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Pêche – Prise accidentelle des oiseaux et des tortues : 700 000 oiseaux et 300 000 tortues tués chaque année

Un projet vise à protéger ces espèces d’oiseaux, dont l’existence est aussi une garantie de l’activité de la pêche.

 Les captures accidentelles d’espèces vulnérables telles que les oiseaux et les tortues constituent un fléau mondial qui menace l’équilibre des écosystèmes marins. On estime qu’environ 700 000 oiseaux de mer et un peu plus de 300 000 tortues marines sont annuellement tués dans les opérations de pêches industrielle et artisanale. Les eaux sous juridiction des Etats membres de la Commission sous régionale des pêches (Csrp)  que sont la Mauritanie, la Gambie, le Cap-Vert, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Sénégal et la Sierra-Leone, enregistrent à elles seules environ 1/5 des captures marines mondiales.
Les eaux de ces pays membres de la Csrp sont soumises à une pêche intensive opérée par des flottes artisanales, semi-industrielles et industrielles, qui utilisent une variété d’engins dont les palangres, les sennes tournantes, les chaluts, les filets maillants, entre autres. Aussi, ces importantes activités de pêche chevauchent avec les zones de distribution des eaux de mer ou avec les couloirs de migration de certaines espèces marines présentes dans la région.
A travers le monde, les impacts des activités de pêche sur les espèces vulnérables telles que les oiseaux et les tortues de mer font, de plus en plus, l’objet de préoccupations et de suivis particuliers dans les principales pêcheries. Des solutions, pour réduire la mortalité des oiseaux et des tortues de mer dans les pêcheries, sont développées et mises en œuvre.
C’est dans ce cadre qu’un atelier régional de formation des observateurs à bord sur la collecte de données pour les prises accidentelles des oiseaux et tortues de mer en Afrique de l’Ouest de cinq jours a été ouvert la semaine dernière à la Somone.
Selon Ahmed Diamé, le coordonnateur du projet Bycatch dont le plan d’action est mené par BirdLife International avec le soutien financier de la Fondation Mava et une étroite collaboration avec les agences gouvernementales et les instituts de recherche, ce projet couvre 7 pays et a pour objectif de travailler ensemble afin d’établir un cadre opérationnel qui va permettre de réduire les prises accidentelles des oiseaux et tortues de mer dans les pêcheries industrielles en Afrique de l’Ouest. Mais également de mettre en œuvre ce cadre opérationnel. «Il faut noter qu’aujourd’hui, ces groupes d’espèces jouent un rôle important dans le maintien de l’écosystème marin. Aujourd’hui, s’il n’y en a plus, il se peut qu’il n’y ait plus de poissons. Et cela, il est important que les décideurs et les acteurs de la pêche industrielle le comprennent pour qu’on puisse ensemble, voir comment les protéger. Donc l’objectif de cet atelier, c’est d’outiller les observateurs des pays de la Commission sous régionale des pêches sur ces protocoles de collecte de données et sur les prises accidentelles. Mais également, quelles sont les solutions qui existent pour minimiser et réduire ces prises et comment mettre en œuvre ces techniques», a souligné M. Diamé.
Ainsi, la disparition de ces groupes d’espèces, qui jouent un rôle important dans le maintien de l’écosystème marin, risque de provoquer également la disparition du poisson. «Pour prendre des décisions concernant la protection de ces espèces vulnérables, il est important d’avoir des données fiables. Et pour avoir des données fiables, il faut des gens très bien formés, capables de les collecter en mer. C’est l’objectif majeur de cette formation qui permettra d’outiller les observateurs des pêches des pays de la Commission sous régionale sur ce protocole de collecte de données en mer. Mais également, sur les techniques d‘identification des espèces de tortues et d’oiseaux de mer. Et enfin, on va ensemble, avec eux, leur montrer les techniques qui existent pour atténuer ces prises accidentelles d’oiseaux et de tortues de mer dans les activités de pêche industrielle», a déclaré le coordonnateur du projet Bycatch.

Un problème mondial
Dans plusieurs zones et régions du globe, des efforts et des initiatives sont mis en œuvre pour apporter des solutions efficaces à ces problèmes. Mais le malheur est qu’en Afrique de l’ouest et surtout dans la zone Commission sous régionale de surveillance des pêches, on ne connaît pas l’ampleur de ce phénomène. D’ailleurs, dans un passé très récent, ces prises ne faisaient pas l’objet d’un suivi régulier et systématique de la part des programmes d’observation et de la part des autorités en charge des questions de pêche. Ce sont des espèces protégées dans la plupart de ces pays mais cette protection reste à être matérialisée et qu’on signifie dans les législations que leur pêche, leur conservation et leur transport sont interdits.
Créé en 2017, ce projet a dans sa première phase, obtenu de résultats satisfaisants. «On a élaboré des cartes et on comprend maintenant où se situent les oiseaux la plupart du temps. On sait où se font les activités de pêche dans la sous-région ; on a également des cartes de chevauchement entre la présence des oiseaux et les activités de pêche. Maintenant, nous avons juste besoin des données sur le problème des prises accidentelles et ce qui est en train d’être fait par les acteurs pour pouvoir ensemble, avec les décideurs, les acteurs de la pêche industrielle, mettre sur la table, les stratégies qu’il faut pour réduire cet impact sur les espèces», a conclu Ahmed Diamé.
(LEQUOTIDIEN)

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