A la UneAgricultureAgro-industrieCoronavirusDéveloppementElevageSénégal

La Covid-19 a mis en exergue la vulnérabilité du Sénégal en matière de dépendance alimentaire

Dakar (APS) – La pandémie de coronavirus a mis en exergue la vulnérabilité du pays, en particulier sa dépendance alimentaire, a soutenu Dr Ibrahima Hathie, directeur de recherche du Think Tankh ‘’Initiative prospective agricole et rurale’’ (IPAR), un espace de réflexion, de dialogue et de proposition pour des politiques agricoles et rurales concertées en Afrique de l’Ouest.

’’La pandémie a mis en exergue la vulnérabilité du pays, en particulier sa dépendance alimentaire’’, a-t-il notamment indiqué dans une contribution dont l’APS a reçu copie mercredi.

Il a certes loué les efforts du gouvernement pour une autosuffisance en riz, compte tenu des caractéristiques résiduelles du marché mondial du riz et de l’expérience des restrictions sur les exportations de la denrée alimentaire imposées par les pays asiatiques durant la période 2008.

Le directeur de recherche de l’IPAR a suggéré à l’Etat d’investir dans les chaines de valeurs alimentaires. ’’Le mil est un exemple de produit mobilisant des superficies importantes et une population large avec un potentiel énorme de marché urbain et rural si des investissements adéquats sont réalisés’’, a écrit M. Hathie.

En agissant sur la productivité et en développant les maillons transformation et distribution, le mil constituerait un formidable apport de diversification des aliments consommés par les populations urbaines, a t-il estimé.

Ibrahima Hathie a aussi mis en exergue le financement de la recherche en appui au développement de ces chaines de valeurs.

’’Pour assurer la rentabilité des chaines de valeurs, il est indispensable d’accompagner le processus par une recherche répondant à la demande. Cela suppose un financement adéquat de la recherche, de préférence sur la base de ressources endogènes’’, a soutenu le directeur de recherche de IPAR.

Il a également demandé au gouvernement d’apporter un appui conséquent au conseil agricole et rural pour l’accompagnement des producteurs.

Pour Ibrahima Hathie, l’appropriation des innovations par les producteurs suppose un bon accompagnement par des conseillers agricoles au fait des réalités et dotés de moyens pour assumer leurs responsabilités.

’’Ces conseillers doivent aussi bénéficier d’un lifting leur permettant d’aller au-delà des apports techniques, en mettant en exergue leur rôle de facilitation, d’appui à la résolution des problèmes et de mise en relation’’ a-t-il expliqué.

Selon lui, ’’la formation devrait être au cœur de la stratégie de développement des chaines de valeurs alimentaires’’.

’’Elle devrait néanmoins avoir une forme pyramidale avec une formation de masse destinée aux exploitants familiaux et aux entrepreneurs agricoles’’, a ajouté le responsable de recherche de l’IPAR.

Il a aussi indiqué que le développement durable des chaines de valeurs alimentaires suppose une bonne intégration de l’agroécologie.

’’Celle-ci pourrait ainsi permettre une régénération des terres et favoriser la biodiversité. Elle requiert une politique de gestion des ressources en eau adaptée’’, a dit Ibrahima Hathie.

Concernant la gouvernance multisectorielle, il estime qu’une véritable politique alimentaire ne peut être l’apanage du seul ministère en charge de l’Agriculture.

’’Elle intègre fortement les secteurs de l’élevage et de la pêche. Elle ne peut réussir sans que le Ministère en charge de l’industrie et celui du commerce ne soient au cœur des activités’’, explique le chercheur.

Selon lui, cette gouvernance multisectorielle commande la participation du Ministère en charge de l’hydraulique et celui des infrastructures et nécessite l’intervention du Ministère des finances. La santé et la nutrition doivent être au centre de ces finalités, dit-il.

’’Dès lors, la politique alimentaire devrait être pilotée sous une gouvernance multisectorielle avec une autorité en charge de fédérer toutes ces entités précitées. Le succès et la durabilité de la politique en dépendent fortement’’, a conclu le directeur de recherche de l’IPAR.

Dans la même rubrique

Laissez un commentaire

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que cela vous convient, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. Accepter En savoir plus