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Mobilisation des ressources en Afrique : La CEA lance le Mécanisme de liquidité et de viabilité

La Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) a lancé, hier, en marge de la Cop26, le Mécanisme de liquidité et de viabilité (MLV) afin d’offrir aux gouvernements africains une structure de liquidité de même qualité que les standards internationaux, pour répondre aux besoins spécifiques du continent en termes d’émissions souveraines sur le marché des obligations en euros.

Le Mécanisme de liquidité et de viabilité (MLV) a été lancé hier, par la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA). L’objectif de ce nouvel instrument est d’offrir aux gouvernements africains une structure de liquidité de même qualité que les standards internationaux. Ceci afin de répondre aux besoins spécifiques du continent en termes d’émissions souveraines sur le marché des obligations en euros.

‘’Plus que jamais, l’Afrique a aujourd’hui besoin de liquidité afin de financer son rétablissement économique et d’investir pour un environnement durable Le Mécanisme de liquidité et de viabilité est lancé aujourd’hui lors de la Cop26, dans le but de créer rapidement un impact positif et concret à grande échelle, grâce à une nouvelle classe d’actifs qui va permettre de mobiliser le capital privé de manière efficace et de soutenir le développement économique de l’Afrique. Nous sommes très reconnaissants envers nos partenaires internationaux, pour leur intérêt et soutien, et souhaitons œuvrer de concert avec toutes les institutions mondiales et régionales clés afin de développer le MLV. Celui-ci devrait apporter plus de transparence aux marchés de dette africains et améliorer la soutenabilité de la dette’’, explique la secrétaire exécutive de la CEA, Vera Songwé, par ailleurs Secrétaire générale adjointe de l’ONU.

Le MLV a aussi pour objectif, selon un communiqué de la CEA, de proposer aux investisseurs privés internationaux souhaitant investir en Afrique, un environnement ‘’robuste’’ et des opportunités d’investissement diversifiées, en particulier dans le domaine des Objectifs de développement durable (ODD). ‘’Ces objectifs seront atteints par la mise en œuvre d’un marché de pension livrée avec le MLV utilisant des émissions souveraines africaines comme collatéral. Le MLV sera accompagné par Citi en tant qu’agent de structuration qui apportera son expertise de mise en œuvre de ce type de mécanisme, par les cabinets d’avocats White & Case LLP et Matheson, ainsi que par le cabinet de conseil Eighteen East Capital’’, renseigne le texte.

Une première transaction qui devrait être annoncée au premier trimestre 2022, pour un montant de 200 millions de dollars américains, est en cours et a d’ores et déjà reçu l’intérêt de grands gestionnaires d’actifs internationaux tels qu’Amundi. Cette transaction sera financée par Afreximbank. ‘’Nous pensons qu’il offre la possibilité de créer un nouveau paradigme de financement pour le continent, ce qui devrait stimuler sa croissance économique et un développement durable tout en attirant des investissements diversifiés de la part de la communauté internationale’’, estime le président-directeur général et président du Conseil d’administration d’African Export–Import Bank (Afreximbank), Dr Benedict Okey Oramah.

11 milliards de dollars américains à économiser sur les cinq prochaines années

Il convient aussi de relever que le MLV a aussi pour ambition de favoriser les investissements durables tels que les obligations souveraines vertes et ODD. Il va ainsi permettre, selon ses initiateurs, d’augmenter la liquidité des obligations souveraines ODD et de celles liées à des enjeux climatiques émises par les pays africains. Ce qui devra ‘’accroître de façon majeure’’ le volume des émissions bleues et vertes et à des taux ‘’plus abordables’’.

La part des obligations durables émises en Afrique et au Moyen-Orient représente aujourd’hui seulement 1 % du montant global. Ce qui donne à penser, selon la CEA, qu’il y a un ‘’vaste potentiel’’ de croissance et de nombreuses opportunités d’investissement à développer pour les investisseurs ODD. ‘’Le MLV devrait permettre d’abaisser les coûts d’emprunt des nations africaines, en transformant leurs obligations souveraines en actifs liquides et en améliorant la soutenabilité de leur dette. Grâce à ce mécanisme, l’Afrique pourrait ainsi économiser un montant estimé à onze milliards de dollars américains sur les cinq prochaines années. Suite à sa première transaction financée par Afreximbank, le MLV devrait lever trois milliards de dollars américains en requérant le prêt de droits de tirage spéciaux (DTS) de la part des pays développés, suite à la récente allocation par le FMI de l’équivalent de 650 milliards de dollars américains le 23 août 2021’’, souligne la CEA.

Pour sa part, la conseillère économique et financière du président nigérian a relevé que pour avoir les ressources dont les pays africains ont besoin pour financer notre développement, il leur faut un espace budgétaire. ‘’Nous avons des ratios de dette relativement élevés. Nous avons donc besoin de suffisamment d’espace pour investir, pour répondre à nos besoins et ceux des marchés. Nous devons frapper aux portes des institutions internationales de financement et cette facilité nous permet d’avoir cet accès. Nous devons pouvoir disposer d’un accès plus facile aux marchés internationaux. Cette initiative est la bienvenue, surtout en cette période de Covid-19’’, a dit le Dr Sarah Omotunde Alade.

D’après la conseillère économique du président Muhamed Buhari, ce mécanisme va leur permettre de répondre aux besoins de leurs populations et de disposer d’assez de ressources pour financer les projets clés pour le développement de leurs pays au cours des prochaines années. ‘’Nous allons pouvoir investir dans les infrastructures, l’énergie, le transport, l’agriculture, etc. L’Afrique a un besoin crucial d’investissement, notamment dans le secteur de l’agriculture et des services publics. C’est donc le moment pour tous de s’engager grâce à cet instrument pour le financement de ces secteurs. Il permet également de réduire l’écart entre les financements publics et privés. Ceci, afin de permettre d’atteindre nos objectifs de développement d’ici 2030’’, soutient-elle.

De son côté, le président de la République de Côte d’Ivoire trouve qu’il est ‘’crucial’’ d’avoir une approche ‘’différenciée’’ et des mécanismes de soutien pour permettre aux pays avec une dette soutenable et ayant accès au marché international des capitaux, comme la Côte d’Ivoire, de mobiliser des ressources longues à des taux d’intérêt plus bas.

‘’Toutes les initiatives, notamment le Mécanisme de liquidité et de viabilité, et un recours plus accru aux ressources des fonds de pension, doivent être considérés’’, préconise Alassane Ouattara.

Il urge aussi de notifier que le MLV a vocation à opérer selon les normes les plus élevées en matière de gouvernance et de transparence. Les obligations éligibles que le mécanisme acceptera comme garantie seront revues régulièrement et la priorité sera donnée aux pays ayant de bons antécédents en matière de réforme des politiques publiques et une gouvernance solide. Le mécanisme aura recours à la documentation standard relative aux pensions livrées. Le MLV sera supervisé par un conseil dont les membres seront annoncés prochainement.

(ENQUETE)

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