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Financement de réserves alimentaires dans la sous- région : Les experts de la CEDEAO en quête de solutions

Trouver les meilleurs mécanismes de financement des réserves alimentaires de la sous-région, afin de lutter efficacement contre l’insécurité alimentaire. C’est ce que visent les experts de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Ainsi, différentes propositions ont été faites hier, à l’occasion de la cérémonie de clôture de la Conférence internationale sur le système ouest-africain de stockage de sécurité alimentaire.

La sécurité alimentaire reste encore un challenge au sein de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Selon les résultats du cadre harmonisé du Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (Cilss), publiés en avril 2021, dans le cadre du réseau de prévention des crises alimentaires, près 19,6 millions de personnes ont actuellement besoin d’une assistance alimentaire dans la sous-région. Et ce chiffre pourrait atteindre 27,1 millions de personnes pendant la période de soudure prochaine, d’ici mai à août 2021, si des mesures appropriées ne sont pas prises.

Face à cette situation, les experts de la communauté veulent trouver des mécanismes efficaces pour financer les réserves alimentaires. ‘’L’assurance-risque souverain est un instrument qui permet aux Etats pour faire face à certains risques sur le marché de l’assurance, avec le paiement d’une prime qui, avec les ressources disponibles à leur niveau, permettrait de couvrir les communautés concernées. La combinaison de ces instruments avec la réserve dont nous parlons aujourd’hui, constitue la meilleure façon pour faire en sorte que nous puissions réduire le coût des interventions, à chaque fois qu’il est question de venir au secours de nos communautés, notamment en matière d’agriculture, de sécurité alimentaire’’, explique le directeur général de la Mutuelle panafricaine de gestion des risques (Arc).

Ibrahima Cheikh Diong, qui intervenait hier, lors de la cérémonie de clôture de la Conférence internationale sur le système ouest-africain de stockage de sécurité alimentaire, a affirmé que leur structure s’engage à continuer à travailler avec la CEDEAO et Agrimaid. Ceci, pour la mise en place d’un projet d’assurance régionale qui pourrait compléter la réserve alimentaire de la zone, de manière à avoir des instruments et des solutions supplémentaires pour aider et soutenir leurs Etats.

‘’Il est également important de mentionner qu’en plus de cette assurance souveraine à nos Etats, il y a tellement de petits producteurs du niveau de la CEDEAO qui sont également exposés aux risques liés aux changements climatiques et aussi la sécurité alimentaire. Nous devons également penser à mettre en place des instruments avec des méso ou micro-assurances pour protéger également les petits producteurs sur l’ensemble de la CEDEAO. Dans ce domaine, ce qui pose problème en particulier, c’est que les paysans doivent être organisés de façon à ce que ces instruments puissent être mis à leur disposition. Il faut des capitaux nécessaires pour que cette assurance soit durable’’, note M. Diong.

D’après le DG de l’Arc, un des défis les plus importants auxquels la sous-région fait face, est le fait de s’assurer que les pays ont la visibilité par rapport au ‘’profil risque’’, s’agissant de changement climatique. ‘’Cela permet à nos pays de pouvoir transférer une partie de ces risques ou mettre en place des plans de contingence. Ceci, de sorte qu’une fois qu’on est en face de risques, de couvrir les communautés vulnérables, notamment par rapport à la sécurité alimentaire. Il est également nécessaire de voir comment, ensemble, élaborer les primes d’assurance pour apporter des subventions aux Etats pour payer ces primes. Il ne s’agit pas seulement de mettre à leur disposition un soutien infaillible. Nous croyons à la valeur ajoutée de ce que nous proposons’’, ajoute-t-il.

Pour le patron de l’Arc, il est ‘’absolument important’’ qu’ils puissent élaborer une culture de la gestion des risques. Pour cela, M. Diong estime qu’il faut faire un plaidoyer, de façon à ce que les autorités puissent comprendre qu’il faut de l’anticipation. ‘’On n’attend pas d’être en face d’un risque pour proposer des solutions. Il faut y penser à l’avance et s’assurer que les mesures nécessaires sont prises à l’avance. Il s’agit de plans de contingence pour faire face à la vulnérabilité des communautés’’, fait-il savoir.

Plus 420 millions de dollars pour accompagner les importateurs d’engrais

Quant au financement structuré des réserves, ces huit derniers mois, le vice-président de la Banque de la CEDEAO pour l’investissement et le développement (BIDC) a informé que la Commission de l’agriculture de la CEDEAO et la BIDC ont levé plus 420 millions de dollars pour accompagner les importateurs d’engrais. ‘’Ce qui montre que bien que l’équation du financement est un problème complexe, c’est possible. Non seulement, nous avons mobilisé 320 milliards de dollars de Trade Finance, mais nous avons aussi, en partenariat avec nos amis allemands et français, mobilisé 90 millions d’euros de financement. Cela inclut des magasins, que cela soit pour le stockage, pour les engrais, mais aussi du financement des entrepôts, des camions, etc. Tout cela, ce sont des financements relativement structurés, très innovants, pour accompagner l’ensemble des pays de la CEDEAO en termes de réserves’’, précise Mabouba Diagne.

Aujourd’hui, le vice-président de la BIDC a relevé que les prix de certaines denrées comme le maïs, le riz et parfois même l’arachide et le soja, juste après la récolte, sont relativement bas et 5 mois après, il y une plus-value de 30 à 35 %.

Dès lors, M. Diagne a lancé un appel à la CEDEAO et à tous ses partenaires de penser aussi à l’équation des semences et des intrants. ‘’Le riz est devenu une denrée politique. On ne peut pas parler de sécurité alimentaire en Afrique sans parler du riz. On devrait penser d’une manière relativement plus collégiale, pour amener des financements structurés pour les intrants, avant même de parler post-récolte. Donc, le financement structuré des récoltes doit être en amont et en aval. Il urge de mécaniser l’agriculture et regrouper les petits fermiers en coopératives’’, dit-il.

A ce propos, M. Diagne souligne qu’Israël a fait un ‘’excellent modèle’’ que le Sénégal est en train de copier, en créant les domaines agricoles communautaires (Dac). ‘’Peut-être, on pourrait structurer un financement autour des Dac en amont… Une fois fait, on pourrait, en aval, créer des bourses où les silos pourraient être financés. Après ceci, les banques commerciales locales pourraient accompagner les usines d’agro-industrie pour qu’elles puissent acheter les produits. On ne peut pas parler de réserves, sans penser à toute la chaine de valeur agricole. Avec les lignes de financement que nous avons mobilisées pour les importants d’engrais, si on y rajoute le financement structuré des semences en partenariat avec des structures comme Africa Rice et de l’expertise d’Interface, on a beaucoup de chance d’avoir des financements structurés pour les réserves alimentaires’’, conclut-il.

(ENQUETE)

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