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Libre échange avec… Djibril Diatta, expert en Pme au ministère du Commerce : «Ce n’est qu’avec l’entreprenariat que nous pourrons rehausser le niveau économique du pays»

«L’entreprenariat des jeunes et des femmes ainsi que leur insertion dans le marché de l’emploi et du travail» : tel est le thème qui a été au centre des débats à l’occasion de la 2ème édition du congrès annuel de l’Union pour le développement de Barakesse (Udb), commune de Kataba 1. Occasion pour Djibril Diatta, consultant, spécialiste des Pme, en service au ministère du Commerce et des Pme, de lister les dispositifs institutionnels et juridiques mis en branle par l’Etat dans le cadre de la politique de l’emploi des jeunes et de disséquer les opportunités qui s’offrent à la jeunesse casamançaise peu encline à développer, selon lui, l’esprit d’entreprenariat.

Le congrès de l’Union pour le développement de Barakesse 2021 a pour thème «L’entreprenariat des jeunes et des femmes ainsi que leur insertion dans le marché de l’emploi». Que vous inspire-t-il ?
Ce thème qui consiste à réfléchir sur l’entreprenariat des jeunes et des femmes ainsi que leur insertion dans le marché de l’emploi et du travail se justifie par le fait que la situation socioéconomique de notre pays, le Sénégal, est fondamentalement marquée par un chômage accru, un sous-développement et un sous-emploi des jeunes et des femmes. Alors, le président de la République Macky Sall, soucieux et conscient du phénomène, a voulu apporter une solution concrète à cette question. Il a donc appelé dans un sens la jeunesse à venir s’expérimenter, s’initier dans l’activité privée, c’est-à-dire l’activité entrepreneuriale, pour essayer d’apporter une solution durable à cette question qui gangrène vraiment nos finances.

Est-ce que les jeunes sont assez outillés pour entreprendre ?
Au fait, l’appel du chef de l’Etat est venu trouver une initiative de mise en place d’un dispositif institutionnel d’une part et financier d’autre part, pour apporter des facilitations aux jeunes porteurs de projets et aux jeunes en entreprenariat actifs. Nous comptons énormément de structures institutionnelles, d’entreprisses de base, de structures d’appui, financières qui proposent des fonds aux jeunes demandeurs, des accompagnements aux porteurs de projets et qui des engagements à ces derniers. Mais le chef de l’Etat ne s’est pas limité à ce niveau ou à faire confiance seulement à ces structures, mais il est allé au-delà de cette question en se proposant de mettre à leur disposition une très forte enveloppe estimée à 450 milliards de francs Cfa…
C’est dire qu’avec l’initiative prise par les jeunes de venir répondre à l’invite des organisateurs de ce congrès pour savoir comment s’approprier les questions de l’heure ou comment faire pour s’en sortir en se donnant une activité génératrice de revenus, on pense bien qu’on peut pousser un ouf de soulagement, tout en leur disant que d’ici 2 à 3 ans les financements qui constituaient un problème à l’initiative privée des jeunes et des femmes, toutes ces préoccupations de la jeunesse, vont trouver une solution, car on peut espérer que ces outils ont été renforcés par cette enveloppe que le Président Macky Sall a voulu mettre à leur disposition.

Dans une zone comme la Casamance, riche en potentialités agricoles et arboricoles, quels mécanismes mettre en place pour doper l’esprit entrepreneurial des jeunes et des femmes ?
Nous constatons ici en Casamance, des obstacles socioculturels. On dit souvent que le ventre qui n’est pas affamé ne pense pas à entreprendre, car si on est rassasié on pense à se divertir, à se relaxer, à dormir. Malheureusement, l’entrepreneur le plus aguerri est celui qui te conte ses souffrances. Quand on ne mesure pas ses souffrances, la faim, ses difficultés pour s’en sortir, on ne porte pas souvent d’initiatives privées. Donc, il nous faut inviter les jeunes Casamançais à comprendre que les réalités ont changé. Et nous avons des potentialités qu’aucune région ne présente. En plus, le Sénégal compte se développer à travers deux axes : la zone centre et sud principalement. C’est pourquoi toutes les politiques et stratégies nationales sont orientées vers ces deux zones. Et nous sommes une zone agricole à forte pluviométrie, une zone forestière, maritime, bref une zone qui pratiquement ne manque de rien. Ce qu’il faudrait dire et faire est d’inviter cette jeunesse à venir s’approprier ces politiques pour pouvoir nous permettre au moins de changer la donne et de développer concrètement, durablement et très sérieusement le Sénégal et la Casamance.

Comme obstacles à l’entreprenariat, vous avez pointé du doigt le non-accès des femmes au foncier, comme d’autres ont évoqué, entre autres difficultés, le problème de la libre circulation des biens et des personnes dans l’espace Cedeao. Quel plaidoyer pour juguler ces barrières qui plombent l’initiative privée ?
Vous savez à notre niveau, au ministère du Commerce, le gouvernement s’est proposé de porter un projet du président de la République. Et c’est la nouvelle loi relative au développement et la modernisation de l’économie. Une loi qui va dans le sens du renforcement du Plan Sénégal émergent (Pse). A travers elle, vous allez voir énormément de facilités juridiques, judiciaires qu’on a faites pour les porteurs de projets, pour les jeunes entrepreneurs. Il y a même un statut de l’entreprenariat qui est développé ici et où on ne tient pas rigueur à des initiatives privées, à des projets de jeunes novices dans l’activité entrepreneuriale et dont on mesure bien les difficultés qui se posent en amont. Nous allons donc essayer de leur faciliter l’accès à des opportunités en les encadrant, car on a des structures d’encadrement, de développement, de suivi, voire des techniciens même qui peuvent être mis à leur disposition. Et ces plaidoyers qu’on fait peuvent être bien perçus à l’instar du «Je vous ai compris». Nous devons, à l’instar du «Je vous ai compris» du Président Macky Sall, entendre et comprendre à notre tour que la nouvelle stratégie est celle de l’implication de tous, principalement de la jeunesse. Il faut prendre en compte leurs aspirations, venir les trouver dans leurs besoins fondamentaux ou dans leurs initiatives primaires pour pouvoir les amener à se professionnaliser, à augmenter leurs ambitions et à aller plus de l’avant.

Quid de l’accès au foncier ?
Le foncier, nous n’en souffrons pas trop en Casamance heureusement, car nous avons plus de terres que les autres. Seulement, on ne créé pas ou on n’entreprend pas de la même sorte que les autres qui en cherchent ; et ce, pour en faire profiter à tous. C’est dire que les facilitations qui se font ailleurs en matière foncière vont être adoptées et appliquées ici pour permettre à ces jeunes de comprendre que ce n’est qu’avec l’entreprenariat que nous pourrons changer la donne et rehausser le niveau économique de notre cher pays, voire même de la sous-région.

Pensez-vous que la jeunesse casamançaise, no­tam­­ment celle du Naran, est assez engagée pour porter le développement de sa con­trée ?
Le constat premier est que l’engagement des jeunes n’est pas à son niveau maximal. Ce que nous pourrions dire et qui est très salutaire est qu’«un tiens vaut mieux que deux tu l’auras». Une manière de dire que les jeunes aujourd’hui, conscients des enjeux de l’heure et qui commencent à porter des initiatives, on les encourage et on va les motiver davantage, car c’est à partir de ces petites initiatives qu’ils peuvent inspirer l’ensemble de la population, notamment celle du Naran et même au-delà, puisqu’aujourd’hui, nous avons trouvé dans cette contrée une entité très forte, l’Union pour le développement de Barakesse, qui symbolise la coopération entre deux pays, le Sénégal et la Gambie. Deux pays où les gens entreprennent. Et nous allons tous porter ce combat, car la solution n’est pas loin et nous allons constater d’ici peu que le Sénégal va mieux.

(LEQUOTIDIEN)

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