A la UneAfriqueDémocratieInternationaleJusticeSénégalUemoa & Cedeao

Ousmane Sonko mis aux arrêts, l’opposant sénégalais accusé de « Vol avec violence » par le Procureur

Premier ministre Ousmane Sonko
Il est accusé d’avoir « volé » le téléphone d’une agente de la gendarmerie après avoir arraché l’appareil au motif qu’il était filmé. Les autorités administratives de Dakar se préparent à faire face à une éventuelle nouvelle vague de réactions violentes.

L’opposant politique sénégalais Ousmane Sonko est détenu depuis quelques heures par la gendarmerie nationale. Il a été appréhendé à son domicile dans la soirée du vendredi, quelque temps après une altercation avec une agente des forces de l’ordre dont il s’est saisi du téléphone mobile.

« Il a volé avec violence le téléphone portable d’une femme gendarme dont le véhicule était tombé en panne aux abords de son domicile, et a aussitôt appelé le peuple, par un message subversif divulgué sur les réseaux sociaux, à se tenir prêt » relate le procureur de la République près du tribunal hors classe de Dakar, qui ajoute que « depuis un certain temps, il a été relevé à l’encontre du sieur Ousmane Sonko des actes, déclarations, écrits, images, et manœuvres sur plusieurs supports et en diverses circonstances ».

Des accusations de subversion et une de vol contestée par le concerné qui donne sa version des faits via ses réseaux sociaux. Il affirme avoir arraché le téléphone d’un des agents des renseignements généraux en poste permanent devant son domicile depuis son procès de mai 2023, au motif qu’il le filmait, et lui avoir demandé de le déverrouiller et d’effacer les images prises.

« Je demande au peuple de se tenir prêt pour faire face à ces abus sans fin » lance-t-il, accusant dans la foulée les gendarmes de lui avoir « volé 4 téléphones portables, un ordinateur MacBook Pro […] une valise de vêtements et une somme de 2 millions FCFA », ainsi que son arme avec autorisation dans ce qu’il qualifie de kidnapping. La sûreté urbaine du commissariat central de Dakar a été instruite pour ouvrir une enquête sur les chefs d’accusation à son encontre et celle « des autres personnes impliquées ».

Pour prévenir de potentielles émeutes similaires à celles qui ont récemment secoué Dakar lors des procès du même Sonko, et qui ont causé au moins 30 pertes en vies humaines ainsi que de sérieux dégâts matériels, le gouverneur de Dakar vient d’interdire la circulation de motocyclettes et cyclomoteurs dans toute la commune jusqu’au 31 juillet à 00 h. La vente de carburant en vrac est également proscrite jusqu’au samedi 5 août à 00 h. Il a également mobilisé des forces de l’ordre pour se déployer dans la ville, relativement calme pour l’instant selon nos contacts sur place.

Pour rappel, Ousmane Sonko vivait confiné chez lui sous surveillance policière depuis sa condamnation le 1er juin à 2 ans de prison ferme pour « Corruption de la jeunesse », un verdict ‘’socratique’’ qui l’avait néanmoins acquitté des accusations de viol et menaces de mort qui pesaient sur lui. Le porte-parole du gouvernement sénégalais, Abdou Karim Fofana, et le ministre de la Justice Ismaïla Madior Fall avaient fait savoir qu’il pouvait être mis aux arrêts n’importe quand sur ordre du Procureur de la République.

« Je suis très pressé qu’ils aient le courage d’aller au bout de leur logique » avait rétorqué Sonko le 6 juillet, les accusant de chercher à empêcher sa candidature à l’élection présidentielle de 2024. Un apaisement apparent des tensions avait été observé ces derniers jours, avec la libération de 2 de ses partisans et cadres de son parti le PASTEF : le parlementaire Birame Souleye Diop, vice-président du PASTEF (inculpé pour des déclarations offensantes à l’endroit du président Macky Sall), et El Malick Ndiaye, secrétaire national aux communications du parti (inculpé pour propagation de fausses nouvelles et manœuvres visant à compromettre la sûreté publique).

Lundi dernier, les barrières bloquant l’accès à la résidence de l’opposant avaient même été levées, allégeant le dispositif policier. Bien qu’il ait déjà été déclaré inéligible du fait de son casier judiciaire, cette nouvelle arrestation relance de plus belle les débats sur sa participation aux joutes présidentielles de 2024.

Dans la même rubrique

Laissez un commentaire

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que cela vous convient, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. Accepter En savoir plus