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Du charbon de bois fabriqué à base d’argile et de feuilles : Stratégie innovante

Confrontées au saccage de leurs forêts, les populations tentent de trouver des alternatives au bois de chauffe et au charbon de bois.

Face au danger, il faut détourner les populations de Kataba I de la forêt. La recherche de bois de chauffe ou de charbon de bois fait partie des instruments de saccage de forêt. Elles ont été formées en technique de fabrication de charbon de bois à base de paille de feuilles mortes et d’argile. Un cocktail malaxé et introduit ensuite dans une sorte de four  et ce, avant d’être sommairement brûlé et enfin mis dans de petites moules qui vont produire ainsi des boules de charbon de petite taille, dont le kilo est vendu à 200 F Cfa dans la zone. «L’intérêt d’une telle innovation, c’est qu’il permet aux populations de mettre fin à la pression exercée sur la forêt pour la quête de bois d’énergie à usage domestique», soutient Boubacar Diallo. Pour lui, «le résultat est largement satisfaisant».
Le président de la Forêt communautaire de Koudioubé salue le programme Karoghen qui est venu, avec ses partenaires Asapid et Karamba, en appui aux communautés à travers toute une logistique et la conservation des pépiniè­res grâce à la formation des animateurs. Il plaide pour la pérennisation de cette initiative. «Car nous voulons faire retrouver à cette forêt, son lustre d’antan. Et ce, à travers le reboisement avant chaque début d’hivernage et par le dégagement d’un pare-feu pour contrer les feux de brousse», indique Boubacar Diallo. Il rappelle que la forêt communautaire, grâce à cette politique environnementale mise en branle, n’a pas connu de feux de brousse depuis une dizaine d’années. «Et il est en outre interdit ici, de couper le moindre tronc d’arbre, le but étant de préserver ses ressources pour les générations futures. Car ici, il y a toutes les espèces d’arbres connues en Casa­mance», enchaîne-t-il.

Frein à l’exode rural dans le Naran
Dans la commune de Kataba I, des activités génératrices de revenus sont également développées, à côté de celles relatives à la protection des forêts. Des alternatives socio-économiques durables proposées par le programme Karoghen III et ses partenaires pour annihiler la pression exercée sur la forêt, lutter contre la pauvreté, fixer les populations situées sur cette bande frontalière avec la Gambie, etc. Un défi qui est en train d’être relevé à Macouda, Koulobory et Kataba I. Ainsi à Macouda, c’est une activité d’élevage de poulets de chair, un élevage à court terme, qui est déroulée par les femmes du Groupement de promotion féminine depuis seulement quelques mois grâce à un financement du programme Karoghen III. Une activité rentable, de l’avis de Tening Sambou, présidente des Femmes de Macouda. Selon elle, la rentabilité de l’activité profite aujourd’hui à toute la communauté et le développement est maintenant une réalité à Macouda. «Et en plus d’une alimentation riche, diversifiée et variée pour les familles, gage d’une santé assurée, le poulailler nous procure aujourd’hui une certaine autonomie financière, avec un compte ouvert pour les femmes qui règlent ainsi leurs problèmes à base de leur autofinancement et grâce aux revenus générés par la vente des sujets dans le Naran et ses environs», martèlent ces femmes.
Des bénéficiaires qui ont, en outre, bénéficié d’une formation dans le cadre de l’entretien de la ferme avicole et de la gestion de leur activité. Même son de cloche chez Charles Sam­bou, agent technique et formateur en élevage au niveau du programme Karoghen. «On a démarré avec 200 poussins pour la 1ère bande qui a été écoulée, tout comme la 2ème et aujourd’hui, les femmes bénéficiaires en sont à la 3ème bande. Et ce, avec un taux de mortalité des sujets estimé à moins de 2%, très loin du taux de 5% recommandé dans l’élevage de poulets de chair», soutient-il.
A Koulobory, village situé dans la commune de Naran, c’est le Groupement de promotion féminine du village qui bénéficie d’un bloc maraîcher réalisé par le programme Karoghen III et qui a une grande importance pour toute la communauté. «Avec les techniques acquises grâce à la formation sur le jardinage, la gestion de l’eau, l’entretien des plantes, les bonnes pratiques en matière d’alimentation, la gestion de l’argent, etc., nous parvenons à faire fonctionner ce bloc et générer des revenus conséquents», note Aminata Diatta, présidente des Femmes de Koulobory. Différentes spéculations tels le concombre, la laitue, la carotte, le chou, la tomate, le haricot, le piment, etc., sont produites dans ce bloc maraîcher. Et les ressources générées par l’activité maraîchère des femmes participent, de l’avis de leur présidente, au fonctionnement de la cantine scolaire du village et contribuent également à la scolarisation de leurs progénitures, voire au développement du village. Faute d’infrastructures marchandes et du fait de l’enclavement de la zone qui n’encourage pas la venue d’éventuels acheteurs dans cette contrée du Naran, les femmes, confrontées en outre au problème de l’eau, s’efforcent à écouler elles-mêmes leurs productions vers les sites tels que Kafountine, Diouloulou, Bigno­na ou en Gambie. A Ka­­ta­ba I, les femmes trouvées sur place, s’adonnent à la réalisation d’activités de transformation des produits agro-forestiers, à travers une cellule de formation qui leur permet de générer des plus-values non seulement à partir des produits maraichers, mais également à partir des produits forestiers.

(LEQUOTIDIEN)

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