Intervenant hier en mode virtuel à la réunion du Conseil européen, Macky Sall, en sa qualité de président de l’Ua, a souhaité «que tout soit fait pour libérer les stocks de céréales disponibles et assurer le transport et l’accès au marché». Le Président Sall pense ainsi «éviter le scénario catastrophique de pénuries et de hausses généralisées des prix».
Le Président Macky Sall veut que des mesures soient prises pour éviter le «scénario catastrophique» des conséquences de la crise ukrainienne. Le chef de l’Etat, qui a pris part en mode virtuel à la réunion du Conseil européen hier, a profité de l’occasion pour lancer un appel. «Dans l’immédiat, nous souhaitons que tout soit fait pour libérer les stocks de céréales disponibles et assurer le transport et l’accès au marché, afin d’éviter le scénario catastrophique de pénuries et de hausses généralisées des prix. C’est là que nous sollicitons le soutien de nos partenaires», a-t-il indiqué. Dans la même veine, le Président Sall a attiré l’attention de ses partenaires sur «la question du blocage du port d’Odessa, qui empêche l’écoulement des stocks de céréales». Macky Sall, qui dit soutenir «le mécanisme onusien proposé pour aider à débloquer la situation», a toutefois fait part de l’inquiétude des pays africains «quant aux effets collatéraux des perturbations provoquées par le blocage du système de paiement par Swift à cause des sanctions».
Le président en exercice de l’Union africaine a expliqué : «Quand le système Swift est perturbé, cela veut dire que même si les produits existent, le paiement devient compliqué, voire impossible. Je voudrais insister pour que cette question soit examinée au plus vite par nos ministres compétents afin de trouver des solutions idoines.» On sait que dans leur logique de punir la Russie par des sanctions tous azimuts, les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, ont décidé unilatéralement d’exclure la Russie et tout son système financier du système international de paiement Swift.
Il faut noter qu’à l’entame de son propos, M. Sall a rappelé que pour faire face aux conséquences de cette crise, à l’échelle africaine, une rencontre a été tenue le 19 mai dernier «à l’initiative de la Banque africaine de développement pour lancer un Plan africain d’urgence pour la production alimentaire à hauteur d’un milliard cinq cents millions de dollars». L’objectif, d’après lui, «est de produire 37,6 millions de tonnes de cultures vivrières».
Le président de la République a également profité de cette tribune pour parler de l’initiative Food and agriculture resilience (Farm). Selon lui, «cette excellente initiative, dans ses trois objectifs, vise à préserver l’ouverture des marchés, assurer la solidarité internationale contre l’insécurité alimentaire et promouvoir une production agricole durable». Lors de cette rencontre virtuelle, le dirigeant a vanté les potentialités du continent : «Avec ses 30 millions de km2, l’Afrique détient 60% des terres arables de la planète. Elle dispose également de ressources hydriques abondantes, avec une vingtaine de grands fleuves, en plus des importantes ressources de la nappe phréatique.» Cependant, précisera-t-il, «ce qui nous manque et ce que vous pouvez apporter, c’est l’investissement financier et technologique nécessaire pour produire plus et mieux, et créer une prospérité partagée». Et M. Sall d’ajouter : «C’est ce que j’entends par partenariat et complémentarité. Il est nécessaire, à mon avis, de mutualiser nos moyens d’action pour éviter les chevauchements et avoir un impact plus significatif.» Dans cette dynamique, il a proposé que «l’Union européenne et la Bad examinent comment l’initiative Farm et le Plan d’urgence de la Bad pourraient s’articuler pour soutenir les objectifs». Il s’agit d’après lui, «d’investir massivement dans l’agriculture, de moderniser les outils et méthodes de production : mécanisation adaptée, sélection des semences, utilisation appropriée de l’engrais et des produits phytosanitaires, équipements post-récoltes, y compris la chaîne de froid et des magasins de stockage pour la conservation des produits, de développer des semences et des spéculations mieux adaptées au changement climatique (y compris la culture du blé dont des tests sont en cours), de maîtriser l’eau en recourant aux technologies d’utilisation optimale de l’eau (c’est une recommandation du 9e Forum mondial de l’eau)». A en croire le chef de l’Etat, il sera aussi question de «développer davantage les chaînes de valeur par la transformation locale des produits, faciliter l’accès au marché par des infrastructures de désenclavement». En outre, il a plaidé pour qu’en «lieu et place d’une approche via les communautés économiques régionales», que soient directement valorisés et améliorés les initiatives et programmes nationaux existants.
LEQUOTIDIEN