Les avoirs extérieurs de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) dans divers comptes en France ont atteint au moins 7162,4 milliards FCFA à la fin de l’année 2019, a appris l’Agence Ecofin du rapport financier de cette institution pour l’année concernée. Ce chiffre ne prend en compte que les avoirs en or logés à la Banque de France, et les réserves de change du compte d’opérations du Trésor public français.
Cela représente en valeur absolue une augmentation de l’ordre de 1796,8 milliards FCFA, soit l’équivalent de +33,5%. La valeur de l’or de la BCEAO gardé dans la Banque de France est passée de 754,5 milliards FCFA à 910,1 milliards FCFA.
Hausse du prix de l’or
Cette évolution est davantage le fait d’une réévaluation des stocks déposés dans cette institution par la Banque centrale commune aux pays de l’UEMOA, suite à la hausse des prix du métal jaune sur le marché mondial.
Les avoirs dans le compte d’opérations quant à eux ont augmenté de 36% en valeur relative, et de 1641 milliards FCFA en valeur absolue. L’utilité de ces réserves de change est de soutenir les opérations d’importations de l’UEMOA et généralement, elles ont une contrepartie en monnaie locale déjà créée par les banques commerciales locales.
La gestion des contreparties des stocks d’or n’est par contre pas très précise, surtout lorsque la hausse des réserves est le fait d’une amélioration des prix et non de l’acquisition supplémentaire de métaux auprès des producteurs. Rappelons que cette zone économique compte plusieurs pays reconnus comme de gros producteurs d’or, à l’instar du Burkina Faso, du Mali et du Sénégal.
Réformes des accords monétaires
Cette question autour des avoirs extérieurs de la BCEAO logés en France ne manquera pas d’alimenter la réflexion sur la réforme des accords monétaires entre l’UEMOA et la France dont les grandes lignes ont été annoncées en décembre 2019 par les présidents français Emmanuel Macron et ivoirien Alassane Ouattara. Un des changements sera le transfert des réserves de change du compte d’opérations du Trésor public français vers les comptes logés au sein de la BCEAO.
Le retrait des dépôts en or n’a pas été cité dans ce processus qui devrait prendre effet dès le début du mois de juillet 2020. Depuis le début de l’année, l’UEMOA comme beaucoup de régions économiques souffre des effets du covid-19 sur les chaînes de valeur mondiales.
Si le prix de l’or a de nouveau augmenté et les prix du pétrole baissé, celui du cacao une des principales sources de devises de la sous-région est en repli. Les prochaines statistiques macroéconomiques publiées par la Banque centrale apporteront des réponses sur la situation de la position extérieure de la sous-région au terme du premier semestre 2020.
Idriss Linge
(Agence Ecofin)