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Ousmane Diankha, enseignant-chercheur en océanographie : «Le Sénégal n’a pas les moyens de faire face à une marée noire»

«Le Sénégal, qui s’apprête à exploiter son pétrole offshore, n’a pas les moyens de faire face à une marée noire», alerte l’enseignant-chercheur en océanographie, écosystèmes marins et côtiers à l’Université Iba Der Thiam de Thiès (Uidt). Ousmane Diankha s’exprimait en marge de la Journée des océans, célébrée hier à l’établissement d’enseignement universitaire. Il estime que «même les pays riches ont du mal à maîtriser les marées noires», pour faire remarquer que «partout où il y a du pétrole, cela représente un danger pour la mer notamment à Cayar, Sango­mar, Saint-Louis et Casa­mance. Et une marée noire dans le delta du Sine Saloum, par exemple, tuerait la mangrove, réservoir de biodiversité, et entraînerait des déplacements de populations vivant principalement de pêche, et qui vont s’appauvrir». Pis, ajoute-t-il, «les marées noires ne se limitent pas aux poissons, elles affectent aussi les oiseaux». Pour simplement dire, «le pétrole est une menace pour la biodiversité et le secteur économique côtier». Outre l’exploitation du pétrole, l’enseignant-chercheur estime que d’autres menaces contre les océans ont été identifiées. Il s’agit, notamment, de la pollution liée aux micro-déchets plastiques qui, consommés par les poissons, s’introduisent dans la chaîne alimentaire pour s’accumuler dans le corps humain, mais également et surtout les usines de farine de poisson. Pour cette dite menace, il explique que les petits pélagiques assurent 73% des besoins en protéines animales de la population sénégalaise, or regrette-t-il, «ces poissons juvéniles sont capturés et vendus à des usines implantées sur place et transformés en farine de poisson, pour nourrir des espèces dont la production ne nous suffit pas. Cette farine est utilisée dans la nourriture de poissons élevés en aquaculture». Et d’avertir : «Ces usines contribuent à appauvrir nos mers qui, à ce rythme, n’auront plus de poissons dans dix ans.» Toutefois, le Professeur précise qu’il n’est pas contre l’aquaculture, mais il faut qu’elle soit «responsable». Au-delà des déchets plastiques et des usines de farine de poisson, il a relevé que «la surpêche est un autre mal qui frappe les mers». Il recommande ainsi aux nombreux étudiants, venus assister à la cérémonie, de s’informer sur le rôle des océans qui sont les premiers producteurs d’oxygène du globe, devant l’Amazonie, à hauteur de 50%. En plus de la production d’oxygène, les océans ont des fonctions de régulation du climat et d’atténuation des changements climatiques, renseigne Ousmane Diankha qui conseille aux sénégalais de lutter contre la surpêche, de limiter l’utilisation des plastiques, d’éviter les produits cosmétiques contenant des microbilles, de participer au nettoyage des plages et de promouvoir le recyclage.

(LEQUOTIDIEN)

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