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Hausse généralisée du prix de la viande, de l’huile, du riz… Gorgorlu, sous pression !

Tension sur le marché des denrées de première nécessité : la hausse des prix de la viande, de l’huile et du riz est en passe de précariser davantage le Sénégalais lambda dont la bourse est déjà sérieusement fragilisée par la Covid-19 et ses dommages collatéraux. Alors que pour l’huile, la bouteille de 20 litres passe de 14.500 F à 20.500 f, celle de 5 litres évoluant de 18. 500 F à 22.500 F, le riz voit son sac de 50 Kg grimper jusqu’à 18.500 F contre 16.500 F Cfa. La situation est plus ardue encore au niveau de la viande où le kilogramme de bœuf est passé de 2500 F à tout simplement 3600 F. Face à cette hausse des prix de ces denrées qui se trouvent au centre de l’alimentation de base au Sénégal, le gouvernement semble avouer son impuissance, suscitant désarroi chez «gorgorlu» et incompréhension au niveau des associations consuméristes. Quant aux regroupements de commerçants, ils préfèrent parler, eux, de tension passagère allant bientôt revenir à la normale.

Les citoyens étalent leur souffrance

Les denrées alimentaires comme l’huile, le riz et la viande connaissent une hausse depuis un certain temps. Comment cette situation est vécue par les vendeurs et consommateurs ? Réponse avec quelques-uns rencontrés dans quelques lieux.
Maimouna Ndiaye est une cliente chez Birame, vendeur de viande au marché Castors. La femme habillée en tenue traditionnelle échange avec son boucher qui refuse de lui rajouter quelques morceaux sur une séquence très plaisante. Interpellée sur la hausse de certains produits notamment la viande, elle déclare : «Tout le monde subit cette hausse. C’est vraiment une situation très difficile. Nous ne pouvons que nous plier à cette hausse vu que ce n’est pas du ressort des vendeurs. Nous ne pouvons chaque jour préparer du riz au poisson. Il faut varier et quand tu essaies de le faire en préparant avec de la viande, ça devient compliqué parce que c’est cher. Nous n’aimerions que cette situation change. Idem pour le riz et l’huile. Ce sont des denrées très prisées par les Sénégalais. C’est notre quotidien, donc il faut que l’Etat s’attelle pour la baisse de ces produits». Non loin, dans une ambiance très rythmée, se trouve Abdou Mbaye, boucher et en même temps délégué des bouchers du marché. D’après lui, l’importation des bœufs est la source de la hausse des prix de la viande. «Les importateurs, ce sont eux qui augmentent les prix. Le problème est que la majeure partie des bœufs proviennent du Mali, du Niger. Donc du coup, le transport est cher et si ça vient ici au Sénégal, les commerçants élèvent les prix de telle sorte que nous, les clients, avons du mal à acheter. Nous avons même pitié des clients qui viennent ici, mais nous n’avons pas le choix. Nous achetons 2500 F Cfa et nous revendons à 2.800 f ou à 3000 F Cfa», explique M. Mbaye. Et de conclure : «nous voulons que le gouvernement intervienne sur le commerce de la viande. Il faut que les autorités concernées se saisissent de la question pour voir surtout avec les importateurs comment faire baisser les prix». Les prix de la viande ne sont pas les seuls à connaitre une hausse. Ceux du riz et de l’huile ne sont pas en reste. A l’heure du déjeuner, nous croisons Marie Ndour dans son restaurant sis au marché Grand Yoff appelé «marché bou bess». «Dès fois, il m’arrive d’aller au marché avec une valeur de 30. 000 F, je fais mon marché. Mais en allant dans mon restaurant, je découvre que ce que j’ai dépensé ne couvre pas tout le menu. Je suis obligé de trouver de l’argent et de retourner au marché pour compléter le reste. Tellement les prix sont élevés. L’huile, le riz, tout est cher. Et la viande, elle, fait le comble». Pour l’huile, la bouteille de 20 l passe de 14.500 F à 20.500 f, la bouteille de 5 l, elle, passe de 18. 500 f à 22.500 F. Pour le riz par exemple, le sac de 50 Kg grimpe jusqu’à 18.500 F contre 16.500 F Cfa, confie un boutiquier.

MOMATH CISSE, VICE PRESIDENT DE L’ASCOSEN : «Nous demandons à l’Etat d’être présent aux côtés des consommateurs»

« Le riz n’a pas augmenté. Par rapport à la période de référence, on est toujours dans la fourchette. Le riz ordinaire appelé riz indien est encadré. Jusqu’à présent il est dans la fourchette. L’autre riz n’étant encadré a un peu évolué. Les produits qui ont augmenté sont plutôt la viande et l’huile. Le kilogramme de la viande de bœuf est passé de 2500 à 3600. L’Etat est en train de regarder en expliquant que cela est dû aux problèmes au Mali. Même le président des éleveurs a demandé qu’on organise des concertations. On ne peut pas comprendre que chaque fois le prix augmente et l’Etat ne réagit toujours pas. Le rôle de l’Etat, c’est de protéger le consommateur. Il y a beaucoup de taxes indues, des taxes qu’on fait supporter à l’animal comme le transport. Il y a beaucoup de taxes qu’on met sur l’animal sans valeur ajoutée. Les gens se cachent derrière les problèmes au Mali et la hausse des prix de l’aliment de bétail pour justifier cette flambée, mais ça ne tient pas. On est en train d’alerter sur la hausse de ces prix tout en disant qu’effectivement, le principe c’est la liberté des prix, mais il y a des moments où l’Etat doit être auprès des populations. Nous, défenseurs des consommateurs, demandons que l’Etat soit présent aux côtés des consommateurs. Parce que les conséquences de la Covid-19 seront tellement lourdes à supporter. Si l’Etat laisse faire, le pauvre citoyen ne survivra pas. D’abord, les emplois sont précaires et beaucoup de travailleurs ont perdu leurs emplois. Nous allons vers la Tabaski et l’inflation est contagieuse. Si on n’y fait rien, personne ne pourra acheter son mouton ».

HAUSSE CONSTATEE DES PRIX DU RIZ, DE L’HUILE ET DE LA VIANDE : L’Unacois Yessal parle de tension liée à la Covid-19

La tension notée sur le riz, l’huile et la viande est liée aux effets de la crise sanitaire. Une situation qui « va bientôt revenir à la normale », fait savoir le directeur exécutif de l’Unacois Yessal, Alla Dieng, non sans appeler les siens à fléchir sur les prix.

L a hausse des prix sur certains denrées comme le riz, l’huile et la viande fait saliver plus d’un. Réagissant à cette hausse, le directeur exécutif de l’Unacois Yessal Alla Dieng s’est voulu rassurant : « Certes, il y a tension dans le marché sur certains produits, en rapport aux effets négatifs de la crise sanitaire, mais cette situation ne saurait perdurer parce que c’est la loi de l’offre et de la demande qui régule le marché ». Il précise que les commerçants ne peuvent « ni vendre à perte ni moins encore spéculer sur les prix si le marché est bien approvisionné. « La réalité du marché commande. Avec la Covid-19, les conteneurs viennent au comptegoutte, s’ils ne sont pas indisponibles et pendant ce temps, la demande croit. Donc, plus le produit est introuvable, plus il devient cher. Et lorsque le marché est bien approvisionné, le produit se vend à perte. Le marché fonctionne ainsi». M. Dieng d’indiquer par suite que « le marché est ouvert et chacun y va selon sa bourse. Et de ce point de vue, personne n’est contraint à acheter tel ou tel autre produit. Chacun est libre d’acheter selon sa bourse », non sans préciser que « sur certains produits de consommation, l’Etat n’y peut absolument rien et c’est le cas de la viande, du poisson ». Conscient toutefois que la situation actuelle est difficile, il lancera un appel en direction des membres de son organisation : « Je demande, aux commerçants de l’Unacois Yessal de réduire leurs marges de bénéfices pour tenir compte du pouvoir d’achat des consommateurs très éprouvés par la crise sanitaire ».

HAUSSE DES PRIX : Quand l’Etat reconnait ses limites !

Aveu d’impuissance. Voilà le constat fait suite à la posture de l’Etat du Sénégal face à la hausse notée actuellement sur les prix de l’huile et de la viande. Selon le ministre du Commerce Aminata Assome Diatta qui était en visite à la Fiara, « Il y a de cela quelques semaines, il y a eu une hausse de l’aliment de bétail. Et naturellement, cette hausse se répercute sur le prix de la viande ». S’agissant de l’huile, elle a précisé que c’est celle en fût et en dosette qui fait l’objet d’encadrement, et pas l’huile en bidon par exemple. « Quand on parle de denrée de première nécessité, on pense au riz non parfumé ordinaire, on pense à l’huile en fût, à l’huile en dosette, à l’eau, l’électricité », énumère-t-elle. Pour les autres produits, par contre, le ministre fera savoir qu’ils ne font pas l’objet d’un encadrement, qu’ils ne sont pas véritablement nécessaires à la survie. Autrement dit, dans un pays comme le Sénégal où le commerce est libre, chaque vendeur fixe ses prix. « Quand le commerçant vend cette huile en détail, on ne peut lui appliquer la moindre sanction », a-t-elle ainsi soutenu devant la presse.

(SUDQUOTIDIEN)

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