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Entreprendre : Iddrisu Kande, la femme à la tête d’une entreprise de menuiserie aluminium au Ghana

Au Ghana, les femmes restent minoritaires dans le secteur de la construction. Malgré les stéréotypes, Iddrisu Kande a choisi de s’aventurer dans la menuiserie aluminium. Son entreprise, Marouf Aluminium Fabrications, participe à la lutte contre le chômage.

À Ashaiman, une ville située dans le Grand Accra au Ghana, Iddrisu Kande, artisane et entrepreneure, s’est taillé une place dans la construction, un secteur généralement dominé par les hommes. Son entreprise Marouf Aluminium Fabrications (MAF) propose des cadres en aluminium pour portes et fenêtres coulissantes, fenêtres à lamelles, balustrades, fenêtres à projection, cloisons et portes battantes entre autres.

Auparavant, Iddrisu jouait au football. Son frère la convainc de se tourner vers une autre vocation après une blessure lors d’un match, et l’aide à se lancer dans la menuiserie aluminium. Elle se rapproche des fabricants locaux pour se former, mais doit faire face aux refus ou hésitations de ces derniers.

« Les apprentis m’ont dit qu’ils n’étaient pas convaincus que leur employeur allait m’accepter, qu’ils n’avaient jamais vu une femme dans ce métier », explique-t-elle à la Commission for Technical and Vocational Educational and Training (TVET Ghana).

Au Ghana, les femmes font de gros efforts pour s’intégrer dans les métiers locaux. Comme dans de nombreux autres pays, elles sont sous-représentées dans le secteur de la construction. Seulement environ 3% des travailleurs dans ce secteur sont des femmes, d’après une étude menée par le média local Align Platform en 2020. Pour causes, les stéréotypes, perceptions et normes sociétales qui veulent que la femme se tourne vers des métiers moins difficiles.

Les femmes s’inquiètent également des répercussions à long terme d’un tel labeur sur leur féminité.

« Il s’agit d’un problème grave pour les jeunes femmes qui pensent que la perte de leurs caractéristiques féminines rendra plus difficile la recherche de partenaires pour le mariage ».

Lucrative et à forte demande en main-d’œuvre, cette industrie est pourtant un important pourvoyeur d’emplois. L’augmentation de la demande d’éléments qualifiés pour les travaux de construction laisse aux femmes une chance d’accéder à des postes valorisants, mais dans une société patriarcale, elles doivent encore démontrer qu’elles peuvent assumer une telle carrière.

La perception dubitative de la capacité des femmes à travailler dans le secteur du bâtiment a un impact sur la rentabilité de leur activité. Certaines d’entre elles ont rapporté que les clients exprimaient des doutes lorsqu’ils leur confiaient des contrats. Iddrisu Kande a reconnu avoir eu beaucoup de difficultés à se frayer un chemin dans la menuiserie aluminium.

« Lorsque mes collègues faisaient des erreurs et que je voulais les corriger, ils me demandaient de m’en aller, pensant que je voulais prouver que je connais mieux le métier qu’eux, et ça les énervait. Plus tard j’ai fondé ma propre entreprise et elle est florissante », a-t-elle ajouté.

Aujourd’hui, Iddrisu Kande travaille à son compte et emploie 3 hommes. Elle forme également d’autres personnes à ce métier, contribuant ainsi à petite échelle à la création d’emplois dans son pays. À présent, elle en appelle aux parents à ne pas imposer des restrictions à leurs filles, convaincue qu’elles peuvent bâtir leur carrière dans des métiers labélisés ‘’masculins’’.

Ecofin

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