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Les fintech sont une menace pour les banques du monde, selon Jamie Dimon, PDG de JPMorgan Chase & Co

Sur la période de 12 mois s’achevant le 31 mars 2021, les fintech du monde ont reçu 91 milliards $ d’investissement de la part des capital-risqueurs. Un montant qui peut paraître faible, mais qui cache une menace pour la zone de confort des banques classiques.

Pour Jamie Dimon (photo), président-directeur général (PDG) de JPMorgan Chase & Co, la banque la plus importante au monde en termes de valeur boursière (496,7 milliards $), la progression des sociétés de technologies focalisées sur les services financiers doit faire l’objet d’une surveillance étroite, a appris l’Agence Ecofin dans une lettre adressée par ce dernier à ses actionnaires.

« Les fintech du monde entier font de grands progrès dans la création de produits et de services bancaires numériques et physiques. Des prêts aux systèmes de paiement en passant par l’investissement, ils ont fait un excellent travail en développant des produits faciles à utiliser, intuitifs, rapides et intelligents. Nous en parlons depuis des années, mais cette concurrence est maintenant partout […] Leurs atouts sont extraordinaires, avec des plateformes omniprésentes et un accès infini aux données », a-t-il fait savoir.

Son jugement n’est pas sans fondement. Au cours du premier trimestre 2021, les investisseurs spécialistes du capital-risque ont injecté 22,8 milliards $ sur les fintech, a appris l’Agence Ecofin d’un récent rapport publié par la plateforme de recherche Cbinsights. Au total, 614 transactions ont été relevées sur la période. En valeur et en volume, cela fait des augmentations respectives de 98% et 15%, par rapport à celles de la même période en 2020.

Cette somme peut sembler faible au regard de la valeur boursière des grandes banques cotées dans le monde. Mais lorsqu’on additionne les investissements du capital-risque sur les fintech depuis le début du 2e trimestre 2020, on obtient la somme de 91 milliards $. Cela représente 72% de la dernière valeur boursière d’American Express (126,2 milliards $), le leader mondial des services de paiements. C’est aussi 57% de Citigroup, l’une des banques diversifiées les plus présentes dans le monde. Cet investissement en 12 mois seulement dépasse également la valeur boursière de BNP Paribas, le premier groupe bancaire coté sur le marché financier français qui ne pèse que 86,4 milliards $.

La covid-19 a davantage mis en évidence l’opportunité qui existe à digitaliser les services financiers pour leur permettre de mieux résister aux nouveaux types de chocs. Jusque-là, la digitalisation dans le secteur de la banque, qu’elle soit de détail ou d’investissement, était un processus pour gagner plus de parts de marché ou améliorer le service à la clientèle. Aujourd’hui, elle est perçue comme un modèle économique d’exploitation des services d’intermédiation financière.

Tous les segments de l’activité bancaire sont concernés….

Tous les segments d’activité des banques sont concernés par cette pluie d’investissements. Le segment transactionnel avec les services de placement en bourse, la gestion de fortune et les services de prêts immobiliers ont collectivement reçu 15,8 milliards $ d’engagements du capital-risque au cours du premier trimestre. Ces secteurs ont soutenu les revenus des banques durant la période où le monde découvrait les défis associés à la covid-19.

Ce positionnement des capital-risqueurs sur les technologies associées aux services financiers survient, alors qu’évolue d’une part le débat sur l’adoption de monnaies digitales émises par les banques centrales et la montée en puissance des monnaies digitales privées comme le Bitcoin et l’Etherum, d’autre part. Dans un cas comme dans l’autre, le rôle des banques comme intermédiaires financiers de choix sera réduit au profit de sociétés financières digitales.

Aussi, derrière ces investisseurs se cachent parfois les géants mondiaux des services technologiques. On a vu en Chine comment Alibaba, la société de distribution fondée par le milliardaire chinois Jack Ma a mis en place un vaste réseau de services financiers, qui n’a arrêté de croître que du fait de l’intervention des dirigeants chinois. Des groupes américains comme Amazon, Facebook, Apple et Google ne cachent pas leurs intentions de mieux contrôler l’argent de leurs utilisateurs.

Cette bataille est aujourd’hui perçue en Afrique dans des pays comme le Kenya où la société de télécommunications Safaricom est devenue le leader des services de paiements au détriment des banques. Sa seule limite est qu’elle n’est pas capable de créer de la monnaie. Des sociétés du même secteur comme Orange ou encore MTN ont mis en place des processus pour ne plus dépendre des banques ou de services extérieurs de technologies financières.

Rappelons cependant que malgré le potentiel qu’elles représentent, les fintech africaines ne reçoivent qu’un investissement marginal du capital-risque international. Même si la valeur est en hausse par rapport au premier semestre 2020, les fintech qui se déploient dans la région n’ont reçu que 120 millions $ d’investissements sur les 12 derniers mois contre par exemple 9,2 milliards $ pour celles qui sont actives en Asie.

(AGENCE ECOFIN)

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