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Gabon : l’Etat intensifie la lutte contre l’orpaillage clandestin

En février dernier, The Sentry rapportait que les marchés internationaux reçoivent des milliards $ d’or de trafic provenant des pays d’Afrique centrale et de l’Est. Pour le Gabon qui veut se constituer une réserve stratégique d’or, ce n’est pas le moment d’abandonner sa lutte contre le phénomène.

Au Gabon, l’orpaillage illégal a pris une grande ampleur au cours des derniers mois. Le gouvernement éprouve toutes les peines du monde à contrôler le phénomène, en témoigne la multiplication des arrestations d’orpailleurs clandestins au cours des derniers mois. La dernière en date est survenue à l’est de Mitzic, sur le site du permis forestier de Somivab, où 62 mineurs illégaux ont été arrêtés avec 400 g d’or.

Selon les détails rapportés par le quotidien l’Union dans son édition du 17 mars 2021, les orpailleurs arrêtés de plusieurs nationalités (Cameroun, Burkina, Mali, Tchad, Côte d’Ivoire et Bénin) opéraient au lieu-dit Ngama, situé à la périphérie des parcs nationaux de Minkébé et de l’Ivindo. Ils ont été interpellés par la CIAR, une unité spéciale de l’Agence nationale des parcs nationaux du Gabon (ANPN). Ils auraient confié avoir obtenu l’aide des populations locales et certains membres du personnel administratif gabonais pour mener leurs activités.

L’implication de fonctionnaires gabonais dans ces opérations illégales n’est pas fantaisiste. En décembre dernier, les populations de la province de l’Ogooué-Ivindo s’étaient déjà insurgées contre les faveurs obtenues par des orpailleurs illégaux auprès de certains policiers. Ces derniers avaient arrêté en décembre 2020 un grand nombre de mineurs clandestins, puis auraient relâché une bonne partie contre des sommes d’argent.

Si ces allégations s’avèrent exactes, cela voudra dire que le Gabon est encore très loin d’en finir avec le phénomène de l’orpaillage qui fait perdre des millions de dollars chaque année à l’Etat. En effet, les efforts que mène le gouvernement ne sont déjà pas suffisants pour endiguer le fléau, et compter encore avec la corruption et l’implication des fonctionnaires chargés de faire appliquer les mesures rendrait la mission presque impossible.

Pire, au lieu de s’atténuer, l’orpaillage clandestin continuera de se développer pour se transformer en une véritable ruée, si ce n’est pas déjà le cas. En effet, le prix de l’or a atteint l’année passée des records historiques (franchissant la barre historique des 2000 $/once), et même s’il a baissé depuis, il se négocie toujours à plus de 1 700 $ l’once. Vu ce contexte, le Gabon risque de devenir une cible de gains faciles pour des immigrés en provenance d’autres pays africains. Ces derniers viendront extraire impunément de l’or sans autorisation et vont brader leur production dans des réseaux de contrebande.

Toutefois, l’Etat gabonais ne peut pas se permettre de baisser les bras. Il doit continuer sa lutte contre le phénomène dans la lignée de sa volonté de se constituer une réserve stratégique d’or pour plus de crédibilité sur les marchés extérieurs. Selon les données de la Société équatoriale des mines (SEM), la production aurifère gabonaise n’est que de 2 tonnes par an, dont une partie provient du traitement de l’or alluvial.

Il ne fait pas de doute que si l’exploitation artisanale et à petite échelle est régulée et que l’orpaillage clandestin est endigué, les volumes nationaux seront revus à la hausse, ce qui impliquera des millions de dollars sauvés pour les caisses nationales.

Rappelons que d’après un rapport publié en février 2020 par l’ONG The Sentry, les pays d’Afrique centrale et de l’Est continuent de perdre des milliards de dollars à cause du trafic illégal et de la contrebande de l’or.

Ecofin

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