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Maroc : Les députés votent la légalisation thérapeutique du cannabis

Les députés marocains ont adopté mercredi la loi autorisant l’usage thérapeutique du cannabis, réforme majeure pour ce pays d’Afrique du Nord considéré comme un des premiers producteurs de haschisch au monde.

Le texte sur “les usages licites du cannabis, médical, cosmétique et industriel”, a été adopté par la Chambre des représentants avec 119 voix pour et 48 contre. L’usage récréatif reste par contre interdit et passible de poursuites. L’objectif du projet de loi – qui doit encore être approuvée par la deuxième chambre du Parlement avant d’être ratifié – est de “reconvertir les cultures illicites destructrices de l’environnement en activités légales durables et génératrices de valeur et d’emploi”, selon le texte.

Les députés du Parti justice et développement (PJD), à la tête de la coalition gouvernementale, ont été les seuls à voter contre le texte présenté par l’exécutif, en dénonçant “précipitation” et risque “d’exploitation pendant les campagnes électorales” pour les régionales en septembre et les législatives début octobre.

Premier producteur mondial
Le Maroc est classé premier producteur mondial de résine de cannabis, selon le rapport annuel 2020 de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime. Les chiffres révélés récemment à Rabat font état de “55 000 hectares cultivés en 2019”, essentiellement dans le Nord, avec des revenus annuels qui sont passés d’environ 500 millions d’euros au début des années 2000 à près de 325 millions d’euros en 2020, et un “chiffre d’affaires consolidé en Europe” de près de 10,8 milliards d’euros.

Une étude publiée en 2020 par le réseau indépendant “Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée” estimait pour sa part la production du Maroc à plus de 700 tonnes par an, pour une valeur totale d’environ 19 milliards d’euros.

Croissance de 60%
Le royaume table sur le “développement soutenu” du marché mondial du cannabis médical, avec des prévisions de croissance moyenne annuelle de l’ordre de 60% en Europe, son “marché cible”. Les recettes agricoles annuelles sont estimées entre 420 millions et jusqu’à 630 millions de dollars à l’horizon de 2028.

Traditionnellement cultivé depuis des siècles dans la région montagneuse du Rif, autorisé sous le protectorat français, interdit en 1954 mais toléré depuis, le “kif” fait actuellement vivre 400 000 personnes, soit 60.000 familles, selon les chiffres officiels.

Jusqu’à présent, les petits cultivateurs du Nord touchaient “4% du chiffre d’affaires final dans le circuit illégal” contre potentiellement “12% dans le marché légal”, d’après l’agence MAP. La légalisation de l’usage thérapeutique vise à améliorer leurs conditions de vie et à les protéger des réseaux de trafics de drogue.

(AFRICANEWS)

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