Le Sénégalais El Hadj Alioune Diouf, spécialiste en économie internationale analyse pour APA les répercussions du Brexit sur le continent africain.
Avec le Brexit, qu’est-ce qui va changer dans les relations entre le Royaume Uni et l’Afrique ?
On ne sait pas ce qui va se passer. Ce soir, on saura si l’Union Européenne (UE) va faire un accord de libre-échange avec le Royaume Uni. Si tel est le cas, la Grande Bretagne pourra toujours profiter de cette situation de zone de libre-échange de l’UE pour accéder au marché africain. Mais au cas où elle aurait des difficultés pour commercer avec le reste de l’Europe, elle sera alors obligée de se déployer en Afrique, en Amérique et ailleurs.
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Et vu qu’elle a décidé de rompre les amarres avec l’UE, elle est obligée de signer de nouveaux accords avec tous les pays africains. Ce qui semble être un bon challenge pour elle. Je pense qu’ils vont également signer, comme l’a dit le président américain Donald Trump, un grand accord avec les États-Unis. Néanmoins, je pense qu’ils vont rester dans une zone de libre-échange avec l’Europe. Le Royaume Uni pourra donc toujours profiter du marché africain et peut-être du parapluie européen.
Sur le plan économique, que pèse le Royaume Uni en Afrique ?
Le poids économique du Royaume Uni en Afrique est le reflet de son poids sur la scène internationale. Le Royaume Uni fait partie des principaux investisseurs en Afrique et l’un de ses plus importants clients. Il a une présence bien marquée dans les pays les plus forts économiquement sur continent, mais aussi dans les pays francophones. A titre d’exemple, on peut citer le Sénégal où le Royaume Uni intervient de manière très positive. On l’a vu avec la préparation des Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ, 2022) où une banque anglaise a financé la construction du stade olympique. Et les relations entre le Royaume Uni et les pays africains ne se limitent pas qu’à ça. On sait que certains pays comme le Nigeria, l’Egypte, l’Afrique du Sud, le Ghana… sont de gros clients du Royaume Uni. Et ensuite, la City est la première place financière mondiale.
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Le problème stratégique des pays africains, c’est l’attrait de l’investissement. Nous avons un potentiel incroyable dans nos pays, donc nous devons attirer les investisseurs pour se développer. Et justement, un des bons clients de l’Afrique sur ce plan-là, c’est le Royaume Uni. Il garde une présence très importante sur le continent, bien que les Chinois occupent la place de choix aujourd’hui, avec les Américains, les Français, les Turcs… Tout le monde est conscient du potentiel de l’Afrique, et cette dernière sait également que le Royaume Uni a un bon potentiel dans le domaine des capitaux et des investissements.
Le Brexit peut-il remettre en cause le projet d’unité de l’UA ?
Ce qui va remettre en cause tout ce qui se fait en Afrique, ce sont les manquements politiques des Africains eux-mêmes. Ce sont les Africains qui signent des traités qu’ils ne respectent pas. Ce sont eux qui élaborent des politiques, des stratégies et ne les appliquent pas. Ce sont également eux qui élaborent des programmes et ne les financent pas. C’est l’Afrique qui plombe son développement.
Ce n’est ni l’Europe, ni la France, ni l’Angleterre encore moins l’Amérique. Ce sont les Africains. Les principaux problèmes que nous avons en Afrique, les principaux manquements politiques que nous avons pour réaliser l’intégration en Afrique, ce sont les Africains eux-mêmes.
(APA)