Face à la récurrence des dérapages verbaux, la question de l’usage de la liberté d’expression, sous nos cieux, mérite d’être posée. Personnellement, je déplore cette sorte de détachement face à des propos déplacés, comme s’il était normal d’insulter. Parmi les dernières victimes de ce phénomène regrettable, on pourrait citer Me Abdoulaye Wade, ancien chef d’État, élu à l’issue de scrutins jugés démocratiques et transparents -faut-il le rappeler?-, et, plus étonnant, les Forces armées sénégalaises, qui sont une source de fierté, pour beaucoup, depuis l’Indépendance.
L’injure publique est utilisée pour autant de raisons différentes qu’il y a d’insulteurs. Le plus souvent, c’est dans le but de discréditer, voire de déstabiliser, des rivaux ou pour faire le buzz. Pourtant, la liberté d’expression, léguée par nos aînés, qui l’ont obtenue au prix de nombreux sacrifices, ne devrait pas être brandie pour semer la zizanie.
Nous pouvons avoir des débats contradictoires, sans proférer de menaces ou sortir de vilains mots; nous avons le droit d’exposer des revendications, dès lors qu’elles sont légitimes; nous pouvons protester, dans un cadre légal, sans fouler aux pieds les valeurs de la République.
À mon humble avis, une minorité ne devrait pas manquer de respect à nos concitoyens au point de confondre leurs intérêts personnels à ceux de millions de Sénégalais, qui aspirent à vivre en paix et à subvenir à leurs besoins dans la dignité. En théorie, il y a suffisamment de cerveaux et de bras valides pour prendre en charge le patient nommé Sénégal, afin d’en faire un champion. Mais, il y a des freins à l’émergence. La violence, verbale ou physique, dans l’espace public comme privé, en est un.
Rendons à la liberté d’expression son sens profond. A vos claviers, micros, pinceaux ou stylos! Si c’est pour la bonne cause, peu importe…