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Covid-19 : Le FMI augmente la dette de l’Afrique de 13 milliards de dollars

Trente pays d’Afrique ont reçu une assistance financière d’urgence de 13,4 milliards de dollars du Fonds monétaire international (FMI) sur les 21 milliards de dollars alloués par l’institution à 56 pays dans le monde pour les aider à faire face aux conséquences du coronavirus, selon des données collectées par l’Agence Ecofin.

L’appui de près de 3 milliards $ accordé au Maroc ne compte pas ici, car il résulte d’une facilité débloquée par le royaume chérifien depuis plusieurs années.

Si on reconnait que les approbations de ces différentes interventions ont été obtenues dans un temps relativement court (moins de trois mois), il est à noter que cet élan de solidarité est en réalité constitué de prêts plus ou moins souples. Il y a d’une part, la facilité de crédit rapide (FCR) qui a été la plus largement accordée avec un total de 22 pays bénéficiaires pour un montant global de seulement 4,76 milliards $.

Bien qu’ayant bénéficié à un nombre plus réduit de pays (9 d’entre eux seulement), l’instrument de financement rapide est celui qui a généré la plus grosse intervention (8,4 milliards $), tandis que l’augmentation de facilité élargie de crédit (FEC) existante a été de seulement 200 millions $. Il apparaît donc que le FMI a dans ce moment de détresse privilégié la mise en place des ressources rentables et à court terme.

En effet, la FCR du FMI permet aux pays qui en bénéficient de résorber rapidement les défis immédiats de balance de paiement. C’est un prêt qui est remboursable au taux d’intérêt de zéro avec une période de grâce de 5 ans et demi. Cependant, le défi c’est que cet argent est libellé en dollars. Au regard des projections actualisées de l’économie mondiale, il y a un risque d’une forte demande du dollar ; ce qui pourrait augmenter sa valeur et déprécier de nombreuses monnaies africaines. Au bout de cinq ans de délai de grâce, il faudra plus de ressources internes à ces pays pour rembourser leurs dettes.

L’instrument de financement rapide lui, est donné à des taux d’intérêt au-dessus de zéro, mais pour un délai de remboursement qui va entre 3,5 ans et 5 ans. Les pays qui en ont bénéficié devront donc trouver la ressource pour le faire durant cette période ; ce qui fragilisera la position extérieure de l’Afrique si les choses ne sont pas revenues à la normale sur le commerce international.

En plus d’alourdir la dette des pays africains, l’aide du FMI reste assez faible, déjà au regard de l’ensemble des engagements budgétaires pris dans le monde (9000 milliards $). Selon certaines analyses, les pays y compris ceux qui sont développés utilisent les mêmes solutions qui ont creusé les inégalités, sans relancer la croissance et le plein emploi pour résoudre cette ultime crise qui est encore plus grave.

Selon des données de l’Institute of International Finance auxquelles l’Agence Ecofin a eu accès, la dette mondiale a augmenté de 14 500 milliards $, rien qu’au cours du premier trimestre 2020. C’est bien plus que les 10 000 milliards $ de toute l’année 2019. Or, pour rembourser cette dette, le monde a besoin d’un vrai relais de croissance qui même avant la crise se trouvait déjà en Afrique et en Asie du Sud-Est.

Le plaidoyer de l’Agence Ecofin qui n’est pas loin de diverses autres propositions faites par des leaders d’opinion à l’international, serait de placer le FMI au cœur d’une réponse mondiale et égalitaire, et qui permettrait de réduire significativement la dette mondiale tout en libérant tout le potentiel de croissance des pays destinés à soutenir la prochaine étape de développement dans le monde.
(Ecofin)

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