Comme plusieurs autres secteurs en Guinée, la filière anacarde dont la campagne de commercialisation a été lancée le 2 avril dernier, est également touchée de plein fouet par la pandémie de coronavirus.
A Boké, une ville située à plus de 300 km de Conakry, le prix du kilogramme de la noix de cajou se négocie entre 2 500 et 3 500 GNF, contrairement aux années précédentes quand il se cédait à plus de 15.000 GNF. Une situation qui aujourd’hui, inquiète les producteurs locaux qui ont du mal, nonobstant la baisse du prix, à écouler leurs productions.
« Cette année, on rencontre énormément de difficultés par rapport à la vente de noix de cajou parce que les acheteurs ne sont pas venus à cause de la maudite maladie du Covid-19. Il y a beaucoup de noix mais il n’y a pas d’acheteurs. Pourtant le prix a beaucoup baissé », se lamente Alpha Camara, vendeur, qui indique que le prix du kilo ne dépasse pas aujourd’hui 3 500 GNF.
« Avant, les Indiens, les Chinois, les Arabes, tous venaient acheter. Mais cette fois-ci, ils ne sont pas venus, ce qui fait que le prix a beaucoup baissé », a-t-il ajouté.
Il faut rappeler qu’aujourd’hui, les producteurs d’anacarde sont aussi confrontés à la fermeture des frontières terrestres depuis la confirmation du Covid-19 en Guinée.
« Nous prions Dieu pour que cette maladie finisse rapidement. Sinon, ce n’est pas bon du tout pour nous et nos familles », s’inquiète-t-il.
Mory Sidibé, qui fait partie des rares acheteurs locaux, estime que la présence d’étrangers dans les marchés guinéens incitait les vendeurs à faire des prix fantaisistes.
« Avant, c’est nous qui nous hâtions à aller vers les vendeurs, mais maintenant c’est le contraire. Je crois que l’absence des étrangers et la fermeture des frontières nous ont beaucoup arrangés. Aujourd’hui on achète le noix de cajou à un prix très abordable, à 3.500 GNF, et même dans certains endroits c’est moins que ça », a-t-il laissé entendre.
Pour venir en aide aux producteurs, l’Etat doit réagir, estime Elhadj Mamadou Alimou Diallo, président de la Chambre régionale de commerce de Boké.
«L’Etat peut acheter le kilo de 5000 à 10.000 GNF. Il peut acheter à un prix raisonnable et libérer ainsi les paysans pour qu’ils puissent en vivre. Mais si les acheteurs ne viennent pas, l’Etat ne vient pas en aide, comment les gens vont faire ? Comment vont faire les producteurs qui ne comptaient que sur ça pour vivre ? Aujourd’hui, les prix des denrées ne font que grimper et bientôt le mois de Ramadan », s’inquiète Diallo.
(APA)