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Gouvernance : entre la lutte contre le virus et la survie économique, les choix sont difficiles pour une Afrique abandonnée

Alors que le nombre de cas détectés a déjà franchi le cap de 1000 personnes, partout les yeux se tournent vers l’Afrique, notamment subsaharienne, où la catastrophe sanitaire vient s’ajouter aux foyers d’insécurité et à la précarité.

La crainte la plus répandue est celle de la capacité des structures de santé publique de la région à faire face à une grosse propagation.

L’Afrique du Sud qui dispose du meilleur système de santé publique dans la zone, est déjà débordée. Des pays à forte concentration de populations, comme l’Ouganda, le Kenya qui ont chacun plus de 40 millions d’habitants, seront à suivre.

Dans les pays du Sahel, comme le Burkina Faso, le Mali ou le Niger, les attaques de groupes terroristes ont détruit des centaines de centre de santé.

Des solutions d’ailleurs, difficiles à adapter dans la région

Face à cette situation, plusieurs gouvernements locaux, parfois sous la pression de leurs opinions publiques ou de leurs partenaires au développement, ont pris la décision de fermer les frontières de leurs pays.

Désormais on leur demande pour la prochaine étape, de confiner des zones ou de limiter les activités économiques à l’intérieur de ces frontières. Une décision difficile à prendre sur le continent.

Au contraire de nombreux pays européens, où ce type de décision, s’est accompagné d’un ensemble de mesure d’accompagnement financier, les pays d’Afrique subsaharienne ne peuvent se permettre un tel « luxe » et cela pour plusieurs raisons.

Déjà ce nouveau choc extérieur qu’ils encaissent, s’ajoute à celui de la baisse des prix des matières premières, principales sources de revenus de leurs économies.

Il ne faudra donc pas s’attendre à voir des pays subsahariens, faire des annonces de la même ampleur que celles faites par la Réserve Fédérale américaine, le président Trump, la Banque Centrale Européenne ou encore les pays européens individuellement.

Le Coronavirus arrive sur un continent qui dépend fortement des importations pour subvenir à ses besoins de consommation, et qui a besoin de réserves de monnaies étrangères pour y satisfaire. Toute injection massive des capitaux dans l’économie, risque d’entraîner une augmentation incontrôlée des prix sur les marchés.

La deuxième contrainte qui se poserait à des injections de cash, est le fort niveau d’informel au sein des économies africaines.

La création de revenus au jour le jour pour des centaines de millions de personnes de la région, dépend de petites activités de commerce ou de services, qui ne sont pas toujours identifiées et identifiables.

Dans plusieurs pays, le couvre-feu a, comme conséquence immédiate, l’arrêt des activités pour des millions de travailleurs de la nuit. Si ces mesures se prolongeaient dans le temps, le défi du coronavirus serait remplacé par une explosion de la précarité et par la suite, de l’insécurité.

Des marges budgétaires très faibles pour un continent abandonné

Enfin dans l’hypothèse forte où banques centrales d’Afrique subsaharienne ne pourront pas créer de l’argent comme celle des USA ou de la zone Euro, il leur faudra couper dans leurs budgets pour trouver des solutions.

Or dans un rapport publié le 15 août 2019, l’agence américaine de notation Moody’s prévenait déjà que cette flexibilité fiscale était très faible pour les pays de la région. Le Ghana, l’Afrique du Sud, le Nigéria ou encore l’Angola, qui ont tous signalé des cas de coronavirus, apparaissaient dans le rapport comme ceux qui auraient du mal à réajuster leurs budgets.

Le monde craint pour l’Afrique subsaharienne, mais personne ne bouge le petit doigt. Les 15 milliards $ de la Banque Mondiale ajoutés aux 50 milliards $ annoncés par le Fonds Monétaire International pour les pays en développement, sont déjà insignifiants, si on compare aux milliers de milliards $ dépensés par la Chine, les USA et l’Union Européenne, pour contenir la maladie et ses conséquences.

Une lueur d’espoir toute de même, c’est que le continent noir semble jusqu’ici relativement épargné par la pandémie. On ne parvient toujours pas à expliquer comment malgré son exposition à la Chine, qui est son premier partenaire commercial, on n’y a vu apparaître les premiers cas que lorsque l’épicentre a migré vers l’Europe.

Aussi, on garde à l’esprit, que jusqu’ici, le Coronavirus a touché quelques 280 000 personnes, pour 14 000 tués dans le monde, et près de 90 000 guérisons. Ce sont des chiffres graves, mais qu’on peut mettre en parallèle avec les 3000 enfants en bas âges, qui décèdent chaque jour en Afrique en raison de la tuberculose, une maladie tout aussi contagieuse, selon des données de 2018 fournies par l’UNICEF.

Ecofin

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