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Egypte : quand le venin de scorpion rapporte des milliers de dollars à des entrepreneurs

Le venin de scorpion fait l’objet de recherches scientifiques et pourrait être utilisé dans le traitement de nombreuses maladies, dont le cancer. Les Égyptiens Ahmed Abou al-Seoud et Alaa Sabaa se sont lancés dans la chasse aux scorpions pour extraire leur venin, l’un des plus chers au monde.

Dans l’oasis de Dakhla, à environ 800 km au sud-ouest du Caire en Égypte, se trouve un laboratoire spécialisé dans l’extraction de venin de scorpion. Dénommée Le Royaume du Scorpion, l’entreprise possède des milliers de scorpions de plusieurs espèces, vivants dans des bocaux et disposés sur des étagères.

Le gramme de venin de scorpion se vend à environ 7 000 USD. Pour extraire cette quantité, il faut entre 3 000 et 3 500 scorpions, un seul animal secrétant moins d’un demi-milligramme tous les 20 ou 30 jours. Le liquide obtenu est séché et conditionné sous forme de poudre pour la commercialisation.

Les promoteurs, Ahmed Abou al-Seoud et Alaa Sabaa, se sont lancés dans leur quête en 2018, en investissant plus de 312 000 dollars pour créer leur entreprise. Il leur a fallu 2 années de préparation pour réaliser leur première production expérimentale.

« Je surfais sur internet quand j’ai vu par hasard que le venin produit par les scorpions faisait partie des plus chers, alors je me suis dit : pourquoi ne pas mettre cet environnement désertique à profit ? », a expliqué Ahmed Abou al-Seoud à l’AFP.

D’après Ahmed Abou al-Seoud, l’utilisation du venin de scorpion à des fins commerciales se fait depuis plusieurs années. Cependant, la production est très souvent opérée de manière illégale ou en faible quantité. Le venin fait l’objet de nombreuses recherches scientifiques. Selon une publication du journal Biomedicines de mai 2020, les molécules qui en sont issues possèdent des propriétés médicinales prometteuses. Actuellement en test dans les laboratoires, elles pourront un jour être transformées en médicaments contre le cancer, ou utilisées dans la prévention de l’activité du système immunitaire.

Pour les promoteurs, transformer le venin de scorpion en un produit aux vertus médicinales contribue au développement économique de l’Égypte et lui donne une bonne image. En installant le laboratoire dans l’oasis de Dakhla, ils emploient les populations des villages environnants dans la chasse aux scorpions. Les chasseurs gagnent quelques centimes de dollars par scorpion capturé.

Outre le processus fastidieux pour l’extraction d’une petite quantité de venin, les employés peuvent être exposés aux piqures qui peuvent provoquer de fortes fièvres, voire des décès dans certains cas. Ahmed Abou al-Seoud, qui s’adonne lui-même à l’activité, emploie et forme quelques habitants par village, et les équipe de gants, pinces, chaussures adaptées, gilets fluorescents et sérums antipoison.

Lors de sa première production, Le Royaume du Scorpion a écoulé jusqu’à 3 grammes de venin entre décembre 2020 et janvier 2021. Pour diversifier ses activités, l’entreprise s’est aussi lancée dans l’extraction du venin d’abeille, ainsi que la vente de produits agricoles et de plantes odorantes. Les promoteurs, qui ciblent les marchés européens, veulent à présent passer de la chasse à l’élevage de ces bêtes venimeuses.

Ecofin

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