Il y a quelques jours, le ministère de l’Environnement avait tenu un Crd à Matam, pour s’inquiéter de la persistance des feux de brousse. Dans cet entretien, Abdou Karim Sall, ministre de l’Environnement et du développement durable, détaille les actions menées jusqu’ici pour éliminer le phénomène, revient sur la coupe illicite de bois, le programme Xëyu ndaw ñi. Et il fait le bilan de sa participation à la Cop 26 en Ecosse…

Lors d’un Crd à Semmé, vous avez beaucoup insisté sur la prévention des feux de brousse. Pourquoi la situation est si alarmante ? Y’a-t-il une relation avec les changements climati­ques ?
Comme nous l’avons tous constaté, l’hivernage 2021 a suscité de grands espoirs, avec la bonne pluviométrie enregistrée dans la plupart des localités du pays. La distribution spatio-temporelle des précipitations a favorisé le développement du potentiel floristique. La biomasse herbacée ainsi produite, ajoutée au potentiel ligneux, constitue une ressource capitale pour le développement des activités agro-sylvo-pastorales, nécessaires au développement, le bien-être des populations rurales du Sénégal et l’atténuation des effets des changements climatiques, à travers la réduction des émissions de carbone.
Les feux de brousse sont préoccupants parce qu’ils causent la perte de milliers d’hectares de pâturage chaque année, ce qui porte préjudice au type d’élevage le plus répandu chez nous. Ils peuvent aussi causer la perte de récoltes, d’animaux d’élevage, d’infrastructures et installations humaines, et même de vies humaines quand ils se propagent dans les villages et hameaux.
Les actions de prévention (feux précoces, pare-feux, in­for­mation et sensibilisation, …), limitent les risques de survenue et propagation de ces feux, et par conséquent, les désastres. Elles coûtent également moins chères que mobiliser des engins pour aller éteindre des feux.
La combustion du bois et de la biomasse lors des feux, émet du Co2 et d’autres gaz à effet de serre, contribuant ainsi au relèvement des températures et aux effets néfastes des changements climatiques. La préservation de ce potentiel ligneux et herbacé devient donc une impérieuse nécessité, pour l’amélioration de la productivité des systèmes de production agro-sylvo-pastoraux et le développement économique, social et écologique.
Dès lors, les actions viables de lutte contre les feux de brousse que nous menons chaque année, et qui figurent dans l’agenda du ministère de l’Environnement et du développement durable, doivent être une priorité dans les plans et programmes des collectivités territoriales, qui s’investissent dans la gestion durable des ressources naturelles. A cet effet, nous recommandons de continuer l’information, la sensibilisation et la formation des acteurs pour une meilleure prévention des feux ; de réhabiliter et renforcer le réseau de pare-feu à travers tout le pays et une meilleure participation de toutes les communautés et collectivités territoriales, aux efforts de lutte contre les feux de brousse.

Ce nouveau personnel du programme Xëyu ndaw ñi va-t-il permettre de réduire davantage la coupe illicite de bois ?
L’utilisation des jeunes du programme «Xëyu ndaw ñi», dans les actions d’informations et de sensibilisation des communautés pour la préservation des ressources naturelles et la lutte contre la coupe illicite de bois, est d’une importance capitale. Dans la mesure où ces jeunes résidents des localités d’intervention, serviront d’exemple et de relais pour le service forestier, pour une meilleure surveillance des forêts contre la coupe illicite de bois. Ce programme d’emploi des jeunes contribue à résorber le manque de revenus en milieu rural, principale cause de ce rush sur les ressources forestières.
Le renforcement de la surveillance par l’emploi des jeunes et des effectifs du service forestier, entraîne une meilleure présence sur le terrain, dissuadant ainsi les coupeurs clandestins.
En plus, les jeunes sont aussi utilisés dans la lutte contre les feux de brousse, le reboisement, la restauration des forêts et la sensibilisation des populations, pour une exploitation rationnelle des produits forestiers surtout non ligneux (périodes de récolte, bonnes pratiques, transformation et valorisation, etc.).

Est-ce que la pratique est en train de baisser ?
Les coupes illicites ont baissé malgré le constat par endroit, de certaines infractions. Le retour des populations déplacées, l’emploi des jeunes, le renforcement des effectifs du service forestier et les patrouilles conjointes ont concouru à limiter les cas de coupe illicite. Il faut signaler aussi que les jeunes du programme «Xëyu ndaw ñi» contribuent à dissuader les coupeurs et autres trafiquants. A cet effet, même en l’absence des agents des Eaux et forêts, ils jouent le rôle d’indicateur et de lanceur d’alerte pour une intervention rapide et régulière des agents forestiers assermentés.

En parlant du programme Xëyu ndaw ñi, votre département dispose d’un quota de 10 mille jeunes. Est-ce que le processus de recrutement a été transparent ?
Pour la question sur Xëyu ndaw ñi, il n’y a pas de népotisme ni de favoritisme. Le processus de recrutement était participatif et inclusif. Tous les 46 départements du pays ont reçu des quotas.

Le trafic vers la Gambie est toujours en cours ?
Le trafic de bois vers la Gambie a diminué d’intensité, du fait d’une part du renforcement de la surveillance aux frontières par les agents des Eaux et forêts et d’autre part, des patrouilles conjointes régulièrement menées par le service forestier et les autres Forces de défense et de sécurité, le long de la frontière avec la Gambie.
Le suivi au niveau international des dispositions de la Cites, notamment les restrictions faites sur le commerce du bois de vène, permet de mettre la pression sur la Gambie. A titre indicatif et pour information, en 2020, 1297 Pv ont été dressés par les 6 régions (Kaolack, Kaffrine, Tambacounda, Kolda, Sédhiou et Ziguinchor) frontalières avec la Gambie, pour des recettes contentieuses s’élevant à 702 264 200 francs Cfa, contre 778 Pv dressés en 2021 (au cours des 10 premiers mois) pour 279 360 300 francs Cfa.
Cette situation montre de manière provisoire, la régression des constats d’infractions faits le long de cette frontière, dans le cadre de la lutte contre le trafic de bois. Cependant, la vigilance et la surveillance sont toujours de mise, d’autant plus que les trafiquants de bois ont tendance à changer de stratégie d’intervention.

Avec la reprise des bases rebelles en Casamance, le travail des agents des Eaux et forêts doit être moins compliqué pour mettre fin à ce trafic ?
Avec la reprise des bases rebelles dans le département de Ziguinchor, non seulement le travail des agents est plus aisé, mais le service des Eaux et forêts accompagne les populations des arrondissements de Niaguis et Nyassia dans la réinstallation. A Bissine, le poste forestier, réhabilité grâce à l’appui des communes de Adéane, Boutoupa Camaracounda et Niaguis, est aujourd’hui fonctionnel pour une meilleure préservation de la forêt classée de Bissine et des forêts de la zone, mais aussi pour un service de proximité et un meilleur encadrement des populations nouvellement installées, dans l’utilisation rationnelle et durable des produits forestiers ligneux et non ligneux.
La mobilité des agents des Eaux et forêts et l’accessibilité de certains zones jadis dites zones rouges, facilitent la surveillance et la lutte contre le trafic de bois. Ainsi, dans le département de Ziguinchor, le trafic de bois, surtout intérieur, a considérablement baissé. Pour le département de Bigno­na, zone de trafic international, la surveillance par le service forestier et l’Armée, et l’organisation des patrouilles mixtes permettent de dissuader les trafiquants.

Vous avez organisé des opérations contre le plastique… Mais, la pratique continue toujours. Est-ce qu’il ne faut pas sanctionner les contrevenants.
Appliquer vraiment la loi pour éradiquer cela ? 
Je dois préciser que la loi 2020-04 du 08 janvier 2020 relative à la prévention et la réduction de l’incidence sur l’environnement des produits plastiques, a été adoptée pour contribuer à l’éradication de la pollution plastique, qui est un fléau, et offrir de nouvelles opportunités économiques à travers la promotion de l’économie circulaire. Cette loi est en cours d’application depuis le 20 avril 2020, soit un peu plus d’1 an. Elle est entrée en vigueur dans un contexte économique particulièrement difficile, marqué par la pandémie du Covid 19.
Comme vous avez pu le constater, les services compétents de l’Etat, services techniques et Forces de défense et de sécurité, n’ont ménagé aucun effort pour son application effective. C’est dans ce cadre que des opérations de saisie ont été organisées sur toute l’étendue du territoire national. A ce jour, plus de 70 tonnes de produits plastiques prohibés, ont été saisies par mes services et détruites. Aussi, au mois de mai 2021, les douanes sénégalaises ont saisi 25 conteneurs de déchets plastiques frauduleusement introduits dans notre pays. Les contrevenants coupables de ces infractions, ont été verbalisés et sanctionnés.
Il faut noter qu’à côté de la répression des infractions constatées, des efforts de sensibilisation ont été déployés en faisant recours à une variété de supports médiatiques, pour vulgariser la loi sur le plastique et susciter un changement de comportement, notamment l’aban­don des produits interdits.
Il est heureux de constater que de nombreuses associations de jeunes et de femmes se mobilisent régulièrement pour soutenir l’application de la loi à travers des études, l’organisation de journées de ramassage des déchets plastiques. Cette dynamique impulsée par la loi, est encourageante et nous réconforte dans ce choix politique, dont le succès dépend de la prise de conscience de la part des populations.
Sans verser dans l’autoglorification, nous devons reconnaître que certains produits plastiques commencent déjà à disparaître du décor, comme les gobelets en plastique utilisés pour la vente de boisson et de café.
Cependant, il faut dire sans ambages, que nous sommes encore loin de notre objectif, qui est l’éradication totale des produits plastiques à usage unique qui exige l’engagement de tous.
En effet, certains produits plastiques très présents dans le vécu quotidien de nos compatriotes, sont encore présents sur le marché. C’est le cas des sachets plastiques “sortie de caisse” et sachets d’eau.
Comme vous le savez, ces deux produits occupent une part importante dans la pollution plastique que nous combattons. Leur éradication dans le temps, dépendra d’une part de la rigueur dans l’application de la loi et d’autre part, de l’existence en quantité suffisante de produits alternatifs pour satisfaire les besoins des consommateurs.
Nous y travaillons sans relâche avec les acteurs concernés et espérons qu’avec les projets en cours portés par des privés, le marché sera bien approvisionné.
Mais, je tiens à rappeler que la loi reste la loi. Même si elle peut paraître dure, elle doit être appliquée. C’est pourquoi je réaffirme ici la volonté de l’Etat à mettre en œuvre tous les moyens prévus par la loi, pour arrêter la circulation et l’utilisation des produits plastiques prohibés.
Je voudrais aussi lancer un appel pour un sursaut national et une mobilisation contre la pollution plastique. En effet, l’image qu’offre la pollution plastique dans nos villes et nos campagnes, ainsi que ses conséquences négatives sur notre santé, notre économie et notre environnement, sont inacceptables et doivent susciter en chacun de nous, un esprit écocitoyen pour agir contre ce fléau et léguer aux générations futures, un environnement sain. Pour mes équipes et moi, c’est un sacerdoce.

Vous avez participé à la Cop 26…. Est-ce que la voix de l’Afrique a été entendue ? 
Dans le cadre des négociations internationales sur le climat, l’Afrique s’est organisée pour parler d’une seule voix. Vous conviendrez avec moi qu’il est plus facile de se faire entendre en unissant la voix des 54 Etats africains, que de parler individuellement. A mon sens, la voix de l’Afrique s’est fait entendre comme en attestent les résultats de la Cop 26, même s’ils ne reflètent pas toutes nos attentes. Mais, nous sommes dans des négociations internationales où le consensus doit prévaloir, pour faire bouger les lignes et sortir de l’impasse qui ne ferait qu’aggraver la situation, au grand dam de nos pays déjà fortement éprouvés par les effets adverses des changements climatiques.
Je dois rappeler que l’Afrique bénéficie d’un statut spécial dans la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, à cause de son extrême vulnérabilité. D’abord, l’Afrique n’a pas de responsabilité historique dans le réchauffement. Ensuite actuellement, la part de l’Afrique dans les émissions globales de gaz à effet de serre, tourne autour de 3%. A l’inverse, nos pays subissent les catastrophes liées aux manifestations extrêmes du réchauffement climatique.
Nous avons l’obligation d’imposer à nos pays partenaires cette réalité, et les pousser à en tenir compte dans toute décision pouvant sortir des Cop. Je rappelle qu’au niveau des experts, nous avons le Groupe des Négociateurs africains, qui réunit les négociateurs de tous les pays africains et défend les positions du continent. Au niveau ministériel, nous avons la Conférence des ministres africains de l’environnement (Cmae), que je préside pour la période 2021-2023. C’est à ce titre que j’ai coordonné, lors de la Cop 26 à Glasgow, le suivi des négociations au niveau ministériel, en rapport avec mes collègues africains.
Je ne vais pas revenir ici sur les détails de certaines positions de négociation qui sont ressorties dans le «Pacte de Glasgow sur le climat», mais retenez que des progrès ont été réalisés.
Comme vous pouvez le constater, le «Pacte de Glasgow» a pris une décision forte pour une réduction des émissions globales de 45% d’ici 2030, et la réalisation du «Net zéro carbone» d’ici 2050. C’est important pour l’Afrique parce que si on réduit les gaz à effet de serre, nous réduisons du coup l’exposition de nos pays, aux effets négatifs du climat.
Sur l’adaptation, il a été établi un programme de travail pour définir l’objectif mondial d’adaptation, qui identifiera les besoins collectifs et solutions à la crise climatique qui affecte déjà de nombreux pays, notamment ceux d’Afrique. Les mécanismes en charge de la coordination et du suivi de l’action sur les pertes et dommages, ont été renforcés avec l’élaboration des instruments d’aide aux pays les plus touchés. La Cop a aussi approuvé les deux registres pour la communication des informations sur le volet d’adaptation des Cdn.
En ce qui concerne l’atténuation, l’augmentation continue des émissions a été constatée. Sur cette base, les pays ont collectivement convenu de travailler ensemble, pour augmenter l’ambition en matière d’atténuation et faire en sorte que le développement puisse se poursuivre au cours de la décennie en cours, tout en maintenant l’augmentation de la température moyenne à 1,5 degré. Les parties sont encouragées à renforcer leurs réductions d’émission et aligner leurs engagements nationaux en matière d’action climatique sur l’Accord de Paris.
Les travaux sur les règles et procédures de l’article 6 de l’Accord de Paris sur les marchés du carbone, ont été conclus. Ce résultat rendra l’article 6 pleinement opérationnel et renforcera la certitude et la prévisibilité sur les approches marchandes et non marchandes, ainsi qu’un appui consistant à l’atténuation et l’adaptation.
Le financement a fait l’objet de discussions approfondies tout au long de la session, et un consensus s’est dégagé sur la nécessité de continuer à accroître le soutien aux pays en développement. L’appel à doubler le financement de l’adaptation a été bien accueilli par les parties. Le devoir d’honorer l’engagement de fournir 100 milliards de dollars par an aux pays en développement, a également été réaffirmé. Un programme de travail pour la définition d’un nouvel objectif mondial sur la finance climatique, a été lancé.
Il faut noter qu’un montant de 356 millions de dollars Us a été promis par les pays donateurs au profit du Fonds d’adaptation, doublant ainsi le montant des promesses antérieures qui s’élevait à 129 millions de dollars Us, mobilisés lors de la Cop 24 à Katowice, en Pologne.
Em outre, la Cop 26 a été l’occasion pour 12 pays donateurs, de souscrire à une promesse de mobilisation de 413 millions de dollars de dons, pour le Fonds pour les pays les moins avancés (Ldcf). Ce fonds, hébergé par le Fonds pour l’environnement mondial, est la seule source de fonds dédiés à la résilience climatique pour les 46 pays les moins avancés.
Ces décisions prennent en charge certaines préoccupations de l’Afrique, mais pas toutes. En effet, la demande de l’Afrique consistant à prélever un certain pourcentage dans les flux financiers liés aux transactions sur le marché du carbone, notamment l’article 6.2 sur l’approche coopérative entre les pays développés et ceux en développement, ne transparaît pas dans la décision finale. C’est une déception pour les pays africains, car nous estimons que le marché du carbone peut effectivement contribuer de façon substantielle, à la mobilisation des financements nécessaires dédiés à l’adaptation dans les pays en développement, y compris l’Afrique.

Les grandes puissances parlent de moins de carbone, alors que notre pays s’achemine vers l’exploitation du pétrole et du gaz… On ne risque pas d’augmenter notre niveau de pollution ?
La Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques repose, entre autres, sur le principe de la responsabilité commune mais différenciée. Autrement dit, tous les pays sont responsables, mais à des degrés différents. D’où la nécessité de tenir compte du contexte spécifique et des moyens propres de chaque pays, avant d’adopter une quelconque décision.
Il est scientifiquement dé­montré que les énergies fossiles occupent une part importante dans les émissions de gaz à effet de serre. Il suffit de regarder notre Contribution déterminée au niveau national (Cdn), pour s’en rendre. L’énergie est le premier secteur émetteur au Sénégal.
C’est pourquoi le Sénégal estime que la question de la transition énergétique qui à été très largement débattue à Glasgow, doit se faire de façon juste ; c’est-à-dire dans le respect des circonstances particulières de chaque pays.
Depuis toujours, le Sénégal importe son pétrole et l’essentiel de son gaz. Nous venons juste d’entrer dans l’ère de l’exploitation pétrolière et gazière avec les découvertes dans notre bassin sédimentaire, dont la production est attendue en 2023. L’essentiel de ces découvertes concerne le gaz. C’est le cas des projets Grand Tortue Ahmeyim, à la frontière maritime avec la Mauritanie, et Yakar Téranga, au large de Kayar.
Ce gaz est une énergie, certes fossile, mais propre comparée au charbon. C’est pourquoi le chef de l’Etat a soutenu l’idée que le gaz naturel doit être considéré comme l’énergie de la transition. Il l’a clairement affirmé et défendu lors de la 26ème Assemblée générale des Nations unies.
C’est cette position courageuse du chef de l’Etat que nous avons réitérée lors de la Cop 26 et que nous continuerons de défendre, car nous estimons qu’il y va de l’intérêt des pays africains en général, et du Sénégal, en particulier.
Je voudrais aussi relever que le Sénégal est en train de montrer la voie à suivre, en matière de transition énergétique. Notre pays, malgré sa situation de développement, a réussi à porter la part des énergies nouvelles et renouvelables dans notre mix énergétique à plus de 31%, ce qui constitue un record.
Nous continuerons à pousser dans cette voie en perspective de la prochaine Cop qui se tiendra en Egypte, avec l’espoir que ce débat sera tranché dans le sens de l’intérêt de nos pays.