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Etude sur l’enseignement privé au Sénégal : Les chiffres d’une expansion non maitrisée

La Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’Éducation publique (Cosydep) a procédé hier, à la restitution d’une étude sur l’enseignement privé.    
Le système éducatif de l’enseignement privé est passé de l’autorisation préalable et la déclaration préalable. Une étude menée et présentée par la Cosydep sur l’enseignement privé, hier, renseigne sur quelques imperfections. Le responsable suivi-évaluation de la Cosydep, Alioune Loum, souligne de prime abord qu’une privatisation a été observée, de manière générale, dans les pays les moins avancés. Ce qui motive cette privatisation, poursuit-il, est l’absence de réglementation par rapport à l’établissement des privés, aux dispositifs réglementaires et la facilitation de l’autorisation pour que les privés puissent ouvrir ces établissements. M. Loum indique que certaines écoles privées ne respectent pas les normes et standards fixés par le législateur. Ainsi, selon les résultats de l’étude, 6% des écoles étudiées sont reconnues, 69 % sont autorisées et 5% non autorisées.
D’ailleurs, Alioune Loum fait part d’une augmentation assez rapide du nombre d’établissements privés. ‘’C’est 15% au primaire, 42% au préscolaire et 15% au moyen. ”En 2019, les enfants inscrits dans le primaire étaient de 16,8% ; au moyen 18,8%”, dit M. Loum. Ainsi, pour que la réglementation soit effective, il est nécessaire, à son avis, que le dispositif soit de rigueur. Voir les normes qui devraient permettre d’avoir un cadre accueillant.
En effet, l’étude a ciblé cinq régions : Dakar et sa banlieue 51,01%, Ziguinchor 10,7%, Diourbel 23, 83%, Thiès 13, 90% et Kaolack 7,3%. 114 parents ont été interrogés ; également, des autorités scolaires, des organisations syndicales, des comités de gestion, des écoles et des chefs d’établissements du privé. Parmi les écoles enquêtées, 16% appartiennent à des personnes morales, 4% aux communautés religieuses, 22% aux personnes morales. 50% des établissements privés ont été créées entre 2010 et 2020 et 19% bénéficient de subvention.
Au niveau pré-primaire, le privé y est dominant, avec 109 976 potaches sur un effectif de 252 330, soit 43,6%. Dans l’enseignement élémentaire, c’est 365 557 sur un effectif de 2 171 967, soit 16,8%. Concernant l’enseignement moyen général, les enquêteurs ont relevé 135 557 élèves sur un effectif total de 746 497, soit 18,20%. Sur 10 343 écoles, les 16,2% sont des établissements privés. De 2015 à 2019, le réseau d’écoles publiques et privées, confondues, a connu un accroissement de 2%.
De ce fait, le responsable suivi-évaluation de la Cosydep souligne qu’il se pose une question d’équité. Il ajoute que le Sénégal a l’obligation légale de respecter le droit à l’éducation, du fait des traités que le pays a ratifiés. Comme causes de la privatisation de l’enseignement, il mentionne : ”une pression démographique constituant un élément favorisant”.
De 1994 à 1998, des textes ont aidé à mailler l’enseignement privé. La loi 94-82 a offert à des non Sénégalais et à des spécialistes en éducation la possibilité d’investir dans l’enseignement privé.
Entre 100 et 150 000 FCFA payés par an, dans le privé
Ainsi, le secrétaire général du syndicat des inspectrices et inspecteurs de l’éducation et de la formation du Sénégal (Siens), El Cantara Sarr, renseigne que, dans le préscolaire, plus de 236 nouveaux établissements ont été ouverts entre 2015 et 2019, avec une augmentation de 59 entre 2015 et 2016, 40 entre 2016 et 2017, 67 entre 2017 et 2018, 70 entre 2018 et 2019. Ce rythme de progression donne en moyenne une croissance d’une quarantaine d’établissements nouvellement créés au préscolaire par an. Au moyen secondaire, il y a eu une évolution régressive sur les deux premières années. 74% des parents interrogés déclarent scolariser leurs enfants non pas par choix, mais par obligation.
Les coûts annuels observés dans les écoles privées sont situés entre 100 et 150 000 FCFA. La diversité des coûts suggère que les écoles n’offrent pas les mêmes prestations. Ce qui lui fait dir, qu’il y a nécessité de se donner les moyens que l’offre soit de qualité. Ainsi, il signale que 47% sont inspectés au moins une fois par an. Moins de 20% des écoles comptent 10 à 15 % d’agents qualifiés titulaires de diplômes professionnels.
Parmi les recommandations, il y a nécessité de renforcer le dispositif de contrôle et de respect des normes du secteur privé de l’éducation, consacrer l’essentiel des ressources publiques à la revalorisation de l’offre d’éducation publique. Renforcer les régulations applicables aux établissements d’enseignement privé à vocation pédagogique, en s’assurant que ces normes établissent des obligations de service public aux établissements. Etablir des critères pour tout financement public d’un Établissement d’enseignement privé à vocation pédagogique : s’acquitter de ses obligations de réaliser le droit à l’éducation, en rétribution d’une mission de service public, accorder un appui indirect par le biais de déductions fiscales, de concessions de terres, d’assistance et de coopérations internationales. Veiller au respect des exigences de fond et de procédures, être alignés aux Principes d’Abidjan. Etablir des critères pour tout financement public d’un établissement d’enseignement privé à vocation pédagogique.
(ENQUETE)

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