Si les chefs et cadres d’entreprises russes ne s’épanchent pas publiquement sur les tensions entre Mosou et les Occidentaux au sujet de l’Ukraine, en coulisses, certains ont confié au Moscow Times leur inquiétude sur ce climat peu propice aux affaires.
Dans les milieux économiques russes, les tensions diplomatiques qui plombent le climat des affaires sont désormais dans toutes les bouches. « Résidences secondaires et permis de séjour en Europe, nous sommes ceux qui ont beaucoup à perdre », confie l’un d’eux au Moscow Times. Le problème est aussi professionnel avec des milliards de roubles qui s’évaporent dans la chute de la monnaie nationale, dans le plongeon des indices boursiers.
La devise russe a passé ce mercredi soir la barre symbolique de 80 roubles pour un dollar, une première depuis novembre 2020. L’euro dépassant lui les 90 roubles. Une importante dégringolade de la Bourse et du rouble avait déjà eu lieu lundi, poussant la banque centrale russe à intervenir en annonçant la suspension de l’achat de devises étrangères pour tenter de limiter les pertes.
Les indices boursiers et le marché des changes sont plombés par l’incertitude autour d’une possible guerre, les Occidentaux accusant la Russie de préparer une invasion de l’Ukraine et menaçant Moscou de sanctions particulièrement douloureuses.
Mais dans les milieux d’affaires, pas question de se plaindre ou de déclencher un tollé. S’il est possible de discuter publiquement des décisions sur le taux d’imposition ou des programmes d’investissement, se prononcer sur la politique étrangère, c’est niet. C’est une ligne rouge absolue et tout le monde s’y tient, rapporte notre correspondante à Moscou, Anissa El Jabri. Certains se rassurent comme ils peuvent : il n’y a pas de rupture des discussions, pas de signal que la guerre est définitivement là.
Le monde des affaires russes a déjà traversé, en 2014, l’annexion de la Crimée, la chute des investissements étrangers et l’imposition de sanctions. La loyauté vis-à-vis de l’état passe avant les affaires.
(RFI)