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Covid-19 Reports d’échéances sur les prêts : Forte dégradation du portefeuille des Sfd

Les reports d’échéances sur les prêts recommandés par la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) pour soutenir les entreprises en difficulté du fait de la crise du Covid-19, ont contribué à la dégradation de la qualité de portefeuille des Systèmes financiers décentralisés (Sfd), selon les résultats d’une enquête de la Direction de la réglementation et de la supervision des Systèmes financiers décentralisés (Drs-Sfd) relative à l’impact du Covid-19 sur les Sfd en 2020.

 Pour soutenir les entreprises en difficulté du fait de la crise du Covid-19, la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) avait invité les banques et les institutions de microfinance à leur accorder un report d’échéances sur leurs prêts, pour une période renouvelable de trois mois, sans charge d’intérêt, ni frais, ni pénalité de retard.
Mais selon les résultats d’une enquête de la Direction de la réglementation et de la supervision des Systèmes financiers décentralisés (Drs-Sfd) relative à l’impact du Covid-19 sur les Sfd, l’application de ces reports a négativement impacté la qualité de portefeuille de ces institutions de microfinance.
«En application à la mesure de l’autorité monétaire relative aux possibilités d’accorder des reports d’échéances, trois bénéficiaires de crédit sur quatre ont eu à faire la demande auprès des Sfd, avec des taux de satisfaction qui varient selon le type d’activités. Ainsi, en relation avec le niveau de défaillance, le secteur «commerce, hôtels, et restaurants» a été le plus demandeur de reports d’échéances dont les acteurs ont sollicité 84% des Sfd. Il est suivi par les activités de «transports, entrepôts et communication» dont leur demande a concerné 70% des institutions interrogées. Pour un peu moins de la moitié, les Sfd ont été également sollicités par les agriculteurs, éleveurs et pêcheurs pour bénéficier d’un renvoi d’échéances. Le reste des acteurs économiques, dépendamment du niveau faible d’exposition à la pandémie, a eu à réclamer de faveurs vis-à-vis des Sfd dans des proportions allant de 2% (énergie) à 28% (assurances et services connexes)», révèle l’enquête couvrant la période 2020.
Le taux élevé de mise en œuvre de la mesure, relève-t-elle, «a fait porter les crédits immobilisés à 112,4 milliards de francs Cfa au 3ème trimestre de 2020, soit 4,3 fois plus que son niveau enregistré au trimestre précédent. Cette hausse s’est poursuivie jusqu’à la fin de l’année où le montant total de ce type de crédit s’est établi à 129,5 milliards de francs Cfa. En conséquence, le montant brut des créances en souffrance est passé de 145,2 milliards de francs Cfa fin 2019 à un pic 268,4 milliards de francs Cfa au 3ème trimestre 2020, avant de se situer à 229 milliards de francs Cfa à fin 2020. Ce qui traduit une forte dégradation du portefeuille des Sfd en 2020».
Dans son enquête, la Drs-Sfd s’est aussi intéressée à la répercussion de la pandémie sur l’activité des Sfd, son impact sur le recouvrement des dettes, entre autres points.

«Le crédit et l’épargne touchés, le transfert d’argent moins sensible»
Ainsi mentionne-t-elle, «tous les Sfd se sont sentis affectés par la crise sanitaire mais de manière différenciée selon le type d’activités. Les effets ont été plus importants du côté de l’octroi de crédits et de la collecte de dépôts.
Au niveau de la production de crédit, 80% des institutions déclarent avoir été significativement affectées au moment où 20% d’entre elles se sentent faiblement impactées. Pour la collecte des dépôts, 60% des Sfd ont vu le dynamisme de l’épargne négativement affecté selon les modalités «Elevé» (45%) et «Très élevé» (15%) tandis que 32% disent être faiblement touchés et 8% n’ont senti aucun effet sur leur activité».
Au niveau du transfert d’argent ; note la Direction de la réglementation, «les effets négatifs de la pandémie ont été notés selon les modalités «Elevé» et «Très élevé» – au­près de 45% des Sfd. Pa­rallèlement, 36% des institutions disent que les opérations de transfert d’argent n’ont pas été sensibles à l’avènement de la pandémie».

Défaut de remboursement des dettes
Pour ce qui concerne le remboursement des créances, les enquêteurs renseignent dans leur rapport que «le commerce, la restauration et l’hôtellerie sont pointés par les Sfd comme étant les activités les plus défaillantes pour le remboursement de leurs crédits. En effet, 82% des répondants déclarent avoir enregistré des difficultés pour recouvrer les sommes injectées auprès des agents économiques évoluant dans ces sous- secteurs. En deuxième position viennent les activités de transport et assimilées pour lesquelles 62% des Sfd sont confrontés à des impayés. Placé troisième sur la liste des secteurs ayant des problèmes de remboursement, le secteur agricole est visé par 59% des Sfd interrogés. Les agents du secteur secondaire, du Btp et de l’énergie ont été quasiment épargnés par le défaut de remboursement».

(LEQUOTIDIEN)

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