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Nigeria: menaces sur les banques commerciales, suite à l’augmentation du niveau des réserves obligatoires à constituer

Pour la première rencontre de son Comité de politique monétaire de l’année 2020, la Banque centrale du Nigeria a décidé de relever de 5 points de pourcentage, le niveau des réserves obligatoires à déposer par les banques commerciales relativement à l’ensemble de leurs dépôts. L’institution d’émission monétaire de la première économie d’Afrique en termes de produit intérieur brut a dit qu’elle prenait cette décision pour limiter l’inflation.

En effet, l’inflation qui marque une hausse généralisée des prix au sein d’une économie a atteint 11,8% à la fin de l’année 2019. Mais les analystes des sociétés d’investissement actives au Nigeria pensent que cette raison n’est pas cohérente. Pour Cardinal Stone, la Banque centrale n’est en droit d’intervenir que si l’inflation est purement d’origine monétaire, c’est-à-dire s’il y a trop d’argent en circulation plus que l’économie n’en a besoin.

Dans le cas du Nigeria, ce n’est pas exactement le cas. La hausse généralisée des prix est davantage liée à un déficit de l’offre notamment alimentaire, qui résulte de la fermeture par le gouvernement de la frontière avec le Benin et le Niger ; ce qui a débouché sur une augmentation du prix de plusieurs aliments de base. Les experts de la firme Cardinal Stone pensent que le Comité de politique monétaire a par contre anticipé sur le fait qu’il risque d’y avoir une réelle demande de monnaie, vu tous les facteurs de hausse de prix qui s’accumulent au sein de l’économie. En effet, le gouvernement fédéral a réussi à faire passer une hausse du salaire minimum des fonctionnaires, et une augmentation de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), ainsi que l’introduction de plusieurs taxes sur la consommation des services comme les télécommunications.

La recherche d’un naira plus stable serait le réel objectif poursuivi

Dans cette optique, l’objectif visé par cette nouvelle mesure serait de minimiser la pression de tous ces facteurs sur les réserves de change du pays, qui à fin 2019, se situaient à 38,9 milliards $, en dessous de la moyenne des 41 milliards $ des douze précédents mois. Et pour cause, les investisseurs étrangers de la dette nigériane, et qui lui permettent de stabiliser la valeur de sa monnaie, craignent désormais que survienne une nouvelle dévaluation du naira, après que les agences de notation ont ramené leurs perspectives sur son profil d’émetteur à négatives. Il y a par ailleurs, la concurrence que livre l’Egypte, dont les bons du Trésor offrent des rendements à 14,5% contre 13,6% pour le Nigeria. La croissance du pays est attendue à 5% contre un peu plus de 2% pour le Nigeria.

Les banques commerciales risquent d’être secouées, surtout, qu’on ignore comment sera appliquée la nouvelle mesure. Dans la norme, le secteur bancaire dans son ensemble, affiche un niveau de réserves obligatoires de l’ordre de 29,7%, bien au-dessus du nouveau taux de 27,5%. Mais une part de ces réserves reste disponible, car elles constituent un excédant. Si le nouveau taux s’applique aussi aux dépôts déjà existants, cela risque d’éponger près de 831 milliards de nairas dans le secteur, selon ARM Investment, une autre société locale d’investissement.

Dans la foulée, en plus de mobiliser plus de ressources pour leurs dépôts, les banques commerciales seront tenues d’en transformer 65,5% en crédit à l’économie, dans des secteurs autres que des placements sur les titres publics. C’est une équation difficile pour ces institutions qui seront contraintes de rechercher des ressources par principe qui seront plus couteuses, pour effectuer leurs activités d’intermédiaires financiers.

ARM Invest minimise cependant les conséquences qu’il pourrait y avoir sur la rentabilité des banques commerciales, notamment celles cotées sur le Nigerian Stock Exchange. Elle pourrait baisser de 4%, mais leur valorisation boursière ne perdrait pas pour autant, car le secteur continue de plaire aux investisseurs boursiers. Rappelons que de nombreuses banques nigérianes sont dans le portefeuille d’investissement de plusieurs firmes de private equity ainsi que des fonds indiciels cotés.

Ecofin

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