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Importation : Un été catastrophique pour la banane

Le prix du carton de banane importé en Europe est historiquement bas. Ces dernières semaines, la situation s’est aggravée. Et la spirale infernale des prix ne devrait pas s’arrêter.

À moins de dix euros le carton de 18,5 kg cet été, la banane est tombée au plus bas de l’échelle. Depuis dix ans que la cellule économique Fruitrop publie son baromètre européen du prix à l’import, jamais un niveau aussi bas n’avait été atteint à cette période de l’année. Il faut remonter à 2011 pour trouver un été si catastrophique en termes de prix sur le continent européen.

L’offre a gonflé de manière déraisonnable
Ces prix sont comme c’est souvent le cas le reflet de l’abondance. Les plantations ont considérablement augmenté ces dernières années, notamment dans la zone de la banane dollar, c’est-à-dire Outre-Atlantique, et les exportations des quatre grands fournisseurs latino-américains (Équateur, Costa-Rica, Guatemala et Colombie) ont explosé. Résultat, c’est une marée jaune qui déferle sur le marché, et rien ne semble pour l’instant l’arrêter. Même les deux ouragans de fin 2020 sur le Honduras et le Guatemala n’ont pas réussi à faire frémir le marché davantage que quelques semaines.

Ces prix au ras du plancher frappent de plein fouet les professionnels des zones où la production se veut plus respectueuse des normes sociales et environnementales et où les planteurs sont forcément moins compétitifs. Le risque, c’est la disparition de certaines origines avec une réduction inéluctable des petites exploitations qui n’ont pas les moyens des grandes structures capables de répondre elles aux appels d’offres des distributeurs européens, qui tirent toujours plus les prix vers le bas. Dans les campagnes en Équateur, on commence aussi à protester contre la baisse du prix de vente alors que les coûts de production notamment l’électricité augmentent.

Aujourd’hui, les marges pour les producteurs, les importateurs et les mûrisseurs sont proches de zéro, c’est un massacre pour la filière, résume Denis Loeillet, chercheur au Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement). Qui peut résister à des prix aussi bas, s’interroge l’expert.

La banane bio n’échappe pas à la tourmente

Dans ce contexte, le différentiel de prix entre la banane bio et la conventionnelle s’est lui aussi considérablement réduit. Et ce n’est pas bon signe. Car des prix bas pour le bio interrogent forcément sur la qualité des systèmes qui aboutissent à ces fruits-là. « On aimerait savoir comment les fournisseurs font pour descendre aussi bas ! », confie notre interlocuteur. Car en-dessous d’un certain prix, le bio, ne peut être que du faux bio. Un bio qui bannit certes les produits phytosanitaires, pour obtenir une certification, mais qui ne peut pas respecter les normes pour ce qui est de la fertilisation des sols qui doit être organique et non minérale dans le secteur, car cette fertilisation à un coût. Les bananes bio trop chères d’aujourd’hui sont donc doublement suspectes.

(RFI)

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