A la UneDéveloppementInformatiqueInternationaleMatières PremièresTechnologie

Matières premières : L’Indonésie se rêve en championne des batteries électriques

L’Indonésie a l’ambition d’être le pays où seront produites les batteries des voitures électriques. Pour cela, le premier producteur de nickel, un composant clé pour les batteries, fait tout pour inciter les grands groupes à installer leurs productions dans leur pays.

C’est une ambition qui taraude l’Indonésie depuis longtemps : s’enrichir, et même peut-être devenir officiellement un pays développé en utilisant de manière stratégique ses ressources en nickel. Pour cela, Jakarta a déjà pris par le passé des mesures sans concession pour favoriser la transformation de cette matière première directement sur son territoire, en interdisant l’exportation de nickel brut. Mais les autorités songent désormais à aller encore plus loin en taxant l’exportation de produits dont la teneur en nickel est inférieure à 70% a annoncé le ministre de l’Investissement.

Jakarta ne s’en cache pas, derrière toutes ces annonces et décisions, son but ultime est de devenir un pays clef de la production de batteries pour voitures électriques. Cette industrie capte pour l’instant seulement 5% du nickel extrait dans le monde, mais elle semble promise à un bel avenir alors que bon nombre de pays cherchent à réduire leurs émissions de CO2 et à trouver des alternatives au pétrole.

Pourtant, si l’Indonésie demeure le premier pays producteur de nickel, ses mines produisent majoritairement du nickel latéritique, moins pur et moins propice à la fabrication de batterie électrique que le nickel sulfuré, surtout présents en Afrique du Sud, au Canada, en Australie et en Russie. Mais grâce au procédé de lixiviation acide à haute pression, il demeure également possible d’exploiter ses mines pour produire du sulfate de nickel ensuite employé pour les batteries.

L’Indonésie et ses mannes de nickel se positionnent également comme une alternative à un autre pays pourvoyeur de minerai précieux pour les batteries électriques : les mines de cobalt de la République démocratique du Congo étaient abondamment utilisées pour la fabrication de batterie lithium-ion. Mais des scandales d’exploitation d’enfants, un contexte géopolitique instable et une exploitation plus coûteuse incitent de plus en plus les fabricants à trouver de nouveaux matériaux et de nouveaux partenaires.

Pour l’instant, la stratégie de l’Indonésie semble plutôt payante, avec la construction en cours d’une usine de batteries pour les groupes coréens LG Energy Solution et Hyundai Motor Group et l’annonce toute récente d’un projet similaire du côté des chinois Shenzhen Chengixin Lithium Group et Tshingshan. Le leader mondial, CATL à quant à lui annoncé plus tôt cette année investir 5 milliards de dollars dans la production de batterie en Indonésie.

Mais si le nickel est donc l’objet de beaucoup d’ambition, il s’est aussi souvent montré fidèle à son surnom de « métal du diable ». Ses prix en bourse sont connus pour être très volatils, et en Indonésie, les observateurs s’inquiètent du devenir des déchets produits par les mines de nickel, de possibles contaminations des eaux. Aussi, quand Elon Musk a proclamé l’année dernière que son entreprise Tesla était en quête de grandes quantités de nickel produites de manière durable, l’industrie minière indonésienne s’est frottée les mains, mais les écologistes, eux, n’ont pas manqué de se demander si une telle chose existait seulement.

(RFI)

Dans la même rubrique

Laissez un commentaire

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que cela vous convient, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. Accepter En savoir plus