A la UneAgenda du BusinessMicrofinanceSénégal

Diagnostic des maux des PME : Assome Aminata Diatta initie un rendez-vous bimensuel avec les entrepreneurs

Pour interagir directement avec les entrepreneurs sénégalais, la ministre du Commerce et des Petites et moyennes entreprises (PME), Assome Aminata Diatta, de concert avec les services concernés de l’Etat, compte les rencontrer, tous les deux mois, pour trouver des solutions rapides à leurs problèmes. La 1re édition des ‘’Actions PME, les rendez-vous de l’entreprise’’, a eu lieu hier.

Maillon clé du tissu économique, les petites et moyennes entreprises (PME) sénégalaises peinent toujours à dépasser cinq ans d’existence. Malgré les différents mécanismes et structures d’encadrement mis en place par l’Etat, elles rencontrent encore certains challenges liés notamment à l’accès au financement, aux marchés, à l’emballage, à la lourdeur des démarches administratives, à la cherté des taxes qui leur sont imposées, etc. ‘’L’Etat du Sénégal a mis en place beaucoup de dispositifs pour accompagner les PME. Beaucoup de mesures ont été prises, de réformes faites, pour les aider à aller de l’avant. Mais il est important qu’il y ait un cadre d’échange, pour que tous ces dispositifs puissent produire des effets escomptés. Nous notons, très souvent, qu’il y a un manque d’informations au niveau des entreprises. Mais également quand ces entreprises sont confrontées à certaines difficultés, il n’y a pas souvent un effort qui est fait pour les soutenir’’, diagnostique la ministre de tutelle.

Assome Aminata Diatta présidait la cérémonie de lancement de la 1re édition des ‘’Actions PME – Les rendez-vous de l’entreprise’’.

Elle ajoute : ‘’Nous avons donc jugé utile de créer ce cadre, pour que non seulement, les gains obtenus, dans le cadre du classement Doing Business, soient capitalisés, mais également, toutes les réformes, les mesures, les dispositifs d’appui puissent produire les effets escomptés.’’

Ainsi, la ministre du Commerce et des PME a initié ces ‘’Rendez-vous Actions PME’’, qui sont des cadres d’expression pour les chefs d’entreprise. Un événement qui leur permet d’interagir directement, tous les deux mois, avec les services concernés de l’Etat pour trouver des solutions rapides à leurs problèmes.

Se considérant comme le ‘’médecin de famille des entreprises’’, Assome Aminata Diatta a fait savoir qu’elle sera auprès des entreprises sénégalaises, dans les ‘’bons et mauvais moments’’.

‘’Les bons moments : pour accélérer leur croissance, pour favoriser un environnement propice à leur essor, pour les accompagner dans la recherche des financements. Dans les mauvais moments : pour les écouter, leur tendre la main pour les aider à passer les moments difficiles. Mais pour cela, il faut maintenir un dialogue constant entre le ministère des PME et les entreprises. C’est tout le sens de l’initiative ‘Actions PME – Le rendez-vous de l’entreprise’. Il s’agit, pour le ministère des PME, d’être plus proche de vous et d’être votre interprète auprès de toutes les structures publiques ou privées pour vous aider à booster votre développement’’, dit-elle.

10,5 % du total des crédits accordés aux entreprises captés par les PME en 2020

En outre, la ministre a relevé que dans le cadre de l’exécution du Plan d’actions prioritaires ajusté et accéléré (Pap2A), le chef de l’Etat a décidé d’attribuer 300 milliards pour le financement des PME et des grandes entreprises (GE) du secteur formel tout comme du secteur informel. Un fonds d’amorçage d’un montant de 100 milliards sera également mis à disposition pour accompagner les entreprises à mieux structurer leurs projets et profiter des réformes adoptées par le gouvernement dans le cadre du partenariat public-privé.

Il est aussi prévu la mise à disposition, toujours, dans le cadre de l’exécution du Pap2A, d’un fonds d’appui de 150 milliards pour accompagner les acteurs du secteur informel, en particulier pour le renforcement de leurs capacités et leur formalisation.

D’après elle, d’autres appuis divers au profit des PME existent dans les ministères sectoriels, à travers les programmes et projets. ‘’Cette manne d’informations sur le financement des entreprises a besoin d’être centralisée autour d’un guichet unique. Ainsi, mon département a entrepris la réalisation, au profit des PME, d’un Guide de financement. Tous ces efforts de l’Etat visent à corriger les dysfonctionnements du système bancaire qui ne répond pas toujours aux préoccupations des PME. En effet, en dépit de leur nombre important, soit 99,8 % du tissu économique, les PME n’ont pu capter en 2020 que 10,5 % du total des crédits accordés aux entreprises’’, regrette-t-elle.

Pour cette première édition, le thème tourne autour du problème d’accès au financement. Dans cette optique, la ministre a noté que pour relever le défi du financement des PME, l’Etat a adopté une loi d’orientation relative aux PME, qui vise à améliorer le cadre réglementaire et institutionnel d’encadrement des PME, avec l’Agence de développement et d’encadrement des petites et moyennes entreprises (Adepme) comme agence d’exécution principale. La BCEAO a également mis en place un dispositif de financement des PME/PMI dénommé Cisae, pour inciter les banques commerciales, à travers l’accompagnement des structures d’appui aux entreprises, à financer davantage les PME/PMI.

Outre la BCEAO, les acteurs de mise en œuvre de ce dispositif communautaire sont composés de l’Etat et des structures d’appui et d’encadrement des PME.

A ce propos, la représentante de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a signalé que pour eux, c’est la transparence financière qui est le ‘’maître-mot’’ pour faciliter l’accès au financement bancaire. ‘’Une transparence financière continue et robuste, une information comptable permettraient aux institutions financières, aux institutions financières décentralisées d’apprécier valablement le profil de risque. Aujourd’hui, nous avons d’autres chantiers comme le bureau d’information sur le crédit. Lorsque les banques solliciteront le recueil de votre consentement, il ne faudra pas hésiter à le donner. Parce que c’est un élément fondamental qui ouvrira la porte aux financements bancaires’’, souligne Kadiatou Diouf.

D’après elle, au niveau de la Banque centrale, un dispositif a été mis en place pour l’encadrement des PME. ‘’Au lieu que le dossier soit rejeté par les banques, nous avons créé un intermédiaire, une structure qui va vous tenir la main et vous aider à avoir des dossiers qui puissent passer le cap du financement’’, indique Mme Diouf.

Un nouveau Guichet unique de financement pour les PME/PMI à l’Adepme

Sur un autre registre, le ministère du Commerce et des PME, grâce à l’appui des partenaires dans le cadre de l’initiative ‘’Compact With Africa’’ avec la coopération allemande et par le biais de l’Adepme, est en train de déployer un nouveau Guichet unique de financement pour les PME/PMI. ‘’Ce guichet va recenser toutes les informations sur les opportunités de financement des banques, des structures financières décentralisées, des sociétés et fonds d’investissement, des fonds publics et autres instruments financiers, pour permettre aux chefs d’entreprise d’avoir à tout instant des éléments de base sur le financement de leurs investissements’’, fait savoir par ailleurs la ministre Assome Diatta.

Au-delà des challenges liés à l’accès au financement, l’artiste Simon Kouka a plaidé pour la promotion des artisans locaux. ‘’Nous avons eu une rencontre avec le ministre de l’Environnement qui nous a dit que chaque année, durant cette période, c’est 4,5 millions de paires de chaussures ‘marakis’ qui sont importées au Sénégal. Si on fait le calcul, avec 10 000 F la paire, c’est plus de 40 milliards qui vont chaque année vers l’économie d’un autre pays. Nous avons décidé de lancer le concept ‘Solo fii’ (s’habiller localement). Actuellement, nous avons une centaine d’artisans qui travaillent sur ces ‘marakis’ et c’est un programme que nous comptons lancer la semaine prochaine. On souhaiterait que le président de la République soit la première personne qui soit le promoteur de ces chaussures. Et nous viendrons rencontrer le ministre de l’Artisanat pour lancer cette campagne. Je trouve anormal qu’on ait les artisans de Ngaye, du village artisanal, de Rufisque, Matam, etc., qui confectionnent d’excellentes chaussures et qu’on les laisse ici, pour aller en importer ailleurs’’, affirme-t-il.

POUR JUGULER LA HAUSSE DES PRIX DES DENREES DE PREMIERE NECESSITE

Assome Diatta annonce une baisse de la taxe sur la valeur ajoutée

Interpellée, en marge de cette rencontre, sur la cherté de certaines denrées sur le marché sénégalais, la ministre du Commerce a précisé que le Sénégal subit ‘’toutes les contraintes extérieures’’ et la plupart des denrées de première nécessité sont importées. ‘’Aujourd’hui, au niveau international, le coût du fret a augmenté, de façon drastique, mais aussi, on note une faible disponibilité des denrées de première nécessité. Et la loi de l’offre et de la demande fait que quand la demande est plus forte que l’offre, il y a une tension sur les prix. Le gouvernement a pris beaucoup de mesures et l’une d’elles a été la baisse de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur certains produits dont le blé. C’est ce qui a permis de contenir jusque-là les prix. C’est la même pratique que nous sommes en train de mettre en œuvre pour tous les autres produits’’, explique-t-elle.

Pour l’huile, Assome Aminata Diatta a notifié qu’ils ont travaillé avec le ministère des Finances pour faciliter l’importation de l’huile brute, qu’elle soit raffinée au niveau national pour baisser les coûts. ‘’L’Etat est en train de prendre toutes les mesures pour contenir la hausse. Je voudrais quand même attirer l’attention des Sénégalais sur le fait qu’il arrivera un moment où l’Etat va épuiser toutes ses possibilités. A partir de ce moment, si nous voulons toujours contenir les prix, ce seront les entreprises qui en paieront les pots cassés. Il est donc important que nous nous informions de ce qui se passe au niveau international. Il ne faut pas considérer la situation de hausse comme si elle était particulière au Sénégal. C’est au niveau mondial. Nous continuons de vivre jusque-là les effets néfastes de la pandémie et il faut qu’on en soit conscient’’, souligne-t-elle.

(ENQUETE)

Dans la même rubrique

Laissez un commentaire

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que cela vous convient, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. Accepter En savoir plus