Agence Ecofin – Cette concentration de crédits entre les mains d’une poignée de grandes entreprises n’est pas sans conséquence sur la stabilité financière du système bancaire de l’UEMOA.
Dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), 400 entreprises concentrent près de 30 % des crédits à l’économie à fin décembre 2023, selon une récente analyse de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO).
Si l’on se penche sur les crédits déclarés à la Centrale des risques bancaires de l’Union – supérieurs à 10 millions fcfa – ce groupe d’entités, qui représente en nombre moins de 1 % du tissu productif, contrôlerait 50,6 % des encours de crédits octroyés par plus de 130 banques opérant dans la zone à fin décembre 2023.
La concentration des crédits varie significativement d’un pays à l’autre au sein de l’espace économique. En Guinée-Bissau, où la concentration est la plus élevée, les 50 principales entreprises en termes de crédits absorbent 58,1% des crédits à l’économie. Au Niger, ce ratio s’élève à 50,4 %, indiquant une forte concentration du crédit entre les mains de quelques acteurs économiques majeurs. Au Mali, cette proportion, légèrement inférieure, s’établit à 35,3 %.
Au Togo et au Bénin, 50 entreprises concentrent respectivement 37,6 % et 34,2 % des crédits à l’économie, selon la BCEAO. La Côte d’Ivoire et le Sénégal affichent les taux de concentration les plus modérés, avec respectivement 25,2 % et 26,6 %.
A l’échelle de l’Union, une analyse des engagements selon leur maturité révèle que les crédits à court terme sont prédominants par rapport à ceux à moyen et long termes. A fin décembre 2023, les ressources à court terme octroyées aux 50 plus grandes entreprises utilisatrices de crédits bancaires (GEUCB) par pays représentaient 59 % contre 41 % pour les crédits à moyen et long termes.
Si cette concentration révèle plusieurs dynamiques sectorielles et les stratégies bancaires dans l’espace, elle expose aussi fortement le système financier aux crises qui touchent les grandes entreprises. Surtout que dans ces économies où les PME, qui forment plus de 90 % du tissu économique et génèrent plus de 80 % des emplois, peinent à obtenir des financements pour leur croissance.