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Entretien avec : Aasiya Gaye (Responsable chaînes de valeur à la Der/Fj) : «La filière anacarde risquait de subir un choc sans précédent…»

C’est pour éviter le pire à la filière anacarde confrontée à la crise sanitaire due à la Covid-19 que la Délégation pour l’entreprenariat rapide des Femmes et des Jeunes (DER/FJ) a injecté dans le secteur environ 12 milliards de francs Cfa, révèle Aasiya Gaye, Responsable structuration des chaînes de valeur dans cet organisme public

Qu’est-ce qui explique le choix porté sur la filière de l’anacarde?

Dans le cadre de sa stratégie d’intervention d’appui au financement de l’entreprenariat, la DER/FJ s’est engagée dans la structuration des chaînes de valeur qui constitue un de ses trois guichets de financements. Dans cette démarche, la Délégation priorise les filières porteuses, à fort potentiel et dont la transformation et la valorisation restent des problématiques entières. C’est dans ce cadre que nous nous sommes engagés dans le financement de la filière anacarde dans les régions de Ziguinchor, Kolda et Sédhiou qui, risquait de subir un choc sans précédent, face au repli des acteurs étrangers qui en étaient les principaux investisseurs dans le contexte de la COVID-19. A cet effet, la DER/FJ, avec ses institutions financières partenaires (BNDE, La Banque Agricole, CMS et PAMECAS), a mis à la disposition des acteurs une ligne de financement de 12 milliards de FCFA pour favoriser l’exportation et la transformation de la noix de cajou par des opérateurs sénégalais.

Pourquoi avoir financé seulement les commerçants exportateurs et non les producteurs et transformateurs?

Les commerçants exportateurs ne représentent qu’une catégorie d’acteurs parmi ceux que nous avons accompagnés. La DER/FJ est impliquée dans le financement de l’ensemble des maillons de la chaîne de valeur, de la production à la transformation et à l’export. Ainsi des GIE et autres entrepreneurs individuels intervenant dans la transformation ont aussi été accompagnés dans le cadre de cette campagne. C’est le cas du GIE de Camaracounda dont l’unité de transformation a été réhabilitée pour leur permettre de passer à l’échelle, mais aussi d’autres unités de transformation entièrement mises en place dans la région naturelle de la Casamance mais aussi à Sokone. La transformation sur site de nos produits locaux est au cœur de l’intervention de la DER/FJ car elle permet de créer de la valeur ajoutée. (…) Ainsi, trois projets d’unités de transformation industrielles dans le Sud sont en cours de traitement par nos équipes en plus des unités de transformation dans les autres filières telles que le lait dans les autres zones agro-écologiques. De même pour accompagner les efforts de production, il est aussi prévu des hangars de stockage afin de limiter les pertes et de mitiger les risques de spéculations sur le prix des produits.

Sur quelle base s’est fait le dispatching des 12 milliards de francs Cfa?

Les acteurs ont été organisés en association ou groupement afin de bénéficier des financements conformément aux procédures de traitement en vigueur à la DER/FJ, à savoir les analyses techniques et financières, les visites de terrain et la présentation des dossiers en comité d’investissement. Pour le cas précis des financements à l’exportation, les procédures de nos banques partenaires ont aussi été appliquées dans le cadre des opérations de cofinancement.

Quels sont les produits de financement proposés aux commerçants exportateurs et à quels taux d’intérêt?

Pour les commerçants exportateurs, nous avons mis en place des lignes de financement en cofinancement avec les institutions financières partenaires susmentionnées. La cible est bien connue de ces institutions mais le concours de la DER/FJ leur a facilité l’accès au crédit à des conditions soutenables. En effet, le taux d’intérêt est plafonné à 8% du taux effectif global (TEG) sur ce produit.

La DER/FJ poursuivra-t-elle son appui au secteur de l’anacarde pour la campagne 2021/2022?

Avec la mise en œuvre du Projet d’Appui et de valorisation des initiatives entrepreneuriales (PAVIE), la DER/FJ a un programme plus large pour 2021/2022 pour la filière oléagineuse, avec notamment le financement de producteurs et d’exportateurs d’anacarde et la mise en place d’unités de transformation de la pomme et de la noix de cajou. Par ces investissements, la DER/FJ souhaite renforcer les capacités de production et de commercialisation des PME sénégalaises pour favoriser la transformation de nos produits locaux sur notre territoire et promouvoir le label du «Made in Sénégal» dans les chaînes agroalimentaires.

(SUDQUOTIDIEN)

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