur le continent africain pour la première fois depuis 50 ans, et comme beaucoup d’entre vous le savent, le FMI a lancé mardi un numéro spécial rassemblant des données de toute l’Afrique.
Ce matin, je discuterai des perspectives de l’Afrique subsaharienne.
2023 a été une année difficile pour l’économie de la région, avec une croissance ralentissant à 3,3 pour cent contre 4 pour cent en 2022.
Mais nous sommes prudemment optimistes et pensons qu’une lumière se profile à l’horizon. La croissance devrait rebondir à 4 % en 2024 et devrait être généralisée.
Il est important de noter que les autorités de nombreux pays s’efforcent de remédier aux déséquilibres macroéconomiques. Les déficits budgétaires, par exemple, se sont réduits, contribuant ainsi à stabiliser la dette publique dans la plupart des pays.
Ces résultats sont encourageants, compte tenu des forts vents contraires externes, tels que le ralentissement de la demande internationale, un accès coûteux et difficile au financement,
Il est néanmoins trop tôt pour se réjouir, car de nombreux défis nous attendent. La crise du financement n’est pas terminée et, même si les niveaux d’endettement se sont stabilisés, le coût des remboursements a augmenté et les ratios élevés du service de la dette par rapport aux revenus risquent d’évincer les dépenses vitales de développement.
L’inflation est également encore trop élevée, un tiers des pays ayant une inflation à deux chiffres.
Les décideurs politiques de la région sont confrontés à certains des défis politiques les plus redoutables au monde. Ils doivent s’efforcer de maintenir la stabilité macroéconomique dans un contexte de ressources limitées, et répondre aux besoins humanitaires et de développement urgents, alors qu’ils continuent d’être confrontés à des chocs fréquents et à une fragilité.
Dans ce contexte, il peut être utile de se concentrer fortement sur quatre priorités politiques interdépendantes :
Premièrement, lutter contre l’inflation. Dans les pays où l’inflation est élevée et en hausse, un nouveau resserrement pourrait être justifié. Les pays où l’inflation est à la fois en baisse et en passe d’atteindre leur objectif pourraient suspendre le resserrement de leur politique monétaire. Cela est important en raison de l’effet extrêmement négatif de l’inflation, qui érode les revenus des plus pauvres de la société.
Deuxièmement, réduire les vulnérabilités liées à l’endettement, tout en créant un espace pour les dépenses de développement. Cela nécessite un équilibre délicat entre l’augmentation des recettes intérieures et les réformes visant à favoriser la croissance.
Troisièmement, permettre au taux de change de se déprécier là où cela est nécessaire. Éviter les pressions à la dépréciation au prix de l’épuisement des rares réserves internationales et de l’érosion de la compétitivité finit souvent par poser davantage de problèmes par la suite.
Et enfin, continuer à accroître les investissements dans les domaines prioritaires : la santé, l’éducation et les infrastructures propices à la croissance.
Notre région abrite une population jeune, créative et en croissance rapide, nous devons investir dans elle dès maintenant pour lui permettre d’atteindre son plein potentiel et pour que le 21ème siècle soit le siècle de l’Afrique.
Par Abebe Aemro Selassie, Directeur du Département Afrique du FMI