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Entreprenariat : Des fleurs à manger, l’idée d’une journaliste reconvertie dans l’agriculture en Tunisie

Si les fleurs séchées sont déjà consommées en Tunisie, les fleurs fraîches sont elles, une nouveauté introduite par l’entrepreneure Sonia Ibidhi. Bien que le concept se heurte à certaines complications administratives, il a déjà séduit une clientèle dans les hôtels et restaurants luxueux du pays.

Dans la région montagneuse et humide de Tabarka en Tunisie, existe une ferme agricole de 5 hectares qui propose des fleurs comestibles et des fraises. Parmi les espèces cultivées, on trouve la bourrache, une fleur bleue en forme d’étoile qui a un goût de concombre, des fleurs de ciboulette, des violettes avec un goût d’oignon, ou encore des capucines, des fleurs jaune vif et/ou orange au goût de radis rouge. Elles peuvent être utilisées pour faire des soupes, des salades ou même des thés.

Sonia Ibidhi (photo) est une journaliste reconvertie dans l’agriculture par amour pour la terre. Elle a lancé son entreprise en 2019, après 4 années de planification. Elle a ramené de France des graines de plus de 40 variétés, et a commencé par produire une dizaine de types de fleurs. Pour y arriver, elle a vendu sa voiture pour créer son entreprise, et a par la suite reçu une subvention de 11 000 euros de la Banque africaine de développement, qui lui a permis de louer les terres utilisées pour la culture de ses plantes.

En Tunisie, certaines fleurs sont déjà utilisées pour cuisiner, comme les roses séchées émiettées sur certaines pâtisseries, ou la lavande utilisée dans un mélange d’épices pour le couscous traditionnel. Mais la dégustation de fleurs fraîches est une nouveauté, ce qui fait de cette ferme un projet unique en son genre. Il a d’ailleurs séduit de nombreux Tunisiens, à la grande surprise de Sonia Ibidhi :

« Je pensais que ces fleurs seraient destinées à l’exportation et qu’il n’y aurait pas d’intérêt immédiat sur le marché local, mais j’ai été surprise par la demande croissante, venant surtout de certains hôtels haut de gamme », a-t-elle déclaré à l’AFP.

Il y a un intérêt grandissant pour les fleurs comestibles dans des pays africains comme le Kenya, l’Afrique du Sud et tout récemment la Tunisie. Bien que la plupart des chefs étoilés les utilisent pour introduire une nouvelle esthétique et de nouvelles saveurs afin d’améliorer l’expérience des repas, elles ont une grande valeur nutritionnelle. Elles sont des antioxydants qui agissent sur l’humeur, et certaines sont également de bonnes sources en vitamines C, A et en calcium, à condition d’être consommées en grande quantité.

La mise en place de ce concept novateur en Tunisie a rencontré plusieurs obstacles, notamment les démarches administratives difficiles auprès des autorités qui étaient sceptiques à l’idée de proposer des fleurs comestibles. Mais Sonia Ibidhi craint un problème plus grave, celui de perdre son terrain. Pour cause, elle n’a pas signalé aux autorités la culture des fraises, mais uniquement celle des fleurs comestibles. Un manquement que lui reproche l’Agence générale des forêts.

Malgré tout, les fleurs comestibles de Sonia Ibidhi ont séduit une clientèle haut de gamme dans les hôtels et restaurants luxueux du pays, en moins de 2 années d’existence. La jeune femme a également commencé à utiliser ses propres graines en plus de celles importées. A présent, elle espère voir ses fleurs devenir la nouvelle tendance culinaire dans le pays.

Ecofin

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