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Industrie spatiale africaine : un marché de 7 milliards dollars, en croissance et désormais rentable

Le secteur spatial africain qui était encore timide il y a quatre ans, est aujourd’hui en pleine frénésie. Il fait l’expérience d’un dynamisme porté par de plus en plus d’ambitions nationales, qui ont supplanté les projets communautaires d’antan, freinés par les atermoiements des uns et des autres. De nombreux pays expriment en effet leur volonté de lancer leur propre satellite afin d’acquérir une indépendance dans les télécommunications, la surveillance du territoire, la météorologie ou encore la recherche. Le satellite, qui était encore il y a peu un rêve presque irréaliste pour de nombreuses nations, devient rentable et se démocratise inexorablement.

Dans la toute première édition de son rapport annuel sur l’industrie spatiale en Afrique, publié en juin 2019, Space in Africa, révèle qu’entre 1998 et avril 2019, 32 satellites ont été mis en orbite dans l’espace par huit pays africains. Outre ces équipements spatiaux attribués à l’Algérie, l’Angola, l’Égypte, le Ghana, le Kenya, le Maroc, le Nigéria et l’Afrique du Sud, trois autres projets de satellites – Rascom-QAF1, Rascom-QAF1R et New Dawn – initiés par l’Organisation régionale africaine de communications par satellite (Rascom) et financé par divers pays africains pour des opérations régionales, ont porté à 35 le nombre d’appareils spatiaux, exclusivement africains, envoyés dans le ciel.

Cependant, une mise à jour de ce chiffre au 30 novembre 2019 permet d’affirmer que l’Afrique enregistre aujourd’hui 38 satellites dans le ciel.

Le nombre a été revu à la hausse avec le lancement au mois de novembre dernier du satellite rwandais Rwansat-1, du soudanais SRSS-1 et de l’égyptien TIBA-1.

Le dynamisme actuel du secteur spatial africain est né au cours des quatre dernières années durant lesquelles quinze satellites ont été lancés. Il traduit, au-delà de la volonté d’indépendance de plusieurs nations africaines, un désir de faire des économies dans l’amélioration de la couverture télécoms de leur territoire national et de profiter également des opportunités d’affaires qu’offre le segment de marché des services satellites, longtemps monopolisé par des entreprises étrangères. Désormais, ces pays peuvent aussi commercialiser des capacités télécoms ou des services à haute valeur ajoutée comme la surveillance du territoire, la navigation, la gestion des ressources naturelles ou la météorologie.

Un marché très porteur

Selon Space in Africa, le marché spatial africain pèse désormais plus de 7 milliards de dollars US par an et devrait dépasser les 10 milliards de dollars US d’ici 2024, porté par les télécommunications.

Selon David Murphy, le directeur commercial chez Al Yah Satellite Communications (Yahsat), la société de communications par satellite, filiale à part entière de Mubadala Development Company, la société d’investissement stratégique du gouvernement d’Abou Dhabi, la croissance prolifique des appareils intelligents abordables sur le continent africain a stimulé une demande «sans précédent» de la data. Il a affirmé que « l’avènement des services par satellite Ka en Afrique depuis 2012/13 a stimulé l’industrie VSAT à travers le continent; la bande Ka enregistrant une croissance à deux chiffres d’une année sur l’autre. Cette croissance devrait se poursuivre».

Dans son rapport « Gartner Africa ICT Hype Cycle 2019 », publié le 20 août 2019, Gartner Inc a identifié les systèmes satellitaires en orbite basse- qui concerne en majorité des satellites de télécommunications, de télédétection, d’imagerie, de météorologie- comme l’une des trois technologies qui transformera le monde des affaires en Afrique au cours des dix prochaines années.

Bill Menezes, analyste principal au sein de l’entreprise américaine de conseil et de recherche en techniques avancées, estime que cette technologie est entrée dans « le plateau de productivité » en 2019. En clair, la technologie est entrée dans sa période de rentabilité sur le continent.

Un ciel saturé d’ici 2025

Sur les 38 satellites déjà lancés par des nations africaines, quinze servent à l’observation de la Terre, onze aux communications, huit à la démonstration de technologies, deux servent à des projets éducatifs tandis qu’un est orienté dans l’expérimentation scientifique et un autre est à usage militaire. Toujours dans sa phase de développement, l’industrie spatiale africaine devrait entrer dans sa phase de consolidation d’ici cinq ans avec l’apparition de nouveaux satellites dans le ciel du continent, portés par de nouveaux pays, convaincus des choix de leurs prédécesseurs.

De fin 2019 à 2025, pas moins de trente nouveaux satellites africains sont attendus dans l’espace. Il y a le Rwanda, l’Ouganda et le Kenya qui ont convenu, en juin 2018, du lancement d’un satellite de télécommunications commun dans la sous-région Afrique de l’Est.

De son côté, l’Ethiopie planche sur le lancement d’un satellite d’observation de la terre d’ici la fin d’année, tout comme l’île Maurice. La Tunisie, elle, avec l’appui de la Russie, envisage de mettre en orbite une constellation de 30 satellites destinés aux télécommunications d’ici 2023. L’Angola qui a perdu son satellite télécoms Angosat-1 en décembre 2018 annonce Angosat-2 d’ici 2021, suivi du satellite d’observation de la Terre Angosat-3 d’ici 2025. L’Egypte qui a lancé le satellite télécoms TIBA-1 le 22 novembre 2019, est engagée avec la Chine dans la construction du satellite « MisrSat II » qui devrait entrer en orbite d’ici 2025. Le Zimbabwe et l’Ouganda, qui ont échangé avec la Russie lors du sommet Russie-Afrique tenu à Sotchi du 23 au 24 octobre 2019, se sont aussi engagés à lancer chacun un satellite d’observation de la Terre d’ici 2022.

ECOFIN

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